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  • La retraite
     


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  • Le commentaire de Jacques Delpla

    Keynes, Blanchard et les vaches sacrées  

    La crise actuelle de la zone euro dans huit de ses pays offre deux solutions. Le retour aux déflations dures des années 1930. Ou bien de l’innovation keynésienne et européenne : baisses et gels immédiats et coordonnés de tous les prix et salaires, avec aide européenne massive.La crise grecque est le point extrême d’une crise plus large affectant Gipec (Grèce, Irlande, Portugal, Espagne et Chypre, 18 % du PIB des pays de l’euro), et de moindre manière M2S (Malte, Slovénie, Slovaquie, 1,2 %). Leurs larges déficits externes sont insoutenables (12 % du PIB pour Gipec et 6 % pour M2S en 2008) et vont devoir être corrigés par des remèdes de cheval, car banques et marchés vont devenir réticents à leur prêter. Sans dévaluation possible, si on ne croit pas à une augmentation exceptionnelle et rapide de la productivité dans ces pays, restaurer leur compétitivité implique une baisse significative de leurs prix et salaires. Avec une inflation à 2 % en zone euro, deux options sont possibles. Premièrement, laisser le marché ajuster, avec des récessions brutales sur plusieurs années, des resserrements budgétaires violents, des taux de chômage à 20 %, afin de faire baisser prix et salaires. C’est la Lettonie aujourd’hui. La seconde option est proposée par l’économiste en chef du FMI, Olivier Blanchard. Il ne s’agit pas de son dernier article qui fait tant de bruit, mais d’un autre — « Adjustment within the euro. The difficult case of Portugal » (Portuguese Economic Journal, 2007). Les gouvernements de ces pays devraient imposer une ’dévaluation interne’ immédiate, avec des baisses coordonnées et imposées de 10 % à 30 % selon les cas de tous les prix, salaires et transferts sociaux à l’intérieur de leur propre pays, suivies d’un gel temporaire de trois mois. Cela revient à une dévaluation sans dévaluation de la monnaie. C’est une solution keynésienne : elle résout les problèmes de coordination. Les gens accepteront baisses des salaires et pensions, car les prix des biens et services internes baisseront pareillement ; seuls les biens importés renchériront. C’est plus acceptable politiquement (fardeau équitablement réparti). C’est plus efficace (gains de compétitivité immédiats). C’est plus équitable, car cette option évite de faire monter le chômage à des niveaux stratosphériques. Il y a cependant un écueil majeur, non évoqué par Blanchard : les dettes publiques et privées de ces pays seront augmentées d’autant par ces ’dévaluations internes’ alors qu’ils ont un problème à refinancer ces dettes. Pour les dettes publiques, je suggère une aide, sur plusieurs années, de l’Union européenne. En l’absence de vrai fédéralisme budgétaire, il faut une réallocation massive des budgets actuels de l’Union Européenne de l’ordre de 70 milliards d’euros par an, vers Gipec et M2S (4 % de leurs PIB), un montant correspondant à l’ensemble des fonds structurels et la moitié de la politique agricole commune. Cette aide, conditionnelle aux réformes, servirait à payer une partie du service de la dette publique de ces pays. Pour les dettes privées, il y aura probablement des faillites, des abandons de créances, des restructurations de dette et des renflouements de banques locales par les Etats (financés en partie par l’aide européenne).Impossible politiquement ? Cette solution sera certes difficile, mais les alternatives sont pires. Soit une sortie de ces pays de la zone euro, avec récessions massives et immédiates, car plus personne ne leur prêtera, faillites privées et publiques en chaîne et échec massif de l’Union européenne. Soit, à l’intérieur de la zone, récessions et déflations comme celles des années 1930 (que Keynes condamnait avec justesse) et probablement, dans ces huit pays, rejet très fort de l’Europe et montées des extrémismes politiques. Plusieurs bonnes nouvelles toutefois. D’abord, l’Italie n’est pas concernée, car la BCE va garder des taux bas à 1 % longtemps. Ensuite, Gipec et M2S vont devoir réformer massivement leurs économies pour les rendre plus productives et compétitives. Enfin, cela va forcer à réformer les mécanismes européens : les fonds structurels et la politique agricole, notoirement inefficaces mais otages des puissants lobbies qui en profitent, vont devoir être réformés, car sans aide de l’Union, Gipec et M2S vont imploser. Sans réforme des politiques communautaires, il n’y a pas assez d’argent pour les aider (Allemagne et Hollande sont hostiles à une augmentation des budgets de l’Union). En cas de crise majeure, les réformes prétendument impossibles politiquement le deviennent très vite. Les vaches sacrées, comme la politique agricole commune, vont devenir beaucoup moins sacrées !

    Jacques Delpla est membre du Conseil d’analyse Economique (CAE).

    On choisit Charybde ou Scylla


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  • Union europÉenne

    Droit des consommateurs : bras de fer annoncé sur une directive très contestée  

    Plusieurs partis du Parlement européen ainsi que plusieurs capitales fourbissent leurs armes pour s’opposer à un projet de directive sur les droits des consommateurs, qui risque, selon eux, d’harmoniser ces droits par le bas.

    De notre bureau de bruxelles.

    Viviane Reading, la nouvelle commissaire européenne chargée de la Protection des consommateurs, persiste et signe. Elle  semble, en effet, bien décidée à défendre un projet de directive sur les droits des consommateurs présenté en 2008 par la précédente Commission en dépit de la levée de boucliers que suscite ce texte au sein du Parlement européen, dans de nombreuses capitales et auprès de toutes les organisations de défense des consommateurs.Lors d’une réunion entre des représentants du Parlement européen et des Parlements nationaux, hier à Bruxelles, la plupart des participants ont dénoncé le risque de nivellement par le bas que ce projet implique pour les droits des consommateurs. Le nouveau texte modifie en les regroupant quatre directives existantes – sur les contrats conclus en dehors de locaux à usage professionnel, sur les clauses abu sives, sur les ventes par correspondance et sur les garanties offertes aux consommateurs – pour harmoniser et simplifier les règles en vigueur. Mais ses détracteurs dénoncent le fait que cette nouvelle loi européenne prévoit une harmonisation complète interdisant ainsi des législations nationales plus strictes, ce qui reviendrait, selon eux, à réduire, dans un certain nombre de cas, le niveau de protection actuel  garanti par une harmonisation minimale.« Cette directive diminuerait le niveau de protection offert par de nombreuses législations nationales en procédant à une harmonisation par le bas »,a dénoncé, à nouveau, la très écoutée eurodéputée socialiste allemande Evelyne Gebhardt, « ’shadow’-rapporteur » du texte pour les socialistes, qui s’était illustrée dans sa lutte contre la directive Bolkestein. Et les exemples qu’elle cite sont nombreux. Si la nouvelle directive était adoptée, c’est le vendeur et non plus le consommateur qui aurait le choix entre la réparation ou le remplacement d’un bien non conforme, et la France devrait renoncer à certains dispositifs de la loi Chatel de 2008 qui permettent, par exemple, à un consommateur de révoquer un contrat si les informations nécessaires, comme le numéro de téléphone du vendeur, n’y figurent pas. De nombreux eurodéputés se sont fait l’écho de ses critiques alors que le rapporteur du texte, l’eurodéputé du PPE Andreas Schwab, n’en  finit pas de tergiverser avant de rendre son avis. Du côté des Etats membres, les critiques ont été aussi acerbes.« Cette nouvelle directive limiterait, de manière inaccep table, les droits des  consommateurs allemands », a dénoncé une membre du Bundesrat.« Cette harmonisation totale menacerait certaines dispositions importantes en faveur des consommateurs. Nous refusons un tel recul »,a ajouté la députée française  Marietta Karamanli, membre de la commission des Affaires européennes de l’Assemblée nationale.

    Epreuve de force

    Cette levée de boucliers n’a pas paru impressionner la nouvelle commissaire européenne chargée du dossier.« Viviane Reding n’a pas l’intention de retirer cette proposition. Elle est favorable à une harmonisation complète, mais est disposée à débattre de ses modalités avec le Parlement », a indiqué son porte-parole aux « Echos ». L’épreuve de force semble donc inévitable entre la Commission d’une part, le Parlement et le Conseil de l’autre, alors que José Manuel Barroso s’est engagé, il y a moins d’un mois, à tenir compte de l’avis des eurodéputés.

    jacques docquiert

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