• L' arrivée du chômage structurel aux États-Unis bouleverse la société


     

     

    La crise a catapulté le taux de chômage à près de 10 %. Une situation quasi inédite qui remet en cause le « rêve américain ». Un tiers des ménages vit avec moins de 25.000 euros par an.

    Jay Herrera et Zevilla Jackson Preston avaient le même rêve : le rêve américain (voir leurs portraits ci-dessous). Celui de décrocher un bon job, une fois leur formation terminée ; d'acheter une grande maison qui serait revendue à bon prix une fois les enfants partis, et la perspective de bénéficier d'une confortable retraite, le portefeuille d'actions amassé au fil des années venant améliorer la pension des caisses publiques. Ils avaient aussi quelques certitudes. Leur vie serait meilleure que celle de leurs parents, qui avaient connu la Grande Dépression, et celle de leurs enfants serait elle aussi forcément meilleure. Et voilà que tout s'effondre.

    Le travail, ils craignent de le perdre avec la crise, comme 15 millions d'Américains. Leur pension sera maigre, leurs actifs, immobiliers comme boursiers, ayant fondu. Quant aux caisses de retraite publiques et privées, elles risquent l'insolvabilité dans les années qui viennent.

    Depuis quelques années déjà, l'écart entre riches et pauvres se creusait. La crise a fait le reste. Aujourd'hui, la mobilité sociale, ciment de la société américaine, a pris une nouvelle direction, vers le bas. C'est vrai en particulier pour les ouvriers, autrefois bien payés, grâce aux efforts des syndicats, dans l'industrie lourde - la métallurgie ou l'automobile. La désindustrialisation les a forcé à se rabattre sur un petit job, nettement moins bien rémunéré. La nouvelle « way of life » est désormais celle d'un taux de chômage structurel en hausse et d'une forte insécurité financière, sans compter les espoirs déçus.

    Eux qui croyaient en leurs capacités de réussir sont perdus. Certains iront voter, le 2 novembre prochain, pour exprimer leur colère contre l'establishment, démocrate comme républicain. D'autres resteront chez eux. L'Amérique d'aujourd'hui, engluée dans deux guerres impossibles à gagner, en Irak et en Afghanistan, et surtout, dans un marasme économique dont elle n'arrive pas à se sortir, ne les fait plus rêver.

    Progression de la pauvreté

    Depuis le printemps 2009, le taux de chômage n'est pas passé sous les 9,5 %, alors que, durant les années 2000, il dépassait rarement 6 %. Quelque 45 millions d'Américains, soit 15 % de la population, sont désormais pauvres, contre 13,2 % en 2008. Cette progression est la plus forte depuis que ces statistiques sont établies, en 1959, et ce taux est le plus haut depuis quinze ans. Le revenu médian des ménages est tombé de 51.726 dollars (36.950 euros) en 2008 à 50.221 (35.872 euros) l'an dernier. 35 % des ménages vivent avec moins de 35.000 dollars (25.000 euros) par an. Pas étonnant que le nombre des bénéficiaires de bons alimentaires (« food stamps ») du gouvernement ait bondi de 55 % entre décembre 2007 et juin 2010 (voir encadré). Dans ces conditions, l'optimisme légendaire des Américains ne peut que s'étioler : ils sont désormais une minorité à penser que leurs enfants auront un niveau de vie meilleur que le leur.

    Par Lysiane J. Baudu


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  • Le microcrédit, outil d'une mondialisation juste

    En permettant aux plus pauvres d'entreprendre, ces petits prêts renforcent l'égalité des chances

    Il y a ceux qui voient dans le microcrédit le remède miracle contre la pauvreté, et ceux qui n'en retiennent que le taux plus élevé et le risque de surendettement. Ces visions sont aussi inexactes l'une que l'autre.

    D'un côté, la lutte contre la pauvreté exige une panoplie de mesures qui varient selon l'état du développement du pays. Celles-ci peuvent aller d'une meilleure gouvernance à la politique de la santé. De l'autre, le risque lié à la dette n'est pas spécifique au microcrédit et le taux d'intérêt pèse peu sur des petits prêts de courte durée. A titre d'exemple, un prêt de 2 800 euros sur deux ans - qui correspond à la moyenne des prêts de l'Association pour le droit à l'initiative économique (ADIE) - représente un coût mensuel moyen de 16 euros et une échéance de 133 euros par mois, en échange d'un ensemble de services : le microcrédit proprement dit, mais aussi, le cas échéant, l'accès à une prime régionale, un prêt d'honneur complémentaire à taux zéro, la formation et l'accompagnement gratuits.

    L'impact direct du microcrédit se traduit par la création d'une activité économique génératrice de richesse, la sortie du chômage ou de l'exclusion, la création d'un ou de plusieurs emplois. Mais on parle peu des autres facettes de ce type de prêts. Si l'argent a, d'une façon générale, des sens multiples - il est l'instrument d'échange, d'épargne, d'investissement, de don -, le crédit a, en plus, un rôle psychologique et social important : faire crédit, c'est faire confiance, c'est-à-dire permettre de tisser du lien social autour des exclus de l'économie, en leur rendant dignité et confiance en eux-mêmes.

    C'est aussi permettre à ceux qui sont réduits par la pauvreté à vivre dans le présent de retrouver l'espoir et de se projeter dans l'avenir. Le microcrédit a cette qualité rare d'être un instrument de l'égalité des chances qui ne met pas en cause la répartition des richesses présentes, mais permet de mieux les partager dans le futur.

    Au-delà de son impact financier, économique et psychologique, le microcrédit a aussi un rôle sociétal important. " L'argent, comme le fumier, ne fructifie que si l'on prend soin de l'épandre ", disait le philosophe Francis Bacon (1561-1626), mais le microcrédit fait plus que fructifier en donnant à chacun le pouvoir de réaliser ses rêves et de prendre en main son destin. Il démocratise le pouvoir économique et crée un vrai contre-pouvoir aux excès du capitalisme.

    Si la démocratie ne se définit pas seulement par les institutions politiques et le droit de vote, mais aussi par le pouvoir de chaque citoyen de participer aux choix qui le concernent, le microcrédit, qui ouvre l'accès au capital à tous les acteurs économiques, rend effectif leur droit d'entreprendre. Il est l'outil de la démocratie économique. Cela n'avait peut-être pas grand sens à l'époque de la révolution industrielle, qui exigeait de grands investissements et de grandes usines, mais c'est vrai dans la nouvelle économie de services, qui permet de revenir vers les petites unités de production, où le capital et le travail sont entre les mêmes mains.

    Si l'on réfléchit à l'avenir de notre planète, il est difficile d'imaginer une économie fondée, au sommet, sur des grandes multinationales et, à la base, sur quatre milliards de pauvres, condamnés à vivre dans la misère faute d'accès à la terre, à l'eau ou aux services financiers. La mondialisation est irréversible, mais elle ne peut donner sa pleine mesure qu'en allant jusqu'au bout de la démarche, en donnant à chaque acteur économique la possibilité d'en profiter.

    C'est le but de la stratégie du " marketing à la base de la pyramide ", qui vise désormais à toucher les marchés des plus pauvres, où le nombre des transactions compense leur faible montant unitaire. C'est aussi l'objet du microcrédit qui permet à chacun de créer son propre emploi. Le microcrédit et l'entrepreneuriat social en général sont ainsi les outils d'un capitalisme à visage humain et d'une mondialisation compatible avec notre vision de la démocratie.

    Maria Nowak

    Mme Nowakest présidente de l'Association pour le droit à l'initiative économique (ADIE). Elle vient de publier " L'Espoir économique ", éd. JC Lattès.


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  • L'économie sociale, laboratoire de la lutte contre la pauvreté

    Novembre, mois de l'économie sociale et solidaire en France

    Pour lancer la troisième édition, en novembre, du " Mois de l'économie sociale et solidaire ", les ministres de l'économie, Christine Lagarde, de la jeunesse et des solidarités actives, Marc-Philippe Daubresse, et le secrétaire d'Etat chargé de l'emploi, Laurent Wauquiez, devaient installer, mardi 26 octobre, le nouveau Conseil supérieur de l'économie sociale et solidaire, instance nationale représentative des quatre grandes familles du secteur - associations, coopératives, mutuelles et fondations -, dont le périmètre s'élargit en 2010 aux entreprises à finalité sociale.

    La France, comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni et d'autres pays, compte sur ce secteur, en cette période de restriction des finances publiques, pour jouer le rôle d'amortisseur social. Pour ne citer qu'un exemple, celui du Royaume-Uni, les entreprises sociales, soutenues dès 2002 pendant la deuxième mandature de Tony Blair, le sont toujours par l'actuel premier ministre conservateur, David Cameron, qui vient pourtant d'annoncer la suppression d'un demi-million d'emplois publics en quatre ans.

    C'est une reconnaissance indirecte de l'impact économique du secteur. Lors de la présentation du " plan en faveur de l'économie sociale et solidaire ", le 19 octobre, Marc-Philippe Daubresse n'a pas manqué de rappeler que l'économie sociale, omniprésente dans le quotidien des Français à travers les produits équitables, les crèches associatives ou les services à la personne, pèse 8 % du produit intérieur brut (PIB), 2,2 millions d'emplois salariés et quelque 215 000 établissements.

    Mais les entreprises sociales sont-elles pour autant à même de réduire la pauvreté, qui croît avec la crise ? Les pouvoirs publics et les acteurs du secteur l'affirment.

    " Face à la professionnalisation de l'économie sociale, ces dernières années, la tendance lourde a été de passer d'un financement par subvention à un financement par la contractualisation entre l'Etat et les entreprises sociales ", remarque Jacques Defourny, directeur du Centre d'économie sociale de l'université de Liège et président d'EMES, un réseau de recherche européen sur l'économie sociale.

    L'impact social du secteur est aussi reconnu au niveau international. Dans le cadre du programme Local Economic and Employment Development (LEED), l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a montré le rôle central joué par l'entrepreneuriat social dans le monde en faveur de la lutte contre l'exclusion, de la réinsertion professionnelle, de la redynamisation des quartiers sensibles et des régions en retard de développement.

    Mais aucune mesure universelle ne peut chiffrer cette efficacité. Les limites de l'évaluation sont vite atteintes. En France, 49 % des entrepreneurs sociaux déclarent disposer d'outils pour mesurer l'impact social de leur activité. Mais " tous les champs d'activité - insertion, logement, santé, dépendance... - n'ont pas d'instrument de mesure et, lorsqu'ils en ont, ils leur sont propres. Un agrégat moyen pour plusieurs projets, voire pour plusieurs pays, paraît peu concevable, explique M. Defourny. En Europe, c'est par conséquent l'indicateur du nombre d'emplois qui est le plus utilisé, malheureusement, car la vocation de l'économie sociale et solidaire est bien plus large ".

    L'étude de l'université américaine Johns-Hopkins " Major Findings of the Johns Hopkins Comparative Nonprofit Sector Project ", la plus rigoureuse publiée ces dernières années en termes de comparaison internationale, constate qu'en moyenne les deux tiers des emplois rémunérés du secteur dit " non-profit " dans le monde sont investis dans les activités sociales (services aux personnes vulnérables, à la petite enfance, aux handicapés...), la santé et l'éducation. Et ce, dans des proportions variables selon les régions du monde : 73 % en Europe occidentale, contre 40 % en Europe centrale et orientale.

    Aux Etats-Unis, en Israël, en Australie ou au Japon, c'est le secteur de la santé qui est le plus investi par l'économie sociale. Depuis 2000, le gouvernement japonais a confié une partie de la prise en charge des personnes âgées dépendantes à des institutions de soins du secteur non-profit, appelées " takurojos ", de petites structures, comparées aux établissements classiques, mieux adaptées aux soins de la personne. " Les takurojos, perçues comme innovantes, se sont d'ailleurs multipliées ces dernières années ", affirme M. Defourny.

    Conditions de vie

    Mais l'impact de l'économie sociale sur la réduction de la pauvreté se distingue avant tout au niveau individuel, projet par projet, comme on a pu le constater dans les pays du Sud avec les activités de commerce équitable. Rémi Roux, cofondateur de la société Ethiquable, qui commercialise en France et en Belgique des produits venus d'Equateur, de Bolivie et du Laos, affirme réaliser une amélioration de 40 % des revenus des producteurs locaux. En termes de résultats, il en va dans les pays industrialisés comme dans les pays en voie de développement.

    " Ce sont les conditions de vie qui mesurent la pauvreté, plus que le nombre de pauvres ", explique ainsi Julien Damon, professeur associé à Sciences Po.

    " Le taux de pauvreté n'est pas forcément l'indicateur le plus judicieux pour comprendre l'impact de l'économie sociale, poursuit-il. C'est le "reste à vivre" qui mesure la pauvreté ", c'est-à-dire ce qu'il reste de pouvoir d'achat une fois payés le logement, l'alimentation et la santé.

    Au niveau européen, depuis 2001, le Comité de protection sociale - qui promeut la coopération entre Etats membres en matière de protection sociale - préconise aussi l'adoption, plutôt que d'indicateurs monétaires, d'indicateurs de conditions de vie, jugés plus comparables d'un pays à l'autre et plus efficaces pour un objectif global de réduction de la pauvreté.

    C'est l'approche adoptée par le Mouvement des entrepreneurs sociaux (Mouves), créé en France en février, qui a fait réaliser en septembre un sondage par TNS-Sofres sur les conditions de vie des Français afin de mettre en parallèle leurs besoins sociaux et les missions des entreprises sociales. Selon ce Baromètre des priorités sociales des Français publié à la mi-octobre, 12,3 % d'entre eux s'estiment en difficulté sur le logement, l'alimentation, la santé et l'accès aux moyens de communication. Les plus fragiles sont les chômeurs (33 %), les familles monoparentales (29 %), les ouvriers (25 %) et les employés (24 %).

    Pour lutter efficacement contre la pauvreté, les entrepreneurs sociaux proposent des réponses correspondant à ces carences : des réseaux d'épiceries solidaires, comme l'Association nationale de développement des épiceries solidaires (Andes), qui donne accès aux produits de consommation courante à 20 % au-dessous du prix usuel ; des campagnes de sensibilisation aux " écogestes " menées par les régies de quartier, qui permettent de réaliser une économie de 40 % par an, soit quelques centaines d'euros par famille, sur les factures d'électricité ; des dispositifs de logement ou de téléphonie solidaire.

    Décloisonnement

    A la Fondation Macif, qui soutient ce type de projets, " nos programmes, toujours pluriannuels, commencent par un diagnostic des besoins sociaux, fixent des objectifs de capacité d'essaimage, de création d'emplois et de pérennité du dispositif, et font l'objet d'évaluations annuelles. Celles-ci nous ont permis de constater, projet après projet, un impact non négligeable de l'innovation sociale sur la réduction de la pauvreté, indique le président, Alain Philippe. Mais l'économie sociale n'en a pas le monopole. Nous avons ainsi renoncé aux partenariats bilatéraux, qui nous mettaient en posture de guichet, pour passer à la cocréation de projets financés en multipartenariat, ouvert aux collectivités publiques et aux "capitalistes". "

    Ce type d'initiatives permet d'obtenir de meilleurs résultats dans un secteur où les projets sont locaux. Dans le cadre du " plan en faveur de l'économie sociale et solidaire " conçu selon les recommandations du rapport Vercamer publié en avril, le gouvernement a attribué 100 millions d'euros du grand emprunt à l'économie sociale, sous forme de prêts aux entreprises. " Le plus efficace en termes de lutte contre la pauvreté, c'est quand l'économie sociale et les politiques publiques se rejoignent ", estime Julien Damon, de Sciences Po.

    Anne Rodier

     

    Confrontés aux déficits publics, les Etats comptent sur les initiatives

    des " entrepreneurs sociaux " pour compenser leur désengagement

    Un secteur en cours de professionnalisation

    • Pour en savoir plus

      " Les objectifs de résultat en matière de lutte contre la pauvreté ", Julien Damon, rapport 2010 pour l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale, disponible en ligne

      sur le site de l'ONPES (www.onpes.gouv.fr).

      " L'économie sociale et solidaire, entreprendre autrement pour la croissance et l'emploi ", rapport de Francis Vercamer, avril 2010, disponible sur le site du ministère de l'industrie de l'économie et de l'emploi (www.minefe.gouv.fr).

      " Atlas de l'économie sociale et solidaire, en France et dans les régions ", téléchargeable sur le site du Conseil national des chambres régionales de l'économie sociale (www.cncres.org).


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  • Le Trésor devra encore sortir le chéquier pour Freddie Mac et Fannie Mae


     

    Les deux organismes américains de refinancement hypothécaire, qui ont cumulé près de 230 milliards de dollars de pertes en deux ans et demi, vont avoir besoin de nouvelles aides publiques pour se redresser.

    Les contribuables américains n'ont pas encore fini de mettre la main à la poche pour secourir les deux agences de refinancement hypothécaire Freddie Mac et Fannie Mae. Selon des projections de l'Agence fédérale du financement du logement (FHFA), la facture devrait en effet encore s'alourdir d'ici à 2013. De 6 milliards de dollars pour le scénario le plus optimiste, à 124 milliards selon les hypothèses les plus pessimistes, c'est-à-dire si le marché de l'immobilier venait à rechuter fortement. Cela porterait alors le coût total du sauvetage des deux principaux organismes américains de refinancement hypothécaire à 259 milliards de dollars.

    À titre de comparaison, l'addition du plan d'aide aux banques, si décrié et impopulaire au sein de l'opinion publique américaine, devrait s'élever « seulement » à 50 milliards de dollars.

    « Dans le scénario le plus probable, près de 90 % des pertes de Fannie Mae et de Freddie Mac sont déjà derrière nous », rassure Jeffrey Goldstein, sous-secrétaire aux dépenses domestiques au sein du département du Trésor. Cette hypothèse médiane, pour laquelle a été attribuée une probabilité de 80 %, entraînerait un surcoût supplémentaire de 19 milliards de dollars pour le contribuable (voir tableau ci-contre). Elle se base sur une baisse inférieure à 10% des prix de l'immobilier jusqu'à la fin 2011, avant un rebond qui les ramèneraient fin 2013 à leurs niveaux actuels.

    Le scénario catastrophe n'a pour sa part qu'une chance sur dix de se réaliser. Dans ce cas de figure, le taux de chômage élevé et le difficile accès au crédit entraineraient un repli de 25 % des prix de l'immobilier d'ici à la fin de l'année prochaine. Freddie Mac et Fannie Mae auraient alors besoin de 215 milliards de dollars. Après le versement de 91 milliards de dividendes à l'Etat, le coût supplémentaire se chiffrerait donc à 124 milliards. Mais certains analystes n'hésitent pas à avancer la somme de 1.000 milliards de dollars pour assainir définitivement les deux organismes.

    floués

    Le Trésor a déjà injecté 148 milliards de dollars sous forme d'actions préférentielles dans les deux établissements parapublics, dont le rôle est de faciliter le financement du marché immobilier américain. Pour y parvenir, ils détiennent ou garantissent environ la moitié des prêts au logement aux États-Unis. La crise des subprimes a donc été particulièrement dévastatrice. Depuis 2008, Freddie Mac et Fannie Mae ont ainsi perdu près de 230 milliards de dollars. S'estimant floués, ils demandent désormais aux banques de racheter pour des milliards de dollars d'obligations adossées à des crédits hypothécaires.

    par Jérôme Marin, à New York


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  • En Grande-Bretagne, dix ans de crise


     

    En Grande-Bretagne, la crise des fonds de pension a commencé il y a dix ans. Dans le secteur privé, l'essentiel de la retraite provient des fonds de pension (en plus d'une retraite d'État minimum de 450 euros par mois), mais ceux-ci se sont retrouvés en fort déficit avec l'explosion de la bulle Internet.

    Très exposés aux marchés actions, ils ont alors entrepris de diversifier leurs actifs, pour investir à l'étranger, en obligations, mais aussi dans des actifs plus exotiques (monétaire, fonds alternatifs, matières premières...). Alors qu'ils étaient tout juste en train de se redresser, la crise financière les a fait rechuter. Sur les 6.650 fonds de pension qui garantissent le niveau de la retraite des employés (dits « defined benefit »), plus de 4.400 sont actuellement en déficit. Le trou total varie fortement d'un mois sur l'autre en fonction des fluctuations des marchés : il a été estimé à 23 milliards d'euros en septembre, trois fois moins qu'en août, selon le Pension Protection Fund, un organisme d'État. Les grandes entreprises, comme British Airways ou British Telecom qui ont des systèmes de retraite historiquement généreux, sont particulièrement touchées.

    Dans ces circonstances, les entreprises ont progressivement entrepris de fermer leurs fonds de pension dits « defined benefit ». À la place, ils proposent des fonds dits « defined contribution » : le montant de la retraite n'est plus garanti, et c'est désormais l'employé qui prend le risque d'une chute des marchés. Désormais, moins du quart des fonds de pension « defined benefit » sont encore ouverts à de nouveaux membres.

    Éric Albert, à Londres


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