• La maison passive, une solution pour réduire sa facture énergétique

    La maison passive, une solution pour réduire sa facture énergétique

    Grâce à une isolation renforcée, les logements de demain se passeront peut-être de chauffage

    HABITAT

    Vanter les vertus d'une maison sans chauffage où il fait bon vivre, après la vague de froid que vient de connaître l'Europe début janvier, peut sembler provocant. Notamment pour les Français étranglés financièrement par leurs factures de gaz ou d'électricité. Il pourrait pourtant s'agir de la solution économique et écologique de demain. Après la maison " écolo ", BBC (bâtiment basse consommation), HQE (haute qualité environnementale), voici la maison " passive ". Dans cet habitat, point de convecteur ou de radiateur. Tout est affaire d'isolation et de ventilation. Le chauffage provient de la chaleur corporelle dégagée par les habitants, leurs activités (cuisiner, regarder la télévision, utiliser un ordinateur, etc.) ou simplement l'éclairage.

    Fin 2009, on recensait cent cinquante constructions de ce type sur l'ensemble du territoire. Un chiffre, certes modeste, comparé aux 17 000 réalisées en Europe ces dernières années - dont plus de la moitié en Allemagne -, mais qui progresse rapidement.

    Une maison passive consomme en général 90 % d'énergie de moins qu'une construction classique (soit 15 kWh/m2, contre 150 kWh/m2, par an) et assure une température moyenne intérieure de 20 oC. Elle ne rejette que très peu de CO2 et permet de diminuer fortement la facture finale. Soit 30 euros par mois pour l'ensemble de la maison (éclairage, électroménager, eau chaude, etc.).

    " Un ménage français dépense en moyenne 1 200 euros par an pour se chauffer, rappelle Anne Gérin, de l'association La Maison passive France. Si on prend en compte les augmentations annuelles des différentes énergies utilisées pour se chauffer, au bout de cent ans, une habitation coûte cinq fois son prix initial, dont quatre en chauffage. " D'où l'intérêt de repenser les systèmes de chauffage, en réduisant au maximum les consommations inutiles et en utilisant les énergies disponibles : en premier lieu l'énergie solaire. Une maison bien orientée permet ainsi des économies substantielles.

    Mais ce n'est pas suffisant. Construire ou rendre sa maison passive passe par plusieurs étapes : isoler les murs extérieurs - si l'isolation par l'extérieur se révèle impossible, on travaillera sur les murs intérieurs -, le toit, le sol ; poser des fenêtres à double ou triple vitrage afin de garder la chaleur à l'intérieur. Il faut aussi supprimer tous les " ponts thermiques ", souvent des points de raccord entre les différentes parties de la maison, par lesquels la chaleur peut s'échapper.

    L'objectif est que la maison soit aussi étanche que possible à l'air. Mais il faut veiller à ce que le renouvellement de l'air soit assuré par un système de ventilation mécanique et de circulation performant à double flux. Dans les régions méridionales, l'été, le système de ventilation doit permettre d'évacuer les calories sans utiliser de climatisation. Dans le nord de la France, le problème est inverse. Il faut engranger des calories. En cas de grand froid, rien n'empêche d'avoir un chauffage d'appoint, comme un poêle à bois ou une cheminée, mais à usage exceptionnel.

    A Egedal, près de Copenhague, au Danemark, 400 maisons basse consommation, construites dans le cadre d'une expérimentation avec la municipalité, affichent une consommation inférieure à 15 kWh/m2 par an grâce à une isolation en laine de roche, le recours au triple vitrage et une ventilation double flux. Sur le toit, des panneaux solaires fournissent l'eau chaude de la maison.

    A l'intérieur, le thermomètre affiche fièrement 22o C, malgré une température extérieure inférieure à 10 oC. " Ce système nous a permis de diviser par deux notre facture de chauffage, déclare Berit Schau, le propriétaire des lieux, qui ne regrette pas son ancienne maison dans le centre de Copenhague. Nous vivons dans une maison plus saine, avec un système de ventilation qui renouvelle l'air toutes les deux heures. En quelques mois, l'asthme de notre fils a disparu. "

    Sur le mur du salon, un écran permet de suivre en direct les consommations d'eau et d'électricité. Cela permet ensuite de les comparer avec celles des voisins. A quelques kilomètres de là, le centre de recherche et de développement de la société Rockwool fonctionne, lui aussi, sans chauffage l'hiver ni climatisation l'été grâce à une isolation en laine de roche hautement performante, des fenêtres à triple vitrage et un système de ventilation naturel.

    En période de grand froid, un système de chauffage au gaz naturel avec des radiateurs intégrés dans les murs peut être activé. Et, pour diminuer encore la consommation d'énergie, des panneaux solaires sont installés sur le toit. Bilan : pas plus de 15 kWh/m2 par an.

    Reste que la maison passive n'est pas encore à la portée de toutes les bourses. " Ce type de construction revient aujourd'hui 10 % à 25 % plus cher qu'une maison traditionnelle, déclare Frédéric-Jérôme Cardona, chef de projet chez Maison Respekt (Rockwool). Ce qui est souvent trop cher pour les primo-accédants. " Car s'il existe des aides pour la rénovation (crédit d'impôt, TVA réduite à 5,5 %, subventions de l'Agence nationale de l'amélioration de l'habitat), rien n'est prévu pour les habitations nouvelles, à part quelques aides distribuées par les régions ou les départements. Dommage, car au bout de plusieurs années l'investissement se révèle rentable.

    Martine Picouët

    http://www.lamaisonpassive.fr/spip/index.php

    http://www.maison-respekt.fr/

    Quatrièmes Assises nationales de la construction passive, les 25 et 26 mars 2010, dans le cadre du Salon européen du bois de Grenoble.

    Réglementation et labels

    La réglementation thermique 2005 (RT 2005) impose une dépense énergétique comprise entre 80 et 250 kWh/m2 par an. Elle tient compte de la zone climatique et du chauffage utilisé.

    Haute performance énergétique (HPE) Consommation inférieure de 10 % à celle de la RT 2005.

    Très haute performance énergétique (THPE) Consommation inférieure de 20 % à la RT 2005.

    Bâtiment à basse consommation (BBC) Consommation entre 40 et 70 kWh/m2 par an.

    Maison passive : label européen Le besoin en chauffage ne doit pas excéder 15 kWh/m2 par an, quelles que soient l'altitude et la zone climatique. L'énergie finale doit atteindre au maximum 40 kWh/m2 par an.

    lien : Le développement durable


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