• Dilemme : Face au chômage: fléxibilité ou partage du travail?

    Face au chômage: fléxibilité ou partage du travail?

     

    La montée du chômage est sans doute la principale menace sur la reprise. Inquiets quant à leur avenir, les ménages épargnent une part plus importante de leurs revenus - lesquels fléchissent quand les chômeurs sont mal indemnisés ou obligés d'accepter des diminutions de salaires pour retrouver un emploi. Ce qui pèse sur leur consommation.

    Tous les pays ne sont cependant pas également touchés. Aux Etats-Unis, le taux de chômage a plus que doublé en deux ans, passant de 4,6% en 2007 à 9,8% en septembre 2009. Le bond est encore plus gigantesque en Espagne, où près de 20% de la population active sont aujourd'hui à la recherche d'un emploi. En revanche, le chômage n'a accusé en Allemagne qu'une hausse de 0,5 point, pour s'établir à 7,6%, alors que le décrochage de l'activité, mesuré par le recul du produit intérieur brut (PIB), y a été nettement plus sévère qu'aux Etats-Unis.

    Comment s'explique ce paradoxe? Outre-Atlantique, où il est facile pour les entreprises d'ajuster leurs effectifs, celles-ci ont massivement licencié. En Allemagne, elles ont au contraire gardé leurs salariés, en abaissant la durée du travail et en ayant recours au chômage partiel. Deux modèles diamétralement opposés: aux Etats-Unis, l'ajustement à la baisse d'activité se traduit par une diminution du nombre de personnes en emploi et repose essentiellement sur les salariés qui perdent leur poste. Outre-Rhin, l'ajustement passe par une baisse du nombre d'heures travaillées et son coût est réparti entre les entreprises, les salariés et l'Etat, qui en assume la part la plus importante.

    La France se situe à mi-chemin de ces deux modèles. Le taux de chômage avoisine 10%, contre 7,5% il y a deux ans. Comme aux Etats-Unis, les entreprises hexagonales ont réduit leurs effectifs, particulièrement en mettant fin aux contrats d'intérim et aux contrats à durée déterminée (CDD). "L'emploi intérimaire a représenté plus de la moitié des destructions d'emplois qui ont eu lieu entre le 1er avril 2008 et le 30 juin 2009, alors que sa part dans les effectifs salariés totaux n'était que de 3,6% fin 2007", souligne Maxime Liégey, du Centre d'analyse stratégique (1). Et pour leurs salariés en contrat à durée indéterminée (CDI), elles ont aussi eu recours au chômage partiel. Le coût de l'ajustement est donc en grande partie supporté par la frange de la population active la plus vulnérable, en général la plus jeune et la moins qualifiée.

    A court terme, ces évolutions du marché du travail se traduisent par une remontée sensible du taux d'épargne, de 15% à 16,6% du revenu disponible entre le troisième trimestre 2008 et le deuxième de 2009. C'est pourquoi la consommation des ménages, qui est traditionnellement le principal moteur de la croissance en France, a stagné au troisième trimestre.

    A plus long terme, compter sur le retour de la croissance pour rétablir le plein-emploi, c'est faire un pari bien hypothétique. En 2011, le taux de chômage devrait être encore supérieur à 10% en France, selon les dernières prévisions de l'OCDE. Avec tous les effets délétères du chômage de masse et de longue durée sur le tissu social. Pour éviter ce scénario, l'Allemagne a fait le choix d'une forme de partage du travail. Bien qu'à rebours des idées ambiantes dans l'Hexagone, ce thème pourrait redevenir d'actualité.

    Taux de chômage harmonisé (en% de la population active) et variation du PIB entre le deuxième trimestre 2008 et le troisième trimestre 2009 (en points de%)


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