• Des villes américaines rétrécissent pour survivre à la crise économique

    La multiplication des logements abandonnés remet en cause le modèle de l'étalement urbain

     

     

    Rétrécir pour survivre : ce pourrait être l'ultime recours de dizaines de villes aux Etats-Unis, après les ravages de la crise des surprimes. Plus de 1,2 million de maisons ont fait l'objet d'une saisie, selon <st1:personname productid="la Brookings Institution" w:st="on">la Brookings Institution</st1:personname>, un think tank de Washington. Faillites, chômage : sous l'effet de la récession, plus de 18,7 millions de logements étaient inoccupés au deuxième trimestre, soit 14,2 % du parc total.

    Dans tout le pays, des quartiers se sont vidés de leurs habitants, jusqu'à présenter aujourd'hui le visage de villes fantômes. Au point que l'administration Obama s'intéresse à une solution radicale : la démolition pure et simple des quartiers périphériques ou fragiles pour aider le centre-ville à ressusciter. L'équivalent, en jardinage, d'une taille sévère.

    Le mouvement a germé à une centaine de kilomètres au nord de Detroit. Flint, berceau du groupe automobile General Motors et du cinéaste contestataire Michael Moore, l'une des villes les plus pauvres du pays, a passé au bulldozer des quartiers résidentiels entiers pour les rendre à la nature.

    La ville pourrait ainsi se contracter de 40 % pour concentrer services et activités : sa population est tombée de 200 000 habitants en 1960 à 110 000 aujourd'hui. La municipalité n'a plus les moyens d'entretenir les services publics urbains sur un territoire aussi vaste et dépeuplé. Réduire l'aire urbaine serait le seul moyen d'éviter la faillite.

    Le père de cette stratégie, Dan Kildee, occupe les fonctions de trésorier du comté de Genesee, dont Flint est le chef-lieu. Pendant la campagne présidentielle, M. Kildee avait fait part de ses observations au candidat Barack Obama. Celui-ci s'en est souvenu. <st1:personname productid="La Maison Blanche" w:st="on">La Maison Blanche</st1:personname> vient de le charger d'une mission : réfléchir à comment étendre l'expérience de Flint au reste du pays.

    M. Kildee a annoncé son intention de s'appuyer pour cela sur une étude de <st1:personname productid="la Brookings Institution" w:st="on">la Brookings Institution</st1:personname> sur la " revitalisation des vieilles cités industrielles américaines ", qui analyse le déclin économique et démographique des 65 villes les plus sinistrées. La plupart appartiennent à la " rust belt ", cette " ceinture de la rouille " qui concentre les industries sinistrées du nord-est du pays : Detroit, Philadelphie, Pittsburgh ou Baltimore.

    " La vraie question n'est pas de savoir si ces villes vont rétrécir - elles le font déjà toutes - mais si nous allons laisser cela arriver d'une manière destructrice ou constructive ", estime M. Kildee. Cette politique ne fait pas l'unanimité au sein d'une population qui vit ce repli comme une déchéance. " L'obsession de la croissance est malheureusement quelque chose de très américain ", analyse le trésorier de Genesee.

    Le processus de dissolution des banlieues déshéritées a pourtant commencé. A Pittsburgh, plus de cent parcelles ont été rasées et transformées en fermes urbaines et en jardins communautaires. A Detroit, où un tiers de la ville est à l'abandon, 16 millions de dollars vont être consacrés à la destruction de maisons. La municipalité, au bord de la faillite, envisage de diviser la ville en une série de centres urbains séparés par des zones vertes. A Flint, mille maisons ont déjà été démolies. Trois mille autres devraient suivre. Sur leurs ruines vont pousser prairies et forêts, comme si l'étalement urbain, marque de fabrique de la ville américaine, n'avait été qu'une parenthèse assez peu enchantée.

    La fin de règne n'a sans doute pas encore sonné pour le couple banlieue pavillonnaire - automobile. Mais même le Congrès américain redécouvre les vertus de la densité. Ses élus ont demandé au National Research Council d'évaluer l'impact environnemental d'une ville plus compacte, mêlant commerces, emplois et logements. Le verdict est tombé au mois d'août : doubler la densité urbaine actuelle d'ici à 2050 en construisant davantage dans les centres-villes et moins dans les périphéries pourrait faire baisser de 11 % les émissions de CO2 aux Etats-Unis.

    Grégoire Allix

     

    Le Monde change 


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