• La destruction de la nature s'accélère sous les tropiques

    La destruction de la nature s'accélère sous les tropiques

    L'humanité dilapide ses ressources naturelles plus vite qu'elles ne peuvent se régénérer, selon un rapport du WWF

     

     

    La santé de la planète ne s'améliore pas, indique le rapport Planète vivante, rendu public le mercredi 13 octobre par le WWF (Fonds mondial pour la nature).

    Publié tous les deux ans depuis 1998, ce rapport s'appuie sur deux outils d'analyse. Le premier est l'empreinte écologique : cet indicateur évalue la superficie terrestre et le volume d'eau requis pour satisfaire la consommation de chaque pays et absorber le dioxyde de carbone rejeté. De son côté, l'indice planète vivante (IPV) agrège les évolutions des effectifs de nombreuses populations de mammifères, d'oiseaux, de poissons, de reptiles et d'amphibiens.

    L'empreinte écologique mondiale, qui a doublé depuis le milieu des années 1960, excédait de 50 % la biocapacité de la planète en 2007 (dernières données disponibles). Cela signifie que l'humanité consomme les ressources naturelles plus rapidement que les écosystèmes ne peuvent les régénérer et produit plus de CO2 qu'ils ne peuvent en absorber. En 2007, elle a ainsi utilisé l'équivalent d'une planète et demie. Cette évolution est en grande partie imputable aux émissions de gaz carbonique.

    L'IPV n'est pas plus rassurant : basé sur les tendances concernant 7 953 populations de 2 544 espèces, il montre une diminution d'environ 30 % entre 1970 et 2007. Les statisticiens ont pu différencier les évolutions selon les grandes zones géographiques : il apparaît que, dans les pays tropicaux, l'IPV a chuté de 60 % environ depuis 1970, alors qu'il a progressé de près de 30 % dans les pays tempérés.

    " Déclin à long terme "

    Ce paradoxe s'explique par le fait qu'en 1970, les pays tempérés (c'est-à-dire industrialisés) avaient déjà largement dégradé leur environnement. Les politiques de conservation des espèces entreprises à partir de cette période ont eu des effets positifs.

    En revanche, les pays tropicaux, sous-développés pour la plupart, possédaient une faune très abondante en 1970, que l'important développement qu'ils ont connu depuis a fortement décliné. Les pays tropicaux rejoignent en fait le niveau de destruction connu auparavant par les pays tempérés. " Si l'indice tempéré remontait des siècles en arrière plutôt que des décennies, il montrerait probablement un déclin à long terme, au moins aussi important que celui constaté récemment pour les écosystèmes tropicaux, tandis qu'un indice tropical à long terme montrerait probablement un taux de changement beaucoup plus lent avant 1970 ", note le rapport.

    Le document relève aussi que les pays aux revenus les plus élevés exercent une pression plus grande que les pays moins développés. En 2007, les 31 pays membres de l'OCDE représentaient 37 % de l'empreinte écologique de l'humanité. Mais les 10 pays de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est et les 53 membres de l'Union africaine ne représentaient que 12 % de l'empreinte mondiale.

    L'empreinte écologique des BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) est presque identique à celle des pays de l'OCDE, avec une population près de deux fois plus élevée.

    Si l'on raisonne par habitant, on observe que l'empreinte écologique individuelle des pays à faible revenu a diminué entre 1970 et 2007, tandis que celle des pays à revenu moyen a augmenté légèrement. L'empreinte écologique des pays à revenu élevé a non seulement augmenté de façon significative, mais éclipse celle des deux autres groupes de revenu : les pays riches ne montrent pas l'exemple.

    Hervé Kempf


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