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  • Zoug Si suisse

    Le plus petit canton du pays, près de Zurich, est devenu le siège de nombreuses sociétés qui y apprécient le cadre bucolique et, plus encore, la fiscalité attractive. La crise a accéléré cette immigration très sélective

     

                Sur le parcours menant de la gare au centre d'affaires, le paysage est plutôt tristounet. Partout, des petits bâtiments de verre et d'acier, fonctionnels, sans prétention ni luxe inutile, coincés entre un lac aux rives soignées et des collines verdoyantes. Partout, des arbres et des pelouses. Située à guère plus de vingt minutes en train de Zurich, Zoug apparaît comme une bourgade banale, tranquille et industrieuse. Dominée par la haute silhouette du mont Rigi, cette cité de 20 000 âmes est un peu la " Suisse de <st1:personname productid="la Suisse" w:st="on">la Suisse</st1:personname> "...

    Et puis, l'ambiance change brutalement. A l'heure du déjeuner, un flot de jeunes cadres parlant toutes les langues se déverse dans <st1:personname productid="la Bahnofstrasse" w:st="on">la Bahnofstrasse</st1:personname> et dans les ruelles de la vieille ville. Les boutiques de prêt-à-porter, les magasins de décoration et les galeries d'art prouvent la présence de ce public cossu venu d'ailleurs.

    Décidément, les pistes tapies dans la brume se brouillent. Au premier étage du restaurant Glashof, auquel on accède par un ascenseur à clé, s'alignent des salles à manger privées. Protégées par de lourdes portes capitonnées, ces pièces à la moquette beige élimée, tapissées d'un vilain papier à fleurs, sentent le renfermé. Pourtant, ces locaux qui ne paient pas de mine sont un vrai lieu du pouvoir. C'est là, dans la plus grande salle, que le mystérieux Marc Rich, l'ancien roi du trading pétrolier, reçoit toujours le gratin du business international.

    Le natif d'Anvers a créé sa compagnie de négoce de matières premières à Zoug, en 1973. Pendant la guerre froide, <st1:personname productid="la Suisse" w:st="on">la Suisse</st1:personname>, pays neutre, avait permis aux spéculateurs sur les matières premières de s'enrichir en bafouant les règles internationales. Il faut toujours un détonateur historique pour établir un nouveau sanctuaire de la haute finance universelle dans un coin perdu.

    A lire aujourd'hui la presse internationale, Marc Rich a fait des émules. Hedge funds, firmes de capital-investissement ou officines de fructification de grands patrimoines s'installent dans le canton le plus dynamique et le plus riche de <st1:personname productid="la Conf←d←ration. Au" w:st="on">la Confédération. Au</st1:personname> cours de ces deux dernières années, plusieurs sociétés de gérance de fonds alternatifs ont quitté <st1:personname productid="la City" w:st="on">la City</st1:personname> de Londres pour cette petite ville helvète. D'après le consultant britannique Kinetic Partners, spécialiste des délocalisations, de nombreux fonds d'investissement d'Albion pourraient s'établir à Zoug dans les mois qui viennent.

    " J'en étais arrivé à haïr Londres, chère, sale, polluée, pleine d'ivrognes. Ici, j'ai retrouvé un meilleur équilibre entre vie professionnelle et privée et une atmosphère plus propice à la conduite de mes affaires ", explique Karsten Schroeder, directeur général du hedge fund Amplitude. Cet Allemand de 32 ans s'est transféré à Zoug avec armes et bagages, il y a un an. Même les assauts répétés du foehn, le vent chaud hivernal qui donne la migraine, ne gênent plus l'ex-stressé du métro-boulot-dodo londonien. " Il est plus rapide et moins fatigant d'aller de Zurich à Londres que de Wimbledon à <st1:personname productid="la City" w:st="on">la City</st1:personname> ", explique notre interlocuteur qui a emporté avec lui une pointe d'humour anglais. Les bonnes voies de communication ont compté dans son choix : l'aéroport international de Zurich offre des liaisons régulières avec la terre entière.

    Entrepreneurs et hommes d'affaires, mais aussi artistes et sportifs ayant élu domicile dans ces charmants villages bichonnés évoquent, jusqu'à indisposer, la qualité de vie. Mais est-ce bien sûr que le climat clément, le lac et la montagne constituent la vraie raison de cet engouement ? Personne n'est dupe.

    Le vrai secret de la réussite de Zoug, c'est bien sûr sa fiscalité basse. L'impôt total, cantonal et fédéral, sur le revenu est de 23 %, soit la moitié de la moyenne suisse. Le taux frappant les bénéfices des entreprises boîtes aux lettres est inférieur à 9 %. Les gains en capital ne sont pas taxés. Les professionnels qui n'ont pas d'activité régulière peuvent négocier un forfait avec le fisc. Et on ne poursuit pas l'évasion fiscale au nom du sacro-saint " droit à la discrétion ".

    Cette carotte fiscale attire les Européens nantis fuyant les vicissitudes politico-économiques. Au Royaume-Uni, leur taux d'imposition sur le revenu va passer à 50 % en avril 2010, voire à 70 % si l'on tient compte des nouvelles restrictions en matière de contribution à la retraite. De surcroît, en se réfugiant dans ce pays non membre de l'Union européenne (UE), les nouveaux venus peuvent échapper à l'arsenal pesant des réglementations communautaires, en particulier celles touchant les hedge funds, issues de la crise. Sans parler du contrôle des rémunérations, des primes et du train de vie professionnel imposé un peu partout.

    Depuis 1960, la population du canton de Zoug a doublé. Plus de 80 000 personnes travaillent dans des entreprises industrielles comme de services : sièges européens de multinationales, filiales spécialisées dans la protection des brevets, sociétés de négoce et gestion alternative de patrimoines. Les enseignes de multinationales - Glencore, Xtrata, Johnson & Johnson, Northstream, etc. -, implantées dans le chef-lieu du plus petit canton de <st1:personname productid="la Conf←d←ration" w:st="on">la Confédération</st1:personname>, fleurissent. Un cinquième de ses résidents est étranger. Les enfants remplissent les quatre écoles internationales. Des services publics de tout premier ordre déroulent le tapis rouge devant cette immigration dorée.

    Venues de Bruxelles, les accusations de concurrence fiscale déloyale n'émeuvent guère Bernard Neidhart, directeur de la promotion au ministère cantonal de l'économie. Un paradis fiscal, dites-vous ? " La population a voté en faveur d'un système d'impôts bas lors de consultations. Sur le plan démocratique, la législation fiscale est parfaitement légitime. Mais pour attirer les opérateurs étrangers, il faut davantage que des détaxations. "

    A Zoug, la flexibilité du marché du travail - recrutements et licenciements faciles - attire des entrepreneurs par essence très mobiles. La culture sociale est peu conflictuelle. L'enregistrement d'une société par des intermédiaires attitrés - cabinets juridiques ou sociétés fiduciaires - prend une journée. Investisseurs et exilés fiscaux tirent également profit de la bataille acharnée des subventions que se livrent les " vallées de l'argent " rivales - Genève, Zurich, ou Pfäffikon, dans le canton voisin de Schwyz - pour s'attirer leurs bonnes grâces.

    Autre atout par les temps qui courent, le label helvétique, synonyme de stabilité et de savoir-faire, est à nouveau vendeur. " Mes clients aiment faire des affaires avec une compagnie suisse ", souligne un banquier britannique attablé devant des filets de perche du lac.

    Les scandales à répétition - recels de fortunes de tous les tyrans de la planète ou secret bancaire - ont contraint les banquiers suisses à changer leur mode opératoire. Finie l'arrogance du coffre-fort de toute la planète. Crise mondiale aidant, les deux géants, Credit Suisse et UBS, ont perdu de leur superbe vis-à-vis des déposants. " Ils ne tondent plus le client étranger comme par le passé ", insiste un opérateur. C'est aussi la raison pour laquelle les ressortissants de l'UE affluent dans ce petit pays de 8 millions d'âmes. A l'exemple du fonds spéculatif britannique BlueCrest Capital Management, le troisième d'Europe, qui a délocalisé, le 13 novembre, ses opérations de gestion d'actifs à Genève.

    Des ombres planent toutefois sur un tableau aussi éclatant que les eaux du Zugersee en été. A Zoug, le bonheur des uns fait le malheur des autres. Celui des petites classes moyennes, car les nouveaux venus ont provoqué une hausse fantastique des loyers. D'où la pénurie de logements pour les moins fortunés et les anciens résidents. " Le paradis fiscal pollue tout, la politique, l'éthique et l'environnement ", se lamente le député Vert Joseph Lang, infatigable pourfendeur d'une bonne conscience trempée dans l'airain. L'écologiste crache derechef dans la fondue en montrant du doigt les liens consanguins entre élus politiques locaux et financiers : " Ce lieu indécent est le symbole de cette société suisse parfaitement autosatisfaite. "

    Par ailleurs, l'expatriation n'est pas sans problème. Les célibataires s'ennuient ferme dans cet endroit aseptisé, dépourvu d'activités culturelles. Le conservatisme social ambiant est pesant. Dans ce canton catholique très collet monté, les structures et les rapports sociaux sont figés. A part le ski et l'adultère, les distractions sont rares.

    <st1:personname productid="la City" w:st="on">La City</st1:personname> de Londres relativise le nouveau tropisme suisse. On ne peut pas parler d'exode mais de cas isolés, de petites firmes, disent les détracteurs de Zoug. Les partants gardent d'ailleurs toujours une antenne à Londres, Francfort ou Vienne. De surcroît, la probable victoire de l'opposition conservatrice lors des élections générales britanniques devant se dérouler d'ici à juin et le remplacement des sociaux-démocrates par les libéraux au sein de la coalition gouvernementale allemande pourraient décourager l'expropriation des grosses fortunes.

    Peine perdue, Zoug ne s'en émeut pas. Installée dans un édifice baroque du XIVe siècle à deux pas du mur d'enceinte médiéval, la vénérable pâtisserie Etter offre de multiples formules de la " kirschtorte ". Spécialité locale, cette tourte crémée et meringuée est arrosée de kirsch. La force de l'alcool blanc cachée sous son apparence fruitée n'est-elle pas la plus belle publicité de ce paradis bien gourmand ?

    Marc Roche

     

    Excellent reportage. Dormez tranquille brave gens, les paradis fiscaux c’est terminé.


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  • Une nouvelle bulle commence à gonfler

    Les divers plans de relance ont injecté énormément de liquidités dans l’économie mondiale. Pour la plus grande joie des spéculateurs.

    26.11.2009|Larry Elliott, Heather Stewart|The Guardian 

    The Guardian L'article original

    Excès d’optimisme

    Pour Danny Gabay, du cabinet Fathom Consulting, la réaction des marchés à la déclaration des ministres des Finances du G20 lors du sommet de St Andrews, début novembre, est symptomatique d’un optimisme excessif. “Le communiqué disait que l’économie était bien trop faible pour que l’on puisse envisager de mettre un terme aux mesures de relance, et pourtant les Bourses ont gagné 2 %”, explique l’analyste dans les colonnes du Guardian.

    A Chicago, le vacarme s’intensifie à la corbeille de <st1:personname productid="la Bourse" w:st="on">la Bourse</st1:personname> des matières premières. Dans les quartiers huppés de Londres, les agents immobiliers n’arrivent pas à satisfaire la demande de belles résidences coûtant 1,5 million de livres [1,7 million d’euros] ou plus. A New York, le NASDAQ a ressorti sa machine à confettis. [L’introduction d’une société sur ce marché des valeurs technologiques est habituellement saluée par une pluie de confettis. Mais cette pratique avait été suspendue au début de la crise du crédit.]

    Un peu partout, le même scénario se reproduit. Or : record battu, à plus de 1 100 dollars l’once. Actions : + 50 % depuis mars. Pétrole : remontée des cours aux environs de 80 dollars le baril. Obligations : rendements au plus bas pour les emprunts à deux ans. Aux quatre coins de la planète, le prix des actifs s’envole. Un flot d’argent quasi gratuit a rendu le sourire aux spéculateurs, par ailleurs soulagés de voir l’économie mondiale échapper à l’apocalypse annoncée. Un sourire trop large, si l’on en croit certains spécialistes. Car l’allégresse des marchés n’a aucun écho dans l’économie réelle. Les Etats-Unis ont renoué avec la croissance au troisième trimestre, grâce à la prime à la casse automobile et à la déduction fiscale accordée aux primo-accédants. Mais le chômage n’a jamais été aussi élevé depuis 1983 et le nombre des saisies immobilières grimpe toujours. En Europe, l’Allemagne et <st1:personname productid="la France" w:st="on">la France</st1:personname> ont retrouvé le chemin de la croissance il y a six mois, mais la consommation des ménages reste désespérément faible. Au Royaume-Uni, l’économie continue de se contracter.

    Alors que les cours de <st1:personname productid="la Bourse" w:st="on">la Bourse</st1:personname> flambent, une question se pose : les autorités tentent-elles de résoudre les problèmes causés par l’une des plus grosses bulles de l’Histoire en alimentant une nouvelle fièvre spéculative ? C’est ce qui était arrivé après l’effondrement des actions Internet, lorsque Alan Greenspan, alors président de <st1:personname productid="la R←serve" w:st="on">la Réserve</st1:personname> fédérale américaine (Fed), avait maintenu pendant trois ans les taux d’intérêt à 1 %, déclenchant l’un des plus importants booms de l’immobilier qu’aient connus les Etats-Unis. Cette fois, les banques centrales et les ministères des Finances ont ajouté des baisses d’impôt, une augmentation des dépenses publiques et des mesures d’assouplissement quantitatif [<st1:personname productid="la Fed" w:st="on">la Fed</st1:personname> a notamment racheté une grande quantité de bons du Trésor], fabriquant ainsi un cocktail encore plus détonant. “Nous refaisons les mêmes erreurs que Greenspan”, prévient l’économiste américain Ravi Batra, “mais à une bien plus grande échelle. Une grosse explosion aura lieu l’année prochaine.”

    Boom du crédit et “exubérance irrationnelle”

    De leur côté, les actuels et anciens responsables des banques centrales se veulent rassurants. Selon Frederic Mishkin, ex-gouverneur de la Fed, il existe deux sortes de bulles, les unes liées au “boom du crédit”, les autres fondées sur “l’exubérance irrationnelle” [expression utilisée par Greenspan lors de la bulle Internet des années 1990]. Les premières sont bien plus dangereuses que les secondes, estime Mishkin, parce qu’elles créent une boucle de rétroaction négative. Exemple : le renchérissement des actifs immobiliers permet aux ménages d’emprunter, mais ils investissent ensuite cet argent dans l’achat d’un logement plus grand, ce qui fait encore grimper les prix, et ainsi de suite. Lorsque le marché s’effondre, les malheureux propriétaires se retrouvent avec un bien qui vaut beaucoup moins que ce qu’ils pensaient – et ils croulent de surcroît sous les dettes. Le boom Internet, lui, n’a pas engendré un tel cercle vicieux. Et, pour Frederic Mishkin, la flambée actuelle est du même genre : irrationnelle et inoffensive. Le gouverneur de <st1:personname productid="la Banque" w:st="on">la Banque</st1:personname> d’Angleterre, Mervyn King, partage cette analyse. “Il ne faudrait pas nous retrouver dans un univers où tout le monde qualifie de bulle la moindre hausse des prix des actifs, et d’éclatement de bulle chacune de leurs baisses”, a-t-il récemment déclaré.

    Même ceux qui jugent Frederic Mishkin et Mervyn King particulièrement désinvoltes reconnaissent que le rebond du prix des actifs est en partie justifié – à hauteur, disons, de 20 %. Mais l’humeur des marchés va en général d’un extrême à l’autre : ils broient du noir ou nagent dans l’euphorie. Après s’être préparés au retour de la soupe populaire au printemps, ils misent maintenant sur un vigoureux retour à la normale. C’est justement ce qui inquiète les analystes, insensibles au bon vieil argument selon lequel “cette fois c’est différent”.

    Un nouveau krach risque de se produire

    Il existe trois raisons de craindre une nouvelle bulle spéculative. D’abord, on peut se demander si les banques centrales seront capables de faire la différence entre une bulle du crédit et une bulle de l’exubérance irrationnelle – ou de voir l’une ou l’autre se former. <st1:personname productid="la Fed" w:st="on">La Fed</st1:personname>, par exemple, a nié l’existence d’une bulle de l’immobilier jusqu’à ce que, en 2007, le système financier mondial soit paralysé par la crise des prêts hypothécaires à hauts risques [subprimes].

    Ensuite, les fondamentaux de l’économie mondiale restent fragiles. Et, lorsque les investisseurs finiront par l’admettre, un nouveau krach risque de se produire. “La spéculation qui était à l’origine des problèmes est de retour”, met en garde Graham Turner, de GFC Economics. “Mais l’économie réelle, elle, continue de stagner.” Enfin, si des bulles ne cessent de se former, c’est peut-être parce que l’économie mondiale ne peut de nos jours fonctionner qu’avec de l’argent bon marché et des dettes, qui alimentent de puissants cycles spéculatifs. Selon Turner, les bulles reflètent le fonctionnement actuel du capitalisme : les entreprises délocalisent pour réduire leurs coûts salariaux, ce qui affaiblit tellement la demande dans les pays riches que pour la soutenir il faut gaver les consommateurs de crédit pas cher.

    Et maintenant que va-t-il se passer ? Les autorités espèrent que la hausse des prix des actifs catalysera une forte croissance l’année prochaine. Grâce au renchérissement de l’immobilier et des actions, les ménages se sentiront plus riches et dépenseront davantage. Pour satisfaire leur envie de consommer, les entreprises investiront et créeront des emplois. Mais, tôt ou tard, les Etats et les banques centrales devront mettre fin à leur aide d’urgence. Il leur faudra relever les taux d’intérêt, vendre les obligations qu’ils ont achetées et réduire les dépenses publiques. C’est alors seulement que l’on saura si les banques centrales ont effectivement amorti l’ajustement douloureux de l’économie mondiale ou si elles ont déclenché un nouvel accès d’exubérance irrationnelle.


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  • Doubaï tente de calmer les craintes autour de sa dette

    Reuters26.11.09 | 20h10

    Par Tamara Walid et Jeremy Gaunt

    DOUBAÏ/LONDRES (Reuters) - Doubaï a tenté de calmer les craintes autour d'un défaut de paiement sur sa dette jeudi après avoir ébranlé la confiance des investisseurs suite à l'annonce faite mercredi par l'émirat qu'il allait demander un moratoire sur les créances de deux de ses entreprises phare.

    Les problèmes de dette de Doubaï, hérités d'un boom immobilier qui a vu la construction des immeubles les plus hauts du monde, ont suscité de vives inquiétudes parmi les investisseurs occidentaux, qui s'étaient tournés vers la région du Golfe pendant la crise financière mondiale.

    L'émirat a officiellement annoncé mercredi qu'il allait demander aux créanciers de Dubai World, le conglomérat qui a piloté son expansion effrénée ces dernières années, de donner leur accord à un moratoire sur plusieurs milliards de dollars de dette. Ce moratoire constituerait la première étape de la restructuration de Dubai World.

    Doubaï a tenté de rassurer les marchés jeudi en précisant que son entreprise bénéficiaire DP World, qui exploite 49 ports dans le monde, ne serait pas inclue dans la restructuration.

    DP World, dont l'encours de dette obligataire s'élève à 3,25 milliards de dollars (2,17 milliards d'euros), est détenu en majorité par Dubai World, mais certaines de ses actions sont cotées sur le NASDAQDubai.

    Les Bourses européennes ont chuté de 3%, touchant un plus de sept mois, les valeurs bancaires ayant été particulièrement touchées avec un indice DJStoxx des banques en Europe en baisse de 5,04% à la clôture.

    Les entreprises détenues en partie par des investisseurs du Golfe, comme le London Stock Exchange, J Sainsbury et les constructeurs allemands Porsche et Daimler ont chuté, les marchés craignant que ces investisseurs ne réduisent leurs participations afin d'obtenir des liquidités.

    L'exposition des banques internationales à Dubai World pourrait atteindre les 12 milliards de dollars en prêts syndiqués et en prêts bilatéraux, y compris les prêts existants à Nakheel and Instithmar, un véhicule d'investissement du gouvernement de Doubaï, ont déclaré des sources bancaires à Reuters.

    Les banques cherchent à formuler une réponse à la demande de moratoire et évaluent notamment son impact sur la politique de prêt à Dubaï et aux pays du Golfe.

    "C'est très grave et cela aura des implications pour toute la région", a déclaré un banquier.

    HAUSSE DU COÛT DE <st1:personname productid="LA GARANTIE CONTRE" w:st="on">LA GARANTIE CONTRE</st1:personname> UN RISQUE DE DÉFAUT

    L'annonce de Doubaï provoquera probablement une réévaluation des risques attachés aux dettes d'entreprises détenues par des fonds souverains de la région.

    L'agence de rating Standard & Poor's a déclaré jeudi qu'elle ramenait la perspective sur quatre banques de Doubaï à "négative" du fait de leur exposition à Dubai World.

    S&P's et Moody's avaient déjà dégradé la note de plusieurs entités liées au gouvernement mercredi.

    Sur le marché des swaps de défaut de crédit (CDS), l'annonce de mercredi a également fait bondir le coût de la garantie contre un risque de défaut de Doubaï à 500-550 points de base d'après certains traders.

    Le coût de la garantie sur la dette du Qatar, d'Abou Dhabi et de Bahreïn a également fortement augmenté.

    L'annonce a par ailleurs pesé sur le prix des émissions obligataires de Doubaï.

    Les analystes ont dans leur majorité cherché à minimiser l'impact de cette annonce sur le reste de la région, soulignant que Doubaï a financé son développement par l'intermédiaire de prêts alors que ses voisins sont d'importants exportateurs de pétrole et de gaz.

    Abou Dhabi, un émirat voisin de Doubaï qui possède la plupart du pétrole des Emirats arabes unis, devrait d'après les analystes apporter un soutien financier à Doubaï.

    Mais Doubaï devra probablement renoncer à un modèle économique centré sur d'importants investissements dans l'immobilier et des entrées de main-d'oeuvre et de capitaux étrangers.

    OPTIONS

    Si les créanciers rejetaient la demande de Doubaï de repousser à mai <st1:metricconverter productid="2010 l" w:st="on">2010 l</st1:metricconverter>'échéance d'une dette arrivant bientôt à maturité, le gouvernement de Doubaï pourrait devoir brader ses actifs immobiliers à l'international;

    "Nous pensons que le gouvernement de Doubaï va accentuer ses efforts pour lever des capitaux à travers des ventes d'actifs immobiliers, notamment en Grande-Bretagne", a déclaré à Reuters James Lewis de Knight Frank, un cabinet de conseil en immobilier.

    L'émission obligataire de 3,52 milliards de dollars, dont la maturité initiale était fixée au 14 décembre 2009, s'échangeait à plus de 110% du pair mercredi avant l'annonce d'une demande de moratoire. Jeudi, l'émission s'échangeait à 72.

    Version française Sonia Manueco

    Plusieurs choses pour un de ces événements qui paraissent improbables.
    1. D’abord la notion de faillite, elle est élastique pour les états comme pour les entreprises. Si nous appliquions strictement les règles, des endettements de plus de 100% signifient quoi pour un état ?
    2. La finance islamique, en accord avec l'éthique de l'islam, est basée sur deux principes : l'interdiction de l'intérêt, aussi appelé usure et la responsabilité sociale de l'investissement. Elle lie plus étroitement la rentabilité financière d'un investissement avec les résultats du projet concret associé. L’Islam interdit les transactions tant civiles que commerciales faisant recours à l'intérêt (ribâ), à la spéculation (gharar) ou au hasard (maysir).
    Pour rester dans la légalité islamique, les banques islamiques et les filiales islamiques des banques conventionnelles ont développé des mécanismes juridico-financiers. Ces derniers se fondent sur la moudaraba, la mousharaka, la mourabaha, et l’ijara. Ainsi que les soukouk qui est l'équivalent islamique d'une obligation où l'intérêt devient un profit prévu à l'avance à risque quasi-nul. Cette forme d'obligation est particulièrement utilisé pour les financements immobiliers.
    3. Mais si on regarde le cas de Dubai cette finance islamique (qu’on nous a vendu si vertueuse – en France, il y encore peu-), ce sont de vulgaires Subprimes.

    Décidemment dans ce « Capitalisme financier » il manque beaucoup de vertu.


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  • Sans les Chinois, pas de prospérité !

    26.11.2009|Ge Chuanhong|Shidai Zhoubao (The Time Weekly)

    Les Chinois doivent améliorer leur image en Russie, écrit le Jingji Cankao Bao.  Si les commerçants chinois s’y voient parfois abruptement interdire l’accès  à certains marchés, c’est souvent  une réaction  à la pratique du “passage en douane grise” – le petit commerce exercé, sans payer  les taxes, par  des Chinois ayant des visas de touristes. Les Chinois sont souvent représentés par la presse russe comme travailleurs, mais sales  et désordonnés, affirme le quotidien économique.  De plus, depuis  les années 1990, des chercheurs russes ont lancé des avertissements face à “l’expansion jaune”. Selon certaines estimations, 350 000 Chinois vivraient actuellement  en Sibérie, dont une grande part seraient des clandestins. Pour remédier  à cette mauvaise image, les autorités chinoises prodiguent des conseils  de présentation  sur le site  de leur ambassade  en Russie,  souligne le journal.

    L’Extrême-Orient russe est une terre très riche, mais c’est aussi une terre en friche”, observe le Pr Wang Ning, président de l’Institut chinois d’études sur <st1:personname productid="la Russie" w:st="on">la Russie</st1:personname>, l’Europe de l’Est et l’Asie centrale. Les régions de Vladivostok et de Blagovechtchensk offrent certes de grands espaces et un sous-sol très riche, mais ces ressources sont “inanimées”. Si on veut les ramener à la vie et leur trouver un marché, il faut que des gens apportent des capitaux, leur énergie et leurs techniques. “Sans la collaboration des Chinois, <st1:personname productid="la Russie" w:st="on">la Russie</st1:personname> ne fera rien”, estime le Pr Wang.

    Depuis la désintégration de l’Union soviétique, cette région vouée à l’opulence a vu les gens partir, l’économie stagner ; aujourd’hui encore, la région ne survit que grâce aux secours envoyés par Moscou, et l’exploitation des ressources n’est même pas mentionnée. D’après des statistiques officielles russes, au cours des quinze dernières années, l’Extrême-Orient russe a enregistré une baisse de 14 % de sa population ; à ce rythme-là, la région ne devrait plus compter que 4,5 millions d’habitants en 2015, contre 7 millions jadis. Les autorités russes ont beau discuter régulièrement des moyens de relancer la démographie – on en vient même à proposer d’y envoyer des conscrits.

    L’économie de <st1:personname productid="la Sib←rie" w:st="on">la Sibérie</st1:personname> se tourne vers le voisin chinois

    Dans le même temps, l’autonomie alimentaire dont pouvait autrefois se prévaloir la région n’est plus d’actualité. Les poissons et les crabes de la mer d’Okhotsk ne sont plus des mets recherchés sur les tables des Russes européens, et l’industrie sidérurgique et les chantiers navals qui faisaient la renommée de la région jadis ont fermé définitivement et ont été vendus à des ferrailleurs. Selon Mikhaïl Chankovski, professeur de relations internationales à l’université de Vladivostok, l’agriculture locale assure un approvisionnement en céréales tout juste suffisant pour quatre mois de l’année. Pour les huit mois restants, il faut compter sur <st1:personname productid="la Chine." w:st="on">la Chine.

    </st1:personname>De fait, l’Extrême-Orient russe s’appuie davantage sur son proche voisin que sur la lointaine Moscou. Selon une enquête du ministère du Commerce américain, <st1:personname productid="la Chine" w:st="on">la Chine</st1:personname> figure parmi les trois plus importants partenaires commerciaux pour cinq des neuf régions administratives que compte l’Extrême-Orient russe. Du fait des coûts de transport ferroviaire élevés, on n’“importe” quasiment plus rien d’Europe ou de Moscou, et les marchandises arrivent plutôt par le fleuve Amour [en chinois, le Heilongjiang, qui marque la frontière entre la province du même nom et <st1:personname productid="la Sib←rie" w:st="on">la Sibérie</st1:personname>]. En outre, de nombreux petits commerçants des trois provinces du nord-est de <st1:personname productid="la Chine" w:st="on">la Chine</st1:personname> ont ouvert des boutiques à Blagovechtchensk et Khabarovsk.

    A l’occasion d’une enquête réalisée en 2006 à Khabarovsk, le célèbre journaliste [suédois] Bertil Lintner avait découvert que, pour les habitants de la ville, les meilleurs restaurants étaient ceux dits “hongkongais” et que, à leurs yeux, la langue offrant les plus belles perspectives d’avenir pour leurs enfants était le chinois. Il avait aussi constaté que, dans tous les magasins, on pouvait trouver des produits étiquetés “made in China”. Et que la coutume de faire exploser des pétards ou celle de faire la danse du lion pour fêter le nouvel an chinois étaient entrées dans les mœurs locales.

    Selon Alekseï Maslov, directeur de l’institut de recherche sur le développement de <st1:personname productid="la Chine" w:st="on">la Chine</st1:personname> à l’Université de l’amitié entre les peuples, à Moscou, la coopération russo-chinoise au cours des dix années à venir reposera sur la fourniture de matières premières par <st1:personname productid="la Russie" w:st="on">la Russie</st1:personname> et de technologies par <st1:personname productid="la Chine. Non" w:st="on">la Chine. Non</st1:personname> que <st1:personname productid="la Russie" w:st="on">la Russie</st1:personname> ne dispose pas de ces dernières, mais parce que, l’Extrême-Orient russe en étant encore dépourvu, il revient beaucoup moins cher de faire transformer des matières premières par <st1:personname productid="la Chine.Mê" w:st="on">la Chine.

    Mê</st1:personname>me si la coopération russo-chinoise est porteuse d’espoir pour le redressement de l’Extrême-Orient russe, tout le monde ne pense pas que les deux parties vont en sortir gagnantes. Le 14 octobre, lors d’une conférence de presse au sujet de la visite de Vladimir Poutine, un journaliste allemand a soulevé un problème plutôt dérangeant : avec le développement de ses relations bilatérales avec <st1:personname productid="la Chine" w:st="on">la Chine</st1:personname>, <st1:personname productid="la Russie" w:st="on">la Russie</st1:personname> ne risque-t-elle pas d’être réduite au rang de simple vassal pourvoyeur de matières premières pour <st1:personname productid="la Chine" w:st="on">la Chine</st1:personname>, et l’Extrême-Orient russe ne risque-t-il pas de devenir une colonie chinoise ? L’année <st1:metricconverter productid="2008 a" w:st="on">2008 a</st1:metricconverter> vu une réduction significative du volume des échanges commerciaux entre les deux pays, en chute de plus de 35 % sur un an. Certes, touché par la crise financière mondiale, le commerce extérieur de <st1:personname productid="la Chine" w:st="on">la Chine</st1:personname> avec les autres pays a également baissé, mais ce sont les échanges commerciaux avec <st1:personname productid="la Russie" w:st="on">la Russie</st1:personname> qui accusent la dégringolade la plus rapide. De nombreux analystes estiment que <st1:personname productid="la Russie" w:st="on">la Russie</st1:personname>, qui figurait jadis parmi les 6 ou 8 premiers partenaires commerciaux de <st1:personname productid="la Chine" w:st="on">la Chine</st1:personname>, a reculé désormais à la 15e ou 16e place.

    “Autrefois, nous étions le grand frère [soviétique] de <st1:personname productid="la Chine" w:st="on">la Chine</st1:personname> [socialiste]. Aujourd’hui, <st1:personname productid="la Russie" w:st="on">la Russie</st1:personname> n’est plus qu’un petit partenaire. Au cours des dix prochaines années, <st1:personname productid="la Chine" w:st="on">la Chine</st1:personname> va concentrer ses forces sur ses propres affaires et n’aura pas le temps de se préoccuper des autres. Nous avons donc encore un peu de temps devant nous, mais, si nous continuons à rester inertes comme dans les années 1990, le danger existe de voir <st1:personname productid="la Russie" w:st="on">la Russie</st1:personname> sinisée à moyenne échéance : à ce moment-là, non seulement nous parlerons chinois, mais nous penserons aussi à la manière chinoise.” C’est ainsi que Mikhaïl Deliaguine, directeur de recherche à l’Institut d’études sur la mondialisation (IPROG) à Moscou, exprime ses inquiétudes face à l’émergence de <st1:personname productid="la Chine" w:st="on">la Chine</st1:personname>, dont l’Extrême-Orient russe est le premier à ressentir l’impact.

    <st1:personname productid="la Russie" w:st="on">La Russie</st1:personname> conserve l’atout des ressources énergétiques

    Le Pr Wang Ning explique que les Russes sont des gens très méfiants, qui craignent que des étrangers ne prennent le contrôle de leur secteur vital : le pétrole. S’ils peuvent vendre leurs matières premières au Japon et à <st1:personname productid="la Cor←e" w:st="on">la Corée</st1:personname>, et que <st1:personname productid="la Chine" w:st="on">la Chine</st1:personname> et les Etats-Unis se battent également pour obtenir leur part, le marché deviendra porteur et les cours seront favorables à <st1:personname productid="la Russie" w:st="on">la Russie</st1:personname>, qui, de plus, contrôlera la situation.

    Pour le président russe Dmitri Medvedev, ce qui est décisif, c’est la situation géographique de <st1:personname productid="la Chine" w:st="on">la Chine</st1:personname> en Extrême-Orient. Selon un reportage de la télévision russe, il a déclaré, lors d’une conférence à Khabarovsk sur la coopération frontalière, que <st1:personname productid="la Chine" w:st="on">la Chine</st1:personname> est l’un des partenaires commerciaux qui offrent les plus belles perspectives de coopération économique pour <st1:personname productid="la Russie" w:st="on">la Russie</st1:personname>, qu’il faut donc absolument attirer les investissements chinois en Sibérie de façon plus active encore. <st1:personname productid="la Chine" w:st="on">La Chine</st1:personname> représente non seulement un grand marché capable d’absorber les produits de l’industrie russe, mais elle dispose aussi de nombreuses ressources financières disponibles. C’est pourquoi la coopération entre <st1:personname productid="la Russie" w:st="on">la Russie</st1:personname> et <st1:personname productid="la Chine" w:st="on">la Chine</st1:personname> constitue, aux yeux du président Medvedev, une priorité.

     

    Décidément la chine est partout, à Méditer.


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