• La peur de la dette

    Jean Pisani-Ferry

                Quelques mois ont suffi pour que la peur de la dette remplace la peur de la crise. Avant l'été, la question de la reprise dominait toutes les autres. Elle est aujourd'hui éclipsée par celles des déficits publics et de la montée de l'endettement des Etats. Il est facile de comprendre pourquoi. Les chiffres de déficit attendus pour 2010 sont en dessous de 5 % du produit intérieur brut (PIB) pour quelques pays, mais la plupart sont entre 5 % et 10 %, et certains au-dessus de 10 %. Quant à la dette publique, <st1:personname productid="la Commission" w:st="on">la Commission</st1:personname> européenne prévoit qu'elle devrait, dans le meilleur des cas, augmenter de 30 points de PIB en moyenne entre 2007 et 2013. Il faut certainement s'attendre à plus. Et, pour certains pays - à coup sûr l'Irlande et le Royaume-Uni -, cette barre sera franchie dès <st1:metricconverter productid="2010. L" w:st="on">2010. L</st1:metricconverter>'inquiétude est légitime.

    Que faire alors ? Il est trop tôt pour agir. Le PIB de la zone euro est aujourd'hui 5 % en dessous de son niveau du début 2008, c'est plus grave au Royaume-Uni, et bien plus encore en Europe centrale. La situation serait pire si l'Europe n'avait pas fait le choix de la relance, ou si elle s'était mis en tête de limiter la hausse des déficits. La leçon des années <st1:metricconverter productid="1930 a" w:st="on">1930 a</st1:metricconverter> été retenue, et les gouvernements n'ont pas ajouté la rigueur à la crise. Il faut s'en féliciter plutôt que s'affliger aujourd'hui des conséquences mécaniques de la bonne décision prise hier. C'est seulement en 2011, lorsque la reprise aura - il faut l'espérer - pris vigueur, que la correction des déficits pourra commencer. Il n'est cependant pas trop tôt pour s'y préparer, nationalement et à l'échelle européenne, et mettre en place ce qu'il est convenu d'appeler des " stratégies de sortie ".

    Dans chaque pays, l'ajustement va imposer des actions d'ampleur. Il ne sera pas possible de compter sur la seule reprise, parce qu'une partie des recettes disparues ne reviendront pas, et parce qu'il faudra payer pour la charge de l'endettement supplémentaire, alors même que le vieillissement de la population commencera à peser sur les finances publiques. Stabiliser la dette - pour ne pas parler de la réduire - exigera donc des mesures fiscales, des choix clairs quant aux fonctions qu'il faut conserver dans la sphère publique et celles qui peuvent être externalisées, et très certainement un report de l'âge de la retraite. Les Suédois, qui en ont fait l'expérience dans les années 1990, disent que, pour réussir, mieux vaut s'y prendre tôt, être transparent sur l'ampleur de la tâche, et tout annoncer d'un coup. Le contraire des stratégies de rabotage habituelles.

    Pour pouvoir emprunter à coût modéré, il faudra ensuite donner des gages de sérieux. La crise nous a appris à quoi doit servir la dette publique. Pas à financer le quotidien, mais à lisser les fluctuations cycliques et à faire face aux chocs exceptionnels - crise, guerre ou catastrophe écologique - dont le coût doit être étalé dans le temps.

    Un bon indicateur d'une saine gestion est la capacité à faire baisser le ratio de dette en période de bonne conjoncture. Mais sur les vingt-cinq dernières années, on en recense douze de baisse au Royaume-Uni et en Espagne, neuf aux Etats-Unis, six en Allemagne et seulement cinq en France. L'incapacité à réduire l'endettement, quand l'économie va bien, signale un dysfonctionnement politique et institutionnel qu'on ne pourra plus s'autoriser demain. L'Allemagne tente d'y remédier en inscrivant une règle budgétaire dans sa Constitution. <st1:personname productid="La France" w:st="on">La France</st1:personname>, elle, reste pour l'instant fidèle à la culture de la décision discrétionnaire.

    Les pays européens - et à l'échelle globale ceux du G20 - font face à un problème de coordination sans précédent : d'un côté, ils doivent impérativement organiser la réduction des déficits ; de l'autre, éviter des ajustements budgétaires brutaux et simultanés, qui pourraient étouffer la reprise. Ils ont donc besoin de s'accorder sur l'ampleur et le rythme de leurs efforts budgétaires, en même temps que sur les mesures à prendre pour doper la croissance. Les instruments dont ils disposent, notamment un pacte de stabilité dont la crédibilité, déjà limitée avant la crise, est sérieusement entamée, n'y suffiront pas. Temporairement - pour deux ans, voire même cinq ans -, il va leur falloir dépasser les consultations sans effet qui sont souvent la norme pour arrêter, à l'échelle de la zone euro, une stratégie commune. On verra alors si la capacité de réponse concertée dont ils ont fait preuve lors de la crise résiste à la reprise.

    Pisani-Ferry

    est économiste et directeur de Bruegel, centre de recherche et de débat sur les politiques économiques en Europe.


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  • Neuf banques mises en faillite en une journée aux Etats-Unis :

    Reuters le 31/10/2009 à 09:21

     

    LOS ANGELES (Reuters) - Les autorités américaines ont fermé vendredi neuf banques, un record pour une seule journée depuis le début de la crise financière.

    Cette opération porte à 115 le nombre de banques mises en faillite depuis le 1er janvier, soit le plus haut niveau annuel depuis 1992. Les analystes s'attendent à ce que d'autres surviennent encore d'ici la fin de l'année.

    Parmi les neuf établissement fermés vendredi se trouve <st1:personname productid="la California National" w:st="on">la California National</st1:personname> Bank, qui devient donc la quatrième plus grosse faillite du secteur cette année.

    La plus grande institution financière à s'être effondrée depuis le début de la crise est Washington Mutual, qui détenait 307 milliards de dollars d'actifs à sa fermeture en septembre 2008.

    Le groupe US Bancorp a racheté vendredi les neuf établissements en question, qui étaient détenus par FBOP Corp, et hérite ainsi de 18,4 milliards de dollars d'actifs et de 15,4 milliards de dollars de dépôts.

    Dans un "avenir proche", les neuf banques devraient être renommées sous la marque US Bank, qui est la filiale de US Bancorp orientée sur <st1:personname productid="la Californie" w:st="on">la Californie</st1:personname> mais aussi présente dans l'Illinois et l'Arizona pour un total de 770 antennes dans ces trois Etats.

    US Bancorp n'a rien précisé au sujet de l'avenir des employés des neuf établissements.

    <st1:personname productid="la California National" w:st="on">La California National</st1:personname> Bank dispose de 68 antennes dans l'ensemble du sud de <st1:personname productid="la Californie" w:st="on">la Californie</st1:personname>, pour plus de 7 milliards d'actifs.

    Elle a perdu environ 500 millions de dollars après avoir fortement investi dans les actions préférentielles de Fannie Mae et Freddie Mac, qui ont perdu pratiquement toute valeur après le rachat par le gouvernement fédéral de ces deux groupes de refinancement hypothécaire.

    Sam Mircovich et Edwin Chan, version française Gregory Schwartz

    Trois banques britaniques vont fermer des centaines d'agences :
    Associated Press le 01/11/2009 à 01:21

    Les banques britanniques Royal Bank of Scotland, Northern Rock et Lloyds vont céder environ 700 de leurs agences dans les cinq ans à venir, d'après un responsable gouvernemental.

    Royal Bank of Scotland Group PLC, Northern Rock et Lloyds Banking Group PLC sont en négociation avec l'Union européenne et les autorités britanniques sur le nombre de leurs avoirs qu'elles vont devoir abandonner. Ceci, en réponse à la contribution des contribuables britanniques à leur survie lors de la crise du crédit, a indiqué ce fonctionnaire proche du dossier à l'Associated Press. La vente permettra à l'Etat de rentrer pour partie dans ses fonds.

    RBS a 2.200 implantations, et Lloyds Banking compte environ 3.000 agences, tandis que Northern n'en a plus qu'une centaine. Leurs concurrentes directes Barclays et Banco Santander ne seraient pas autorisées à les acquérir.

    Northern Rock est désormais un établissement public, et le gouvernement détient des parts importantes des deux autres banques.

    L'Etat possédait environ 57% de RBS et 43% de <st1:personname productid="la Lloyds" w:st="on">la Lloyds</st1:personname>, fin 2008. AP


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