• Le débat sur l’Etat social s’enflamme

    Le débat sur l’Etat social s’enflamme

    En dénonçant “l’esprit socialiste” et “décadent” de toute politique sociale, Guido Westerwelle, le vice-chancelier libéral du gouvernement Merkel, se hisse sur le devant de la scène. Non sans susciter de violentes critiques.

    25.02.2010 | Stephan Hebel | Frankfurter Rundschau


    “Quoi, vous avez un travail ? Et on peut en vivre ?”
    © Dessin de Bernd Zeller paru dans Die Welt, Berlin.

    Laissez donc Guido Westerwelle tranquille ! Il a raison, et à plusieurs égards ! Ceux qui considèrent tous les chômeurs comme des paresseux et des parasites comprennent le vice-chancelier quand il fulmine contre l’Etat social. Oui, celui qui travaille doit avoir plus que celui à qui l’Etat assure un minimum vital. Et, oui, nous aurions bien besoin d’un bon débat sur l’Etat social.

    S’il présentait un minimum de décence intellectuelle, ce débat serait d’une tout autre teneur que la campagne actuelle de Westerwelle. Essayons donc de nous faire un petit pense-bête des vrais sujets à aborder. Premièrement : ce n’est pas parce qu’on protège les citoyens des pires conséquences du chômage qu’on a affaire à un Etat envahissant. La protection des défavorisés n’est pas uniquement une obligation née du respect de la dignité humaine garanti par la Constitution ; c’est la conséquence historique de la grande pauvreté qui régnait au début de l’ère industrielle – quartiers misérables, salaires à la journée, révoltes aussi, qui ne plaisaient guère à la classe moyenne de l’époque. Les dirigeants politiques du xxie siècle un tant soit peu civilisés feraient bien de mettre en sourdine les tirades qui remettent globalement en cause les acquis sociaux.

    Deuxièmement : on a tout intérêt à mener le débat pour savoir comment assurer un minimum vital permettant de vivre dignement et comment l’articuler avec la promotion sociale et la formation continue. Le chômage de longue durée et l’exclusion ne peuvent se régler “uniquement avec de l’argent”, c’est aussi vrai que banal de le dire. Les extrémistes du genre de Westerwelle font comme si la solution, c’était moins d’argent. Ils ne parlent ni d’augmentation de l’aide sociale, ni d’alternatives à celle-ci, ne mentionnent pas les éléments d’un Etat social générant une réelle dynamique parmi les populations concernées. Et ils passent sous silence le fait qu’on ne peut acquérir de nouvelles compétences, de promotion sociale ou d’éducation sans argent.

    Troisièmement : l’Etat social coûte cher, mais nul ne dit pourquoi (sauf les populistes, qui veulent tout simplement le supprimer). Si l’Etat social coûte cher, c’est entre autres parce que nous avons accepté que des millions d’actifs restent au chômage sur de longues périodes. Il coûte cher parce que nous avons accepté que plus de 1 million de personnes travaillant jusqu’à 40 heures par semaine ne puissent pas vivre de leur salaire et qu’ils aient besoin des aides sociales prévues par la réforme du marché du travail [dite réforme “Hartz IV” du chancelier Schröder]. Il coûte cher parce que nous avons ignoré ce qu’il en coûte sur la durée d’exclure des familles de la vie professionnelle sur plusieurs générations.

    Quatrièmement : l’Etat social coûte certes cher, mais c’est le diffamer que d’affirmer sans cesse que “nous” – c’est-à-dire la classe moyenne, qui travaille bien sagement – ne pouvons pas nous le permettre. Cette classe moyenne a de bonnes raisons de se sentir mal à l’aise devant l’augmentation des impôts et devant le transfert croissant des coûts sociaux sur les salariés. Il n’est cependant pas si difficile de comprendre où va notre argent, l’argent des contribuables qui ont un emploi : il ne va pas uniquement à la couverture des frais de santé ou des retraites, il va aussi à la baisse des taux d’imposition les plus élevés. Le socialisme régnait-il dans l’Allemagne d’Helmut Kohl lorsque le plus fort taux d’imposition était à 53 %, et non à 42 % comme aujourd’hui (ou 45 % pour les revenus vraiment les plus élevés) ? Appauvrir l’Etat pour ensuite invoquer ses poches vides, c’est tromper les gens. Et c’est ce qu’ont fait Angela Merkel [chancelière chrétienne-démocrate, CDU] et le Parti social-démocrate de Gerhard Schröder [ancien chancelier, SPD] comme le FDP [Parti libéral de l’actuel vice-chancelier Guido Westerwelle], même s’ils s’efforcent aujourd’hui de se défausser de leur responsabilité.

    Cinquièmement : la meilleure recette contre le coût du chômage, c’est le travail. Un travail avec un salaire qui permet de vivre décemment et qui favorise la demande – même s’il faut pour cela l’aide d’un salaire minimum obligatoire. La vieille théorie selon laquelle la baisse des impôts (financée le cas échéant par des économies sur les prestations sociales) dope l’économie et crée automatiquement des emplois n’a rien à faire dans un débat sérieux sur l’Etat social.

    Sixièmement : si le consensus régnait sur tous ces points, on pourrait parler concrètement de l’organisation du système des garanties sociales. Et déterminer les secteurs où les aides financières peuvent être complétées ou remplacées par des investissements durables, par exemple la garde des enfants.

    Certes, on n’aurait pas là le débat que demande Westerwelle. On aurait un débat sérieux.

    J’aimerais entendre cela dans la bouche de notre journaliste, média, etc....
    Mais regardez aussi la violence des propos. La couverture du « Spiegel ».Le dessin de Stuttmann paru dans « Die Welt ».


    En Titre l'incroyable Guido (Westerwelle )


    La nous avons des relents d’un autre âge, et rien dans nos média !!!!!


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