• Fonds de pension publics américains : attention, danger de sous-financement

    Fonds de pension publics américains : attention, danger de sous-financement

    De nombreux fonds d'État affichent des ratios de provisionnement très inférieurs à 100 %. Le système repose sur des espérances de rendement difficilement réalisables.

    Faillite, banqueroute, sous-financement. Les qualificatifs dénonçant la situation des fonds de pensions publics américains ne manquent pas. Une étude menée par Joshua Rauh, économiste à l'université de Northwestern, montre que sept États auront épuisé leurs actifs d'ici à 2020, tandis que la moitié sera à court d'argent d'ici à 2027. L'économiste estime même à 3.400 milliards de dollars le déficit des fonds de pension publics américains. De son côté, Bloomberg, dans un rapport daté du 15 septembre, montre que moins de la moitié des États sera en mesure de verser 80 % des prestations promises, l'Illinois n'en couvrant à peine que 50,6 %.

    Ce sous-financement s'explique principalement par l'utilisation d'un taux d'actualisation des engagements moyens compris entre 7 % et 8 %. À titre d'exemple, le californien CalPers (photo), le plus gros fonds de pension public américain avec 218 milliards de dollars d'actifs, a fixé son taux d'actualisation à 7,75 % en 2003 pour les dix prochaines années.

    Difficilement tenable dans l'environnement économique et financier actuel. Même si l'intérêt de retenir un taux d'actualisation élevé diminue l'effort de cotisation demandé, il est difficile aujourd'hui de trouver des actifs délivrant au minimum ce rendement. Pour y parvenir, les fonds de pension n'hésitent pas à prendre plus de risques, notamment en s'inspirant des hedge funds. John Dear, le patron de CalPers, assume cette prise de risque, déclarant que « réaliser un rendement annuel de 7 % à 8 % n'a rien d'irréel ».

    En revanche, pour Frederick Rowe, président de Greenbrier Capital Partners, « c'est de la folie de penser qu'un fonds de pension fasse mieux que l'économie ». La solution pourrait être de baisser ce taux. Pas tout à fait car, « si on place les cotisations à un taux inférieur au taux d'actualisation des engagements, on accumule un passif actuariel croissant », explique Philippe Desfossés, directeur de l'Erafp (Établissement de retraite additionnelle de la fonction publique). (Lire aussi page 4.)

    Comment alors rectifier le tir ? Il sera difficile de faire marche arrière car ces fonds sont à prestations définies (la somme versée aux pensionnés est fixée par avance). Puisque c'est un droit, les fonds ont l'obligation d'honorer leurs promesses - dans le cas contraire, cela pourrait se terminer devant la justice.

    Un plan de sauvetage ?

    D'autres solutions sont avancées. Il y a d'abord la possibilité d'augmenter les cotisations des pensionnés ou les impôts : pas très populaire ni très efficace, mais davantage que de baisser le niveau des pensions. « Les États pourraient aussi ne plus proposer de plan à prestations définies aux nouveaux entrants dans le secteur public mais des plans à cotisations définies, indique John Hall, responsable de l'équipe internationale pour l'Europe chez Mercer. Cela représenterait un changement du système. » Certains spécialistes, plus radicaux, proposent un plan de sauvetage, évalué à 1.000 milliards de dollars, à l'instar de l'action du gouvernement fédéral pour le secteur bancaire.

    Le problème est donc de taille. D'autant que cela pèse sur le budget des États garants des fonds de pension publics. Certains évoquent même un risque systémique. D'autres comparent ces fonds de pension publics aux subprimes. Ces crédits hypothécaires promettaient des rendements élevés et réguliers, quasi garantis. Comme pour les fonds de pension, ces hypothèses de rendement n'étaient pas raisonnables. La suite, on la connaît.

    Thierry Serrouya


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