• Goldman Sachs attaqué pour fraude par la SEC

    Goldman Sachs attaqué pour fraude par la SEC :   la finance américaine à nouveau ébranlée  


    Lloyd Blankfein, PDG de Goldman.bloomberg

    En accusantGoldman Sachsde fraude, le gendarme de la Bourse américain fait vaciller la banque phare de Wall Street de son piédestal et cible l’un des instruments financiers qui a précipité la crise financière de 2008. Lloyd Blankfein,son PDG, pourrait bientôt s’expliquer publiquement devant le Sénat pour tenter de réparer la réputation du groupe.

    De notre bureau de New York.

    L’éléphant sacré de Wall Street a été touché. En attaquant pour fraude Goldman Sachs, la Securities and Exchange Commission (SEC) a créé un séisme qui fragilise une banque pourtant si puissante qu’on l’imaginait pratiquement intouchable. Sa réputation comme la relation de confiance qu’elle entretient avec ses clients sont aujourd’hui compromises. Si certains se réjouissaient ce week-end de voir le géant financier vaciller enfin – Goldman Sachs ne manque pas d’ennemis, encore plus depuis la crise financière de 2008 –, cette action a également suscité beaucoup d’inquiétude parmi les acteurs du marché complexe des produits dérivés, qui se demandent si un sort similaire les attend. Les noms de Deutsche Bank et de Citigroup sont notamment avancés. Mais c’est l’ensemble du secteur financier qui a marqué le coup sur les places boursières vendredi, l’onde de choc de cette action au civil promettant d’être énorme.Concrètement, le gendarme boursier américain reproche à Goldman Sachs d’avoir trompé ses clients au bénéfice du fonds d’investissement Paulson & Co., qui a fait sa récente fortune en jouant sur la baisse des valeurs immobilières. Un jeune Français âgé aujourd’hui de trente et un ans, Fabrice Tourre, qui travaillait à l’époque sur les produits dérivés pour Goldman à New York, est aussi visé par la plainte. Début 2007, celui-ci a monté à la demande de Paulson un CDO synthétique (« collatera lized debt obligation »), autrement dit un titre  représentatif de créances immobilières, les fameux « subprimes ». Baptisé Abacus 2007-AC1, ce CDO a été vendu à plusieurs investisseurs, dont l’allemand IKB et le néerlandais ABN AMRO, sans que ceux-ci sachent que Paulson avait activement participé à la composition du portefeuille ni qu’il allait prendre une position inverse… Au contraire, la SEC accuse Fabrice Tourre d’avoir laissé croire que Paulson investirait 200 millions de dollars dans le CDO. En à peine quelques mois, les investisseurs ont perdu 1 milliard de dollars dans l’affaire, tandis que  Paulson a gagné de son côté 1 milliard. Il a réglé 15 millions de dollars à Goldman Sachs pour avoir structuré Abacus et assuré son marketing.

    L’Allemagne pourrait attaquer

    Après avoir perdu 10 milliards de capitalisation boursière vendredi à la suite de cette annonce, la banque commence à préparer sa défense. Elle affirme que les faits incriminés« sont complètement infondés et qu’elle défendra vigoureusement sa réputation ». Lloyd Blankfein, son PDG, va peut-être s’expliquer prochainement, car il pourrait être auditionné par un comité au Sénat dans la semaine du 27 avril. Dans une lettre plus détaillée envoyée en deuxième partie de journée vendredi, la banque explique qu’elle« n’a pas mis sur pied un portefeuille destiné à perdre de l’argent »et qu’elle a elle-même perdu 90 millions de dollars dans l’affaire. Elle assure qu’  IKB  et  ABN AMRO  ont été amplement informés et souligne qu’il s’agit« d’investisseurs sophistiqués ». Elle admet que Paulson a participé à des discussions sur la sélection du portefeuille de contrats immobiliers mais, ajoute-t-elle,« c’est typique pour ce type de trans actions ». L’action de la SEC n’est pas seulement importante parce qu’elle touche des protagonistes en vue, mais aussi parce qu’elle cible le produit qui a accentué le déraillement du système financier. Wall Street s’est emballée pour les CDO synthétiques à partir de 2004. Quand le marché des « subprimes » ralentissait et que certains émetteurs commençaient à faire faillite, les banques trouvaient là une nouvelle matière, les assurances sur les crédits immobiliers (et non plus les crédits eux-mêmes), à packager. Selon le « New York Times », Goldman a créé 25 contrats Abacus entre 2004 et 2008. Les investisseurs qui sentaient le vent tourner en étaient particulièrement friands parce qu’un CDO implique qu’un investisseur parie sur la hausse et un autre sur la baisse du produit. Ceux qui, comme Paulson, avaient vu les limites des « subprimes » et ont joué à la baisse ont fait des fortunes. Mais ils ont aussi contribué à l’emballement du système, jusqu’à la faillite de l’assureur AIG, dont l’incursion sur le terrain des CDS a coûté 187 milliards de dollars aux contribuables américains.Les répercussions judiciaires pourraient être nombreuses. Ce week-end, le gouvernement allemand a fait savoir qu’il envisageait de poursuivre Goldman Sachs.« Le gendarme financier allemand BaFin va faire une requête auprès de la SEC pour obtenir des renseignements »et« après une étude attentive des documents, nous examinerons les recours juridiques »possibles, a affirmé un porte-parole. La banque allemande IKB avait été sauvée de la faillite au prix de plusieurs milliards d’euros d’argent public en 2008. Le Premier ministre britannique, Gordon Brown, a lui aussi demandé au régulateur de son pays (FSA) de lancer une enquête, se disant« choqué »par la« faillite morale »du système financier.

    Virginie Robert

    Voici encore un article sur la fraude. Beaucoup de livres (Montanier-2009), mais surtout les plus récents, Maillard – qui démontre qu’elle est essentielle dans le système actuel sinon il ne fonctionne pas, il dit même que le système et une immense pyramide de Ponzi- Stiglitz, Sen, etc…) le disent.

    J’ai regardé le nombre d’articles (depuis 2010)  traitant directement de « Fraude avérée et jugée» ( pas Madoff, etc..non les entreprises) dans Commentaires : 2%.

    Un des aspects que je n’avait pas vu sur le système et que la crise à révélé.

    Affolant.


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