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Corée du Sud : le plan de relance le plus vert du monde?
- · Qui a dit : «Si nous réussissons cette politique, nous serons les premiers au monde à y parvenir et beaucoup d'autres pays essaieront d'imiter notre stratégie de croissance verte»? Barack Obama à propos de son projet de loi sur le climat? Jean-Louis Borloo en parlant du Grenelle de l'environnement? Pas du tout. Ces mots sont ceux de Han Seung-soo, premier ministre sud-coréen, lors de la présentation de son plan de relance vert début 2009. Comme quoi le patriotisme de la croissance verte est un langage international.
De manière assez inattendue pour un Etat qui reste le dixième émetteur mondial de gaz à effet de serre, qui dépend à 97% de l'importation de carburants et qui n'avait pas jusque-là brillé par son tropisme écologique, <st1:personname productid="la Corée" w:st="on">la Corée</st1:personname> du Sud s'est brusquement retrouvée dans les palmarès des analystes de l'économie écologique après l'annonce de son plan de création de nouveaux emplois verts en janvier dernier. Selon une étude de la banque britannique HSBC qui a comparé les plans de relance mondiaux, c'est le programme de sortie de crise le plus vert du monde. Plus de 80% de ses 36 milliards de dollars (25 milliards d'euros) doivent être investis dans des activités protégeant le climat: énergie propre et recyclage, voitures vertes, logements efficients énergétiquement, infrastructures de transports et grands travaux fluviaux.
Objectif : créer 960.000 emplois, dont 149.000 dès 2009, essentiellement dans la construction. Le budget total du plan de relance sud-coréen équivaut à 3,9% du PIB. <st1:personname productid="la Corée" w:st="on">La Corée</st1:personname> du Sud connaît une situation économique très difficile depuis 2008 et endure sa première récession depuis la crise des marchés asiatiques. En 2009, HSBC prédit une baisse de 3,2% de son PIB avant une croissance de 4% en 2010.
Combien de Coréens pour changer un million d'ampoules?
Mais c'est dans les détails, parfois farfelus, que ce plan prend toute son ampleur: un million de nouveaux logements verts, un million de logements déjà existants réhabilités énergétiquement, 7 milliards de dollars (4,9 milliards d'euros) investis dans des lignes ferroviaires à grande vitesse, <st1:metricconverter productid="4.000 kilomètres" w:st="on">4.000 kilomètres</st1:metricconverter> d'autoroutes cyclistes, dont 200 le long de la frontière de la zone démilitarisée en bordure de <st1:personname productid="la Corée" w:st="on">la Corée</st1:personname> du Nord, le changement de toutes les ampoules de tous les bâtiments publics – pour les remplacer par des diodes lumineuses beaucoup moins consommatrices d'énergie... selon l'anecdote du Guardian qui a enquêté sur les dessous du plan vert sud-coréen: le secrétaire «à la vision du futur», Kim Sang-hyup, adjoint du président sud-coréen Lee Myung-bak s'est même amusé à compter combien de Coréens seraient nécessaires pour changer un million d'ampoules.
D'ici à <st1:metricconverter productid="2020, l" w:st="on">2020, l</st1:metricconverter>'extension des réseaux de transports en commun urbains, de train et le développement des voitures électriques (Hyundai, Kia) sont censés réduire de 20% les émissions de gaz à effet de serre dans les transports. Le secteur forestier doit embaucher 50.000 personnes pour en développer la capacité de pompage du carbone, et construire la première usine du pays alimenté aux copeaux de bois.Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a publiquement rendu hommage aux efforts de «new deal» vert de son pays natal. <st1:personname productid="la Corée" w:st="on">La Corée</st1:personname> du Sud annonce aussi vouloir devenir le premier pays au monde à utiliser un réseau électrique «intelligent» mobilisant les technologies de l'information pour améliorer l'efficacité de son transport d'électricité.
· Du vert... au gris ciment?
Cette nouvelle politique verte pour <st1:personname productid="la Corée" w:st="on">la Corée</st1:personname> du Sud complète d'autres récentes innovations: en 2008, <st1:personname productid="la Corée" w:st="on">la Corée</st1:personname> du Sud a mis au point le premier système au monde capable de mesurer et d'étiqueter les produits en fonction de leur coût en carbone du début à leur fin de vie. Et d'ici la fin de l'année, le gouvernement doit faire voter une loi sur le changement climatique qui pourrait obliger le pays à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 3,2% en 2012 par rapport à 2005. Il s'apprête aussi à fixer des objectifs en hausse sur le recours aux énergies renouvelables: 5% en 2011, 11% en 2030 (il n'était que de 2,3% en 2006).
La plus grosse usine marémotrice au monde est en construction à Siwha. Elle devrait fournir 254MW, soit l'équivalent de 862.000 barils de pétrole chaque année. Une autre centrale, trois fois plus grosse, pourrait voir le jour en un autre endroit du pays, à Ganghwa.
Evolution du PIB sud-coréen.
Evidemment, la grande question c'est: tout cela va-t-il fonctionner? Ce plan relance va-t-il réellement verdir l'économie sud-coréenne? Bien trop tôt pour répondre, alors que les modalités de ces annonces ne sont pas encore toutes arrêtées. Mais sur place les écologistes se montrent méfiants: l'actuel président coréen est l'ancien directeur de Hyundai construction, branche BTP du géant mondial. Lorsqu'il était maire de Séoul, l'un de ses projets verts fut le découvrement de la rivière Cheongye, désormais à l'air libre... mais bordée de ciment et de néons.
Ce sont surtout les grands travaux fluviaux qui inquiètent les défenseurs de l'environnement: destinés à réduire les risques de sécheresse, ils risquent de passer par la construction de barrages et de berges de ciment. D'autres craignent que les projets de lotissements verts ne servent d'alibi à la destruction de la ceinture végétale qui entoure Séoul. La croissance verte sud-coréenne risquerait alors de sérieusement se teindre en gris.
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