• Crise de l'euro  : les vrais coupables

    En avril 2008, lors d'une manifestation à Paris sponsorisée par la Brookings Institution et l'Institut Montaigne, Joshua Rosner avait prévenu que l'Europe risquait d'être touchée par une crise  pouvant la mettre financièrement à genoux. La crise  grecque et les atermoiements européens pour la résoudre lui donnent raison. Selon lui, ce ne sont pas les "hedge funds" qui sont coupables de la crise financière, mais les banques et les gouvernements.

    Pour ceux qui n'ont pas attendu la crise de l'euro pour prédire qu'une crise financière allait secouer l'Europe, la situation actuelle est tout sauf une surprise. Après la chute de Lehman Brothers, tandis que s'effondraient la confiance dans l'honnêteté et l'intégrité du secteur financier, de nombreuses institutions ont continué à dissimuler leurs difficultés aux investisseurs.

    Au début, ce sont les spéculateurs, les "vendeurs à découvert" et les "hedge funds" qui ont été pointés du doigt. Pourtant, les véritables responsables sont plutôt ceux qui, profitant de l'inefficacité de la surveillance exercée par les autorités, ont créé des actifs toxiques et dissimulé leur niveau de risque  institutions bancaires, banques d'investissement et agences de notation.

    Déroulons donc le fil de la crise actuelle de l'euro  pour en identifier les vrais coupables. Afin de faire face à leurs besoins de capitaux, les emprunteurs, y compris les Etats, comme la Grèce, ont recours à des banques d'affaires qui volent à leur rescousse et lèvent des fonds au coût le plus bas. Celles-ci exploitent les lacunes réglementaires, juridiques et comptables pour cacher la véritable situation économique de l'emprunteur. Et pour rassurer les marchés, elles utilisent la caution d'agences de notation. Ainsi, en dépit de leur devoir d'informer les investisseurs de l'ensemble des risques auxquels ils s'exposent, les banques induisent ces derniers en erreur. S'ils avaient été totalement informés de la situation de l'emprunteur, ces investisseurs auraient prêté à des taux d'intérêt bien plus élevés.

    En dépit du couplet habituel, devenu le symbole persistant de la crise  financière, ce ne sont pas les "hedge funds" qui ont provoqué la crise  . Ils ont même été eux et leurs clients, essentiellement des fonds de retraites, deux fois trompés  tout d'abord par des émetteurs d'instruments financiers malhonnêtes, puis par des gouvernements refusant de reconnaître leur responsabilité et cherchant à rejeter la faute sur ceux à qui ils ont causé du tort - les citoyens, mais aussi les épargnants à travers les plans d'épargne et de retraite investis dans des fonds de pension, des OPCVM et des hedge funds. Et plutôt que d'assumer leur complicité les dirigeants tentent désormais de rendre responsables ceux qui alertent les investisseurs sur les risques d'un éventuel effondrement.

    Le plan d'austérité grec ne mettra pas un terme à la crise  . Il ne retirera pas la pression économique qui pèse sur la population et n'empêchera peut-être pas une défaillance. Or parier sur la défaillance n'est pas un crime. Ce n'est pas non plus la cause principale de l'augmentation du coût de la dette. Pour pouvoir entrer dans l'Union monétaire européenne et bénéficier d'un coût d'endettement réduit, les gouvernements grecs de l'époque avaient engagé des banques d'investissement qui les ont aidés à enjoliver la situation en manipulant leurs états financiers. L'incapacité des agences de notation à reconnaître cette manipulation ou, pis, leur décision de l'ignorer, témoignent soit de leur incompétence, soit de leur complicité Et le résultat, c'est que des investisseurs ont été sous-rémunérés au regard des risques qu'ils ont pris.

    Une fois la vérité découverte, plutôt que d'accepter un coût supérieur du capital pour leurs clients, les banques ont préféré créer l'illusion d'une demande  elles ont elles-mêmes sursouscrit à l'émission de dette grecque en investissant leurs propres fonds. Connaissant les niveaux de risque élevés auxquels elles s'exposaient, elles se sont couvertes contre le risque de défaillance grec en achetant des produits dérivés. Et lorsque les marchés ont compris que les intervenants cherchaient à se protéger contre les risques de défaillance, ce sont les banques et non les spéculateurs qui ont à nouveau fait décaler les marchés.

    Le rôle traditionnel des établissements bancaires et banques d'investissement agissant comme chefs de file ou banques placeuses est d'organiser la rencontre entre des capitaux à la recherche de retour sur investissement et des emprunteurs ayant besoin de fonds pour soutenir l'activité économique. Au lieu de cela, les banques se sont surtout appliquées à fabriquer, sur de fausses bases, une demande artificielle pour des produits financiers opaques et risqués. Et plutôt que d'agir dans l'intérêt de leurs concitoyens, les représentants officiels ont décidé qu'ils pouvaient appliquer la loi de façon arbitraire pour dissimuler leur complicité La crise ne connaîtra pas de fin tant qu'ils n'admettront pas, tout comme nous tous, la réalité de ce délit.

    Joshua Rosner, associé au sein de Graham Fisher & Co


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  • Après le G20 et l'assemblée annuelle du FMI, DSK  livre son analyse des crises en cours dans un entretien exclusif à La Tribune.

    SUR LA REGULATION FINANCIERE La Tribune: Les réunions du FMI et du G20, la semaine dernière, ont montré que la régulation du secteur financier n'avance guère...

    Dominique Strauss-Kahn : En matière de régulation financière, on est encore loin du compte. Ce n'est pas surprenant, parce ce sont des questions extrêmement techniques. Il faut rappeler que pour élaborer les normes dites de "Bâle 2", on a mis douze ans ! On ne prendra pas ce temps-là aujourd'hui, on ne l'a d'ailleurs pas. Mais le travail sérieux n'a été lancé qu'il y a un an. Le calendrier de la complexité technique n'est pas le même que celui de la politique : dans tous les pays où la puissance publique a aidé les banques, l'opinion publique réclame que l'on agisse. On avance donc aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en France, alors que d'autres pays sont plus réticents, le Canada ou le Japon, parce que l'urgence est moins forte pour eux, leur système bancaire n'ayant pas été touché autant.

    Certains pays ont critiqué votre projet de taxe bancaire destiné à abonder un fonds de sauvegarde du système financier.

    Je suis convaincu que derrière la question financière à traiter, il y a un problème politique, touchant à la démocratie. On a réussi cette fois-ci à mobiliser le contribuable pour sauver le système financier. Je ne suis pas du tout sûr qu'on y parviendrait encore si d'aventure une crise voisine se produisait dans les années qui viennent. Surtout quand on voit le comportement de certains acteurs du système financier, qui font comme s'il ne s'était rien passé et reviennent à leurs pratiques d'avant, notamment en matière de rémunérations et de bonus ! L'idée est donc de créer une sorte d'assurance, qui permette au système financier de se retablir en cas de crise. Les pays intéressés par l'idée sont ceux qui ont connu une crise bancaire, alors que les autres estiment qu'il suffirait d'édicter des règles plus contraignantes.

    Vous avez pointé le risque d'incohérence, d'incompatibilité entre les différents projets de régulation nationale qui sont en cours.

    Oui, il y a là un vrai risque. Il faut une coordination mondiale, pour éviter que les institutions financières ne choisissent de s'installer là où la réglementation serait la plus souple. Ce serait préjudiciable à la concurrence, et cela ferait le lit des crises à venir.

    Le projet de régulation du président Obama contient-il des dispositions incompatibles avec une régulation mondiale ?

    On ne sait pas encore très précisément, il faut attendre le vote du Congrès, qui apporte parfois des modifications importantes sur les textes proposés par l'administration américaine. L'une des questions délicates est de savoir quelles règles s'appliquent en cas de crise : celles du pays où la crise se produit, ou bien celle du pays d'origine de l'institution financière ? Nous avons buté sur cette difficulté dans la crise d'Europe centrale. Si on laisse chacun se comporter selon les règes de son pays d'origine, nous aurons des situations inextricables.

    Le G20 vous a à nouveau missionné pour prolonger la réflexion sur le futur cadre international de régulation financière, de quel côté allez-vous travailler ?

    Nous avons deux objectifs, créer un mécanisme pour dégager des ressources mobilisables en cas de crise, et un autre pour dissuader les acteurs de prendre des risques inconsidérés. Nous devrions pouvoir proposer pour juin prochain, au G20 de Toronto, une "boîte à outils", un cadre que chaque pays adaptera en fonction de ses besoins et de son histoire. Mais, je le rappelle, la coordination internationale est le principe supérieur auquel il faut soumettre, parce que l'incohérence serait cause de troubles pour le futur.

    SUR LA CRISE GRECQUE Comment se déroule l'intervention du FMI en Grèce ?

    Pendant plusieurs mois, la seule chose que nous a demandée la Grèce, c'est une assistance technique, que nous avons fournie. Il y a une dizaine de jours, elle nous a demandé d'engager des discussions en vue d'un possible programme de soutien. Nous avons donc envoyé nos équipes, qui ont été un peu retardées par les perturbations du trafic aérien causées par l'éruption volcanique islandaise. La Grèce est dans une situation budgétaire difficile. Son économie souffre d'un manque de compétitivité Nous sommes en train d'élaborer avec le gouvernement d'Athènes un chemin raisonnable de retour à une situation normale.

    On vous reproche d'imposer des mesures d'austérité drastiques.

    Nous avons le rôle d'un docteur : quand on nous appelle, c'est qu'on est malade. Mais la maladie est toujours antérieure à l'arrivée du docteur. Lorsque nous arrivons, nous débloquons des ressources pour financer une période de transition. En contrepartie, le pays aidé s'attache à régler ses problèmes, qui sont souvent d'origine budgétaire. On n'impose rien du tout. C'est le gouvernement souverain qui décide des mesures concrètes à prendre. Nous donnons le cadre général pour revenir à la santé.

    La situation sociale et politique en Grèce se durcit, et l'on voit se multiplier les manifestations d'hostilité à l'encontre du FMI.

    Nous sommes là pour aider les Grecs Si on ne les aide pas, ils vont être dans une situation insoutenable. Je ne dis pas que si on les aide, ce sera facile. Ce sera difficile. Il faut que les Grecs aient présent à l'esprit que le redressement de leurs comptes publics, après plusieurs années de dérapages inconsidérés, va être pénible et difficile. Mais il n'y a pas d'autre solution pour en sortir. Croire qu'il suffit de congédier le médecin, lorsqu'il prescrit des remèdes désagréables, pour ne plus être malade, serait une illusion totale. J'ajoute que les ressources prêtées proviennent des contributions des autres pays. Si nous prêtons à la Grèce, il y aura une contribution de très nombreux pays, y compris de pays assez pauvres. La solidarité internationale repose sur l'idée que chacun des membres de la « coopérative » fait les efforts nécessaires, à la demande des autres. Dans les pays où l'opinion publique est plus consciente de cela, les programmes du FMI se déroulent bien, et ils sont plus efficaces.

    Comment s'articulent l'intervention du FMI et celle de la zone euro ?

    Notre pays membre, c'est la Grèce. Il n'y a pas de membre du FMI qui s'appelle « zone euro » Nous intervenons donc seulement en fonction de ce que nous demande le gouvernement grec. Nous collaborons étroitement avec l'Union européenne, comme nous l'avons fait lors de la crise en Lettonie, en Hongrie ou en Roumanie. Mais formellement, au regard du droit, celui du traité international qui nous gouverne, c'est la Grèce le pays membre du FMI et c'est avec elle que nous négocions. Les Européens ont pensé dans un premier temps qu'ils pouvaient régler le problème seuls, et c'est tout à fait compréhensible. Puis ils se sont rendu compte que ce serait plus difficile que prévu, que cela exigeait une technicité que le Fonds monétaire avait, et des ressources que nous avions également, en partie grâce aux Européens eux-mêmes d'ailleurs.

    A t-on jamais vu des ajustements budgétaires si violents réussir sans une dévaluation de la monnaie, aujourd'hui impossible pour la Grèce ?

    Oui, les Belges l'ont fait . Les Finlandais l'ont fait. Les Irlandais le font, sans l'intervention du FMI, les Portugais y travaillent.

    C'est la crise qui explique la détérioration si brutale des finances publiques ?

    Le point de départ de la dette était déjà élevé : avant la crise, la dette publique représentait 80% du pib en moyenne dans les pays développés. Nous estimons qu'elle atteindra 120% en 2015. Sur cet écart de 40 points de pib, seul un dixième provient des plans de relance. Le reste s'explique pour l'essentiel par l'effondrement des recettes fiscales et les « stabilisateurs » comme les dépenses d'indemnisation du chômage.

    Pourquoi vous rendez-vous mercredi en Allemagne ?

    Je vais rencontrer la Chancelière Angela Merkel, dans le cadre d'une réunion avec les autres dirigeants d'organismes internationaux qui était prévue depuis longtemps. Je vais bien sûr en profiter pour échanger avec les responsables allemands sur la situation européenne. SUR LE MONDE APRES LA CRISE  La crise est-elle vraiment finie ?

    La reprise est très inégale selon les régions. L'Asie est sortie de la crise. L'Europe et le Japon connaissent une reprise de la croissance faible, de l'ordre de 1% à 2% en 2010. La conséquence de cette faible reprise est la poursuite de la montée du chômage. Le chômage crée même un cercle vicieux dangereux pour l'économie européenne, car il hypothèque la reprise. Côté américain, les perspectives sont bonnes, mais incertaines. Quant a l'Afrique, pour la première fois, elle sort d'une crise avec le même rythme que les autres. Cela montre que même lorsqu'on part de situation très difficile, on peut redresser la barre, à condition de suivre des bonnes politiques. La crise a été causée par des déséquilibres économiques planétaires, excédent d'épargne d'un côté et d'endettement de l'autre. Or, ces déséquilibres ne se résorbent pas. Ne peuvent-ils pas compromettre la reprise?

    La crise provient d'abord de l'insuffisante supervision et de la mauvaise régulation du secteur financier. Quant aux déséquilibres planétaires, qui ont bien sûr joué la crise peut aider a les resorber. Je note que la Chine a mis en oeuvre en 2008 un plan de relance qui est aussi un plan de recentrage de la croissance sur sa demande intérieure, ce que le FMI conseillait depuis longtemps. Cette évolution va prendre du temps. Mais elle contribue à réduire les déséquilibres

    Sans réévaluation de la monnaie chinoise, cette évolution est-elle possible ?

    La réévaluation du renminbi est cohérente avec ce recentrage. Elle permettrait de lutter contre les tensions inflationnistes internes. Il est clairement de l'intérêt des Chinois eux-mêmes d'opérer cette réévaluation. Je pense donc que la réévaluation du renminbi va se faire, de façon progressive. A l'autre extrémité il y a un pays qui accumule les déficits, les Etats-Unis. Mais là aussi, le balancier revient dans le bon sens. L'une des conséquences de la crise, c'est que le taux d'épargne des ménages américains est remonté en flèche. Des deux côtés de la balance, les forces rééquilibrantes sont en action.

    Si les ménages américains consomment moins, qui va tirer la croissance mondiale ?

    Un raisonnement simple voudrait que les ménages asiatiques prennent le relais des ménages américains. Mais ce raisonnement n'est pas sérieux. Il se vérifiera peut-être dans vingt ans. Pour l'instant, que ce soit en termes de quantité ou de nature de produits consommés, les ménages asiatiques ne peuvent pas remplacer les Américains. Si ceux-ci achètent moins de produits électroniques, un consommateur asiatique ne compensera pas en achetant davantage de riz. Les ajustements ne se font pas ainsi. Le monde demain ne sera pas identique à celui d'avant la crise. Il n'y a pas encore de réponse claire à la question du modèle de croissance de demain. Cela explique les inquiétudes causées par les divergences de croissance dans le monde. La sortie de crise à plusieurs vitesses crée de nouveaux déséquilibres et de nouveaux rapports de force.

    L'Allemagne a aussi été très critiquée, notamment par Christine Lagarde, pour ses excédents considérables. Partagez-vous cette critique ?

    Parlons d'abord de la zone euro. Du point de vue des équilibres mondiaux, la zone euro ne crée pas de problèmes. Mais à l'intérieur même de la zone, il y a des déséquilibres importants. Voilà dix ans que certains expliquent que l'euro n'est qu'à moitié achevé La réalité est en train de leur donner raison. L'absence de politique économique coordonnée est supportable en période calme, mais pas en période de crise.Une politique coordonnée au sein de la zone euro pourrait encourager une consommation plus forte en Allemagne.

    Comment traiter ces déséquilibres intra-européens ?

    Il faut créer des mécanismes de solidarité beaucoup plus puissants à l'intérieur de l'Europe. C'est aussi dans l'intérêt des pays qui exportent beaucoup. Des mécanismes de solidarité existent déjà comme les Fonds structurels et le Fonds de cohésion, dont ont bénéficié l'Irlande ou l'Espagne notamment. Mais actuellement, ces fonds ne sont pas à la mesure des défis que l'Europe doit relever.

    On dit cela depuis dix ans Et rien ne bouge !

    Peut-être un bien naîtra-t-il du mal qu'est la crise. Aujourd'hui, même dans les pays qui étaient hostiles à une forte intégration, les appels à une plus grande coordination sont manifestes. Un renforcement de la cohésion de la zone euro et de l'Europe est possible, une fois la crise passée.SUR LE MODELE LIBERAL PRONÉ PAR LE FMI Pendant longtemps, le "consensus de Washington", cette politique économique libérale préconisée par le FMI, a fait autorité La crise ne l'a t-elle pas dévalué ?

    Le consensus de Washington est mort. L'idée d'une politique économique universelle, c'est la médecine de Molière : la saignée, la saignée, la saignée. La médecine moderne, c'est le traitement individualisé On a beaucoup critiqué le FMI pour avoir imposé ce "consensus", mais il n'en a jamais été à l'origine : le monde entier croyait alors à ces axiomes. On a aussi critiqué le FMI à la suite de son intervention lors de la crise asiatique. Sans doute aurait-on pu gérer la crise asiatique avec un coût moindre pour les populations, en tenant compte des spécificités de chaque pays. Mais je me souviens - j'étais alors ministre des Finances à Paris - que le G7 a demandé au Fonds de contenir la crise dans les pays d'Asie où elles s'était développée et d'éviter qu'elle se propage au reste du monde. Il y est parvenu. De plus, j'observe que l'assainissement a été durable. Lors de cette dernière crise, les pays asiatiques ont admirablement résisté Leur système bancaire était solide, leur économie avait été remise sur pied. C'est notamment grâce aux progrès qui ont été accomplis depuis 1997.

    Y a -t-il un nouveau "consensus" qui émerge ?

    Le consensus qui naît, c'est la nécessité de coordonner des politiques économiques, ce sont les vertus du multilatéralisme. Nous retrouvons aujourd'hui les principes qui ont présidé à la création des institutions de Bretton Woods. Principe qui ont inspiré Keynes et White, après les grandes peurs de la guerre et de la crise des années 1930. Le rôle du FMI, c'est de contribuer au maintien de la paix, parce que les dysfonctionnements économiques risquent toujours de mettre en cause la stabilité politique. Il y a dix-huit mois, le risque de réédition de crise de 1929 était bien réel. Nos économies auraient pu plonger beaucoup plus gravement, s'il n'y avait pas eu coordination mondiale. Le FMI a joué son rôle : nous avons été les premiers à tirer la sonnette d'alarme, à proposer des solutions réputées "hétérodoxes" comme la nécessité d'une relance, et enfin en étant la cheville ouvrière de la coordination.

    Cette volonté de coordination ne va t-elle pas s'affaiblir avec la reprise ?

    C'est dans la nature humaine que les impératifs de court terme reprennent le dessus, lorsque les difficultés semblent s'éloigner. Pourtant, la volonté de travailler ensemble demeure. On la voit par exemple dans le processus du Mutual Assessment Program (MAP), où le FMI a pour mandat d'évaluer les orientations de politique économique des vingt pays du G20 d'ici à 2014, et va analyser la compatibilité de ces orientations. Il s'agit là d'une vraie mécanique de surveillance et de concertation mutuelle. 

    Propos recueillis par Laurent Chemineau et François Lenglet

    Beaucoup de langue de bois :, très politiquement correct


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    Comme mes graphiques l’avaient pressentis, la Vol à explosé, vers le haut.
    Les Bol se sont ouvertes, le triangle à était franchi à la hausse.

    Mais attention :

    Graphiquement : la dernière bougie AT n’est pas vraiment de nature à la continuation du mouvement aussi rapidement, mais la Mo150 elle est cassé.

    Donc continuation du mouvement, après certainement quelques séances de retour au calme.
    Economiquement :Il est évident qu’il y aura ( il y a déjà) des conséquences macro économique de cette crise de l’Euro.

    La Grèce et les pays attaqués actuellement ne peuvent pas s’en sortir uniquement en faisant des ajustement (douloureux ) en interne. Mais cela aura déjà des conséquences sur la croissance en Europe.

    Donc il faut  soit : faire sortir certaines monnaies, soit faire un euro a plusieurs vitesse, vous voyez les problèmes d’ici. Pour Nos banques qui sont impliqués.

    Deuxième solution (pour moi la seule envisageable), restructurer les dettes ( en clair, diminuer la dette de 20,30%) la aussi pertes pour nos institutions.

    En conséquence le scénario macro pour l’Europe n’est pas porteur.

    Mais n’oublions pas que tout cela vient quand même de nos politiques et de leurs imprévoyance ( pour ne pas dire autre chose) et c’est cela qu’il faut combattre.


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  • Poker menteur sur l’euro

    La Repubblica Rome

     

    160 milliards d'euros en jeu

    Roy McMahon

    Une partie mortelle se joue entre les Etats et les marchés. Il y a un enjeu, et il est de taille : c'est la survie de l'euro. Il y a un joueur, et son rôle est décisif : l’Allemagne qui, avec sa stratégie nationaliste risque de précipiter la fin de l'Union monétaire.

    C'est une autre "tempête parfaite" qui semble s’abattre sur la Grèce et sur l’Europe, sur les Bourses et sur la dette souveraine. Le Financial Times n'avait pas tort pas quand, au début du mois de février, il avait mis en garde le monde entier : attention, les hedge funds (fonds spéculatifs) ont dans leur besace 8 à 10 milliards de dollars de positions à court terme et ils sont prêts à les balancer sur les marchés pour parier sur l’effondrement de la zone euro sous le poids de l’endettement. L’attaque est partie et l’effet domino est non seulement possible, mais il devient probable. Ce bain de sang, qui a déjà coûté 160 milliards d’euros, nous enseigne deux choses fondamentales.

    Nouvelle offensive contre le Portugal

    Première leçon : les marchés nous montrent du doigt quelque chose, là-haut dans le ciel. Comme toujours, les idiots regardent le doigt et ne voient pas la lune. Le doigt, c’est la Grèce. Un pays désormais défaillant. Sa dette est rabaissée au rang d'obligations pourries. Selon les banques d’investissement américaines, c’est le marché le plus risqué au monde sur les titres à court terme. Dans ces conditions, plus la Grèce cherche des ressources sur le marché, plus elle serre la corde autour du cou de ses finances publiques. Plus elle tente de se sauver, puis elle s’étouffe. Tout cela était prévu. Et ceux qui aujourd’hui font semblant de pleurer versent des larmes de crocodile.

    Mais, dans la logique impitoyable des spéculateurs, Athènes est un leurre. Ce n’est pas le véritable objectif. Le vrai, la lune que nous ne voyons pas, est immensément plus grand : c’est l’euro. Au centre du tapis vert autour duquel s'affrontent les Etats et les marchés, il y a l’Union monétaire.  L’offensive d’ores et déjà lancée contre le Portugal le montre : voilà un pays dont la dette a été rétrogradée et dont le destin prend le même chemin que celui de la Grèce. C’est la prochaine victime sacrificielle.

    La position allemande "cohérente mais erronée"

    Mais jusqu’ici, il ne s'agit que de la défaillance de deux économies périphériques de la zone euro. Le désastre peut commencer juste après. Tragédie grecque, fado portugais, puis drame méditerranéen : l’Espagne et l’Italie sont déjà sur la liste noire des spéculateurs. "Pigs" ou pas "Pigs", nous parlons cette fois des troisième et quatrième économies de la zone euro, de pays considérés comme "too big to fail", c’est-à-dire trop grands pour faire faillite parce que "too big to bail out", trop grands pour être aidés. Mais il est clair que quand viendra le tour de Madrid et de Rome, on en sera déjà à discuter d’un autre monde et d’une autre Europe. C’est cela, la lune que la spéculation a en ligne de mire. Les marchés sont en train de parier sur l’effondrement de l’Union monétaire. Et la nouvelle, c’est qu’ils sont en train de gagner leur pari.

    Et voici la deuxième leçon. Les marchés sont en train de l’emporter parce que les Etats tirent à hue et à dia, et l'Allemagne plus que les autres.  L'axe franco-allemand qui a mené l’Europe dans les moments cruciaux s’est effondré et la chancelière Angela Merkel est aujourd’hui seule face au reste du continent. La débâcle grecque, avec les eurodélires déclenchés par le plan de sauvetage que les Allemands ont du mal à digérer et ne digéreront peut-être jamais, montre aujourd’hui l’autre visage de l’Allemagne. Dans la "tempête parfaite" de ces derniers mois, la position allemande est "cohérente mais erronée", comme l’a écrit à la mi-mars Wolfgang Munchau dans le Financial Times. Contrairement à ce qui s’est passé dans les plus beaux moments de l’histoire allemande de ces deux dernières décennies (depuis la réunification), l’Allemagne d’aujourd’hui adopte à l'égard de ses responsabilités envers l’Europe une approche égoïste et unilatérale.

    Les spéculateurs attaquent comme une meute de chiens les plus faibles du groupe

    Même le sommet européen extraordinaire convoqué en urgence le 27 avril a été repoussé au lendemain d'une échéance électorale nationale : le scrutin du 9 mai en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Le gouvernement Merkel ne peut et ne veut pas donner à son opinion publique l’impression de céder aux sempiternels "latinos", les pays laxistes et irrésolus du "Club Med". Par son attitude réticente, l’Allemagne a fourni des armes formidables aux spéculateurs. Si la zone euro n’est pas capable de se donner des règles identiques et partagées par tous pour la discipline des comptes publics, la stabilité des prix, la compétitivité de l’économie, alors l’euro ne peut pas tenir sur le long terme.

    Les spéculateurs du monde entier le comprennent et c’est pour cela qu’ils attaquent comme une meute de chiens les plus faibles du groupe. Les gouvernants et citoyens allemands en ont peur et semblent, pour cette raison, se projeter déjà vers une idée "différente" de la zone euro, d’une Union monétaire qui serait restreinte aux seuls pays qui acceptent des normes communes de rigueur comptable et de maîtrise de l’inflation. Selon ce scénario, nous n’aurions plus une monnaie unique, mais deux : un euro de première catégorie pour les pays du Nord, vertueux, et un euro de deuxième catégorie pour les pays du Sud, moins rigoureux.
Des économistes allemands et des banquiers anglo-saxons comme Martin Taylor l’ont théorisé ouvertement, et ont même trouvé un nom à ces nouvelles monnaies : le "neuro" et le "sudo". Cela a l’air d’un jeu, mais ce n’en est pas un. Les gouvernements d’Europe ne l’ont pas compris et continuent à plaisanter sous le volcan.

    Massimo Giannini

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