• La suspicion monte autour du succès des pays émergents

    La suspicion monte autour du succès des pays émergents

     


     

    Le débat fait rage entre les investisseurs qui croient à la capacité d'absorption des liquidités par ces marchés et les institutions internationales qui pointent les risques de surchauffe.

    Le Mexique, l'Argentine, le Chili, l'Indonésie, la Thaïlande, la Malaisie... La liste des pays dont les indices boursiers ont aujourd'hui renoué avec leurs niveaux record de 2007 s'allonge. C'est un signe parmi d'autres ; la transhumance des capitaux vers les marchés émergents s'accélère. Et elle s'accélère d'autant plus que la politique de taux bas à laquelle les économies matures sont contraintes, accentue le siphonnage des liquidités vers ces pays.

    Faut-il le rappeler ? Les marchés émergents captent désormais la moitié des capitaux internationaux. Selon l'organisme EPFR, les actions de ces marchés ont drainé cette année 60 milliards de dollars. Les obligations 41 milliards. Les montants sont vertigineux. Et devraient, si l'on en croit les sondages réalisés auprès des gérants, aller en s'accroissant. Les prévisions de l'Institute of International Finance sont en tout cas de cet avis. Selon l'IIF, les flux nets privés - qui correspondent à la somme des investissements réalisés dans les actions et la dette par les non-résidents - à destination de ces économies devraient atteindre 825 milliards de dollars cette année, contre 581 milliards en 2009. Précision importante : ce montant a été augmenté de 116 milliards de dollars par rapport aux prévisions faites par cet institut en avril dernier.

    Cette accélération du mouvement est-elle pour autant souhaitable ? Elle alimente le débat. Entre, d'une part, une majorité des investisseurs institutionnels qui, aimantés par les fondamentaux de ces pays et les valorisations de leurs marchés, commencent tout juste à réallouer leur portefeuille vers ces marchés et, d'autre part, des institutions internationales de plus en plus soucieuses des risques de surchauffe. S'agissant de l'Asie, « ces flux sont une opportunité, reconnaît le dernier rapport du FMI, mais ils sont également source de destabilistation ». Et d'énumérer : le risque de « taux de change trop élevé », « l'explosion du crédit », « la constitution de bulles sur certains actifs » et « une instabilité financière ». La Banque mondiale ne dit pas autre chose. L'institut va même plus loin, en agitant le chiffon rouge d'un possible retour à la crise de 1997 si rien n'est fait. « Si cette abondance de liquidités reste à un tel niveau durablement, ces pays vont devoir prendre de nouvelles mesures », avertit son économiste en chef pour l'Asie-Pacifique.

    Réactions de fermeté

    Entre ces deux postures, les gouvernements des pays émergents ont leur mot à dire. Conscients des risques que leur font aujourd'hui courir ces tombereaux de liquidités, en termes inflationnistes et de pertes de compétitivité, certains ont d'ores et déjà fermement réagi. Par le bais de l'intervention de leur banque centrale sur leur marché des changes. Mais aussi par l'imposition de taxes comme au Brésil sur l'entrée des capitaux étrangers.

    D'autres comme la Corée du sud et l'Inde s'apprêtent à le faire. Ils pourront cependant difficilement continuer à le faire de manière isolée. Leur dépendance aux flux de capitaux étrangers reste très encore élevée. Et un retrait brutal de ces derniers pourrait leur occasionner bien des soucis. De ce point de vue, le G20 de Séoul dédié à la finance qui doit se pencher sur la mise en oeuvre d'un mécanisme de défense commun est attendu au tournant.

    Par Marjorie Bertouille


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