• La negociation bute sur les divergences Nord-Sud

    La négociation bute sur les divergences Nord-Sud

    Les pays en développement refusent la disparition des objectifs contraignants d'émissions de CO2 fixés à Kyoto


    Copenhague envoyée spéciale

    La présidente de la conférence Connie Hedegaard est soupçonnée de faire le jeu des pays développés et l'accord sur la protection des forêts tropicales - peut-être présenté un peu vite comme le plus facile à boucler - montre lui aussi que la défiance entre le Nord et le Sud est telle qu'elle bloque jusqu'à présent toute avancée notable dans les négociations.

    En se séparant mardi vers une heure du matin, les pays qui négocient le projet de mécanisme baptisé REDD (reducing emissions from deforestation and degradation), destiné à rémunérer les pays qui protègent leurs forêts, constataient leur incapacité à s'entendre sur les différents paramètres de l'accord avant l'entrée en scène des ministres prévue officiellement mardi, en fin de journée. " On ne peut quand même pas nous demander d'hypothéquer notre souveraineté nationale sans aucune contrepartie concrète ", constatait un délégué d'un pays africain.

    La liste des sujets que devront trancher les ministres de l'environnement voire les chefs d'Etat s'allonge alors qu'il ne reste plus que quatre jours de négociations. " Si on laisse aux dirigeants le soin de tout régler à la dernière minute, on risque d'avoir un accord faible ou pas d'accord du tout ", a mis en garde le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon.

    C'est certainement pour empêcher ce mauvais scénario que Connie Hedegaard a multiplié les consultations restreintes avec quelques pays dont les ministres sont présents depuis le début de la semaine à Copenhague. Mais cette méthode a été très critiquée par les petits pays laissés à l'écart. " Dans une négociation onusienne, il ne peut pas y avoir deux catégories de pays. Les négociations doivent être transparentes et tout le monde doit pouvoir participer ", déplore un représentant du Bangladesh.

    Cette erreur de méthode écorne la légitimité de la présidence alors que sur le fond des discussions, les grandes lignes de fracture entre les vieux pays industrialisés et les pays en développement restent entières. " Les pays du sud ont une attitude de plus en plus ferme parce qu'ils jouent leur avenir ", assume Pablo Solon, l'ambassadeur de <st1:personname productid="la Bolivie" w:st="on">la Bolivie</st1:personname> aux Nations unies.

    Cette fermeté s'est focalisée lundi matin sur l'avenir du protocole de Kyoto que les pays en développement ne veulent pas voir disparaître. Les 53 pays africains ont suspendu brièvement leur participation aux groupes de travail et ont refusé de reprendre les négociations jusqu'à ce que la présidence replace le sujet dans les priorités du débat. " Les pays industrialisés voudraient que nous acceptions la mort du seul instrument existant qui les contraigne à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre ", a expliqué Kamel Djemouai, le chef de la délégation algérienne.

    Les pays industrialisés qui ont ratifié le protocole se sont engagés à réduire en moyenne de 5 % leurs émissions d'ici 2012 par rapport à 1990 et les pays en développement souhaitent que de la même manière, ils inscrivent leurs objectifs d'ici à 2020 dans une deuxième période d'engagement.

    La question est pour l'instant insoluble : les Etats-Unis ne sont pas dans Kyoto et n'y entreront pas, le Japon et l'Australie ne veulent plus se lier tant que Washington ne bouge pas. Quand à l'Union européenne, elle ne veut pas aux yeux de ses opinions publiques " être la seule à graver ses engagements dans le marbre quand les autres pays n'offrent que du chewing-gum ", selon l'ambassadeur français Brice Lalonde. Alors que les jours sont comptés, <st1:personname productid="la France" w:st="on">la France</st1:personname> cherche toujours de son côté à créer un axe avec les pays africains et le Brésil autour du soutien financier aux pays pauvres et de la forêt. Mardi, Nicolas Sarkozy reçoit à l'Elysée le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi, chef de file du groupe africain. Puis le lendemain, le chef de l'Etat doit rencontrer les pays forestiers du bassin du Congo. Le Premier ministre britannique Gordon Brown, avec qui <st1:personname productid="la France" w:st="on">la France</st1:personname> a fait une proposition sur le financement de REDD, sera présent.

    Laurence Caramel

    Les ONG à la porte du Bella Center

    Les Danois avaient annoncé qu'ils n'inscriraient que 15 000 participants à la conférence. Ils en ont finalement autorisé près de 45 000, d'où l'engorgement permanent du site. Avec l'arrivée des ministres, les organisateurs ont décidé de retirer brutalement plus de la moitié des accréditations. Les 22 000 membres d'organisations non gouvernementales (ONG) présents seront les premières victimes. Dès mardi, leur nombre devait passer à 7 000 puis à 1 000 jeudi et à 90 vendredi, lors du sommet des chefs d'Etat. La délégation de WWF passera de 100 à 20 personnes et peut-être à une le dernier jour. Les ONG dénoncent les risques d'un sommet à huis clos dont la société civile serait exclue. Les journalistes, officiellement pour des raisons de sécurité, pourraient être cantonnés dans le centre de presse, et seraient donc coupés du contact avec les négociateurs. Les expulsés envisagent de poursuivre les négociations dans un contre-sommet à l'extérieur du Bella Center.


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