• Le constat désabusé de Michael Moore, enfant trahi d'une société prospère

     

    Capitalism, a Love Story POURQUOI PAS

    Le constat désabusé de Michael Moore, enfant trahi d'une société prospère

    Un réquisitoire tardif contre les dérives du capitalisme à l'américaine

     

                Il faut prendre le titre du nouveau film de Michael Moore au pied de la lettre, en se souvenant des vers immortels de Fred Chichin et Catherine Ringer (les Rita Mitsouko) " les histoires d'amour finissent mal/en général ". Michael Moore s'est toujours mis en scène. Il y a vingt ans, on pouvait croire que le " moi " du film Roger et moi était là pour rendre service, pour guider le spectateur dans les méandres de la désindustrialisation. En fait, Michael Moore est de l'espèce des clowns qui se mettent en scène. Avec son sous-titre explicite This Time, It's Personal (" cette fois-ci, c'est personnel "), Capitalism, a Love Story assume cette dimension égocentrique.

    Voici donc l'autoportrait d'un enfant d'ouvrier américain, qui a grandi dans un monde où l'on changeait de voiture tous les ans, où l'on partait en vacances à New York, où, chaque année, papa gagnait un peu plus. Une belle séquence (car il s'en trouve dans ce collage) montre justement le père de Michael Moore devant un immense terrain vague où se tenait, il y a encore quelques années - au siècle dernier, dans un autre âge -, l'usine automobile pour laquelle il travaillait.

    Dès 1989, le réalisateur filmait le démantèlement de l'industrie automobile sur le territoire des Etats-Unis, raillant l'impuissance des syndicats, appelant à la révolte. Aujourd'hui, Michael Moore oscille entre la satisfaction masochiste du prophète de malheur à qui le temps a donné raison et la mélancolie de l'ex-petit garçon chassé d'un éden capitaliste qu'il a tant aimé.

    Cette veine autobiographique qui parcourt tout le film est souvent dissimulée par l'habituel bric-à-brac d'arguments qui constitue désormais la masse d'un long métrage de Michael Moore. Il faut dire que les derniers mois en ont produit assez pour réaliser des douzaines de versions de Capitalism, a Love Story, et Moore n'a rien perdu de son flair pour sélectionner les illustrations les plus saisissantes des dérives (ou de la vraie nature) d'un système.

    On découvrira donc, en début de film, les " polices de gueux morts " (dead peasant policies) que les grandes firmes américaines prennent sur la vie de leurs salariés, afin d'ajouter à leurs bénéfices commerciaux les revenus non imposables qu'apportent les décès prématurés de leurs collaborateurs. Ou la maison de correction privée du comté de Wilkes-Barre (Pennsylvanie), dont les gestionnaires rémunéraient les juges qui leur envoyaient de jeunes pensionnaires. Bien sûr, l'essentiel de l'argumentaire tourne autour du krach financier de l'automne 2008 et de ses causes. Or le phénomène a été couvert et analysé en profondeur, et Michael Moore arrive bien tard. Sur le front de l'investigation, la presse écrite a, cette fois, fait son travail, le metteur en scène ne peut ici prétendre combler un vide, comme il l'a fait au moment de Fahrenheit 9/11. Et sur le front comique, le présentateur Jon Stewart l'a de loin précédé.

    Si l'on s'est un peu intéressé aux événements financiers de ces derniers mois, la démonstration de Michael Moore n'apporte pas grand-chose de neuf. Mais on comprendra mieux au fil de séquences chantant les louanges de la fibre sociale de l'Eglise catholique, ou remontant de vieux films en super-8 tournés à l'époque de la grande prospérité, d'où vient cette figure singulière et attachante, que l'on sent aujourd'hui découragée. La dernière séquence montre un Moore en quinquagénaire fatigué, entourant le pâté de maisons de Wall Street d'un ruban jaune signalant le lieu du crime, suppliant les spectateurs de le rejoindre enfin dans son combat.

    Thomas Sotinel

    Film documentaire américain de Michael Moore. (2 h 06.)

    Ici lien vers une vidéo de Paul Jorion vantant ce Film :Le temps qu'il fait le 20 novembre 

    Je ne peux pas la copier car le serveur qui l’héberge y a adjoint des DRM.

    Cette vidéo me semble très importante car Jorion explique les différences « culturelles » entre <st1:personname productid="la France" w:st="on">la France</st1:personname> et les Etats-Unis, il met ainsi le doigt sur les « mauvaises interprétation » que nous faisons et les conclusions que nous en tirons.
    Mais il va aussi plus loin.

    Je ne vous cache pas l’opinion de Jorion est différente de celle de l’article ci-dessus.

    Pour se faire une opinion sur ce film intéressant de voir ce point de vue. Après a vous de juger.

    Cet article éclaire aussi le fonctionnement de nos médias.

    Vidéo A voir absolument ( <st1:metricconverter productid="15’" w:st="on">15’</st1:metricconverter>)


  • Commentaires

    1
    annacott
    Mercredi 15 Avril 2020 à 16:01
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