• La Terre est toujours plus surexploitée par l'homme

    <st1:personname productid="La Terre" w:st="on">La Terre</st1:personname> est toujours plus surexploitée par l'homme

    " L'empreinte écologique globale " a augmenté de 22 % en dix ans. Cet indicateur, jugé utile, est néanmoins débattu

     

                Une planète Terre et demie ou presque : c'est la surface qu'il faudrait à l'humanité pour produire les ressources qu'elle consomme en un an pour se nourrir, se vêtir, se déplacer, se chauffer, et absorber ses déchets, si les terres et les écosystèmes étaient exploités de manière durable. L'image, destinée à frapper les esprits, a été créée et popularisée par l'organisation non gouvernementale Global Footprint Network (GFN), installée en Californie, qui calcule chaque année depuis <st1:metricconverter productid="2003 l" w:st="on">2003 l</st1:metricconverter>'empreinte écologique de l'humanité, c'est-à-dire sa consommation de ressources rapportée à la capacité de production et de régénération moyenne de la planète.

    Selon ses derniers calculs, rendus publics mardi 24 novembre, cette empreinte a augmenté de 2 % entre 2005 et 2006, et de 22 % par rapport à la décennie précédente, à la fois du fait de l'augmentation de la population mondiale, et de la croissance de la consommation par habitant. " Nous utilisons trop rapidement les ressources que <st1:personname productid="La Terre" w:st="on">la Terre</st1:personname> peut fournir, et nous produisons plus de déchets qu'elle ne peut en absorber, commente Mathis Wackernagel, créateur du concept et président du GFN. Nous en constatons tous les jours les effets : déforestation, perte de terres arables, surexploitation des ressources marines, stress hydrique, accumulation de CO2 dans l'atmosphère. " Selon le GFN, les besoins de l'humanité ont commencé à excéder les capacités productives de <st1:personname productid="La Terre" w:st="on">la Terre</st1:personname> en 1986. Depuis, l'homme vit au-dessus de ses moyens.

    Le concept d'empreinte écologique a été inventé au début des années 1990. Son unité est " l'hectare global ", dont les capacités de production ou d'absorption des déchets correspondent à la moyenne mondiale des " performances " des terres agricoles et des écosystèmes (biocapacités). L'empreinte écologique d'un pays correspond au nombre d'hectares globaux nécessaires pour fournir les denrées alimentaires et les fibres textiles consommées par sa population, pour construire ses villes et ses infrastructures, et pour absorber ses déchets, gaz à effet de serre compris. Les émissions de CO2 sont converties en nombre d'hectares de forêt requis pour les absorber.

    Le concept a fait l'objet de nombreux travaux en France, dans le cadre de la réflexion sur l'élaboration de nouveaux indicateurs de bien-être. Ni la commission Stiglitz sur la mesure de la performance économique et du progrès social ni le Conseil économique, social et environnemental (CESE) n'ont préconisé de l'utiliser en priorité. Ils lui ont préféré le bilan carbone, jugé plus simple et plus robuste. " L'empreinte écologique est un concept séduisant et pédagogique, mais il présente des limites, note Philippe Le Clézio, rapporteur d'un avis du CESE sur le sujet en juin. Par exemple, il ne prend pas en compte les pollutions. L'utilisation d'engrais augmente la productivité des sols, donc diminue l'empreinte écologique, mais elle crée aussi une pollution. "

    Alain Grandjean, membre du comité stratégique de <st1:personname productid="la Fondation Nicolas" w:st="on">la Fondation Nicolas</st1:personname> Hulot fait partie des sceptiques. " C'est un indicateur pionnier, qui a permis de montrer que l'humanité prélève plus que ce que les ressources renouvelables peuvent fournir, mais il pose des problèmes méthodologiques, explique l'économiste. Il veut mesurer avec une unité commune des données incomparables. Les émissions de gaz à effet de serre se mesurent en tonnes, pas en hectares. La capacité d'absorption du CO2 par les forêts est un sujet très débattu, les écarts entre les estimations peuvent être importants. "

    L'économiste Jean Gadrey, qui a participé aux travaux de la commission Stiglitz, défend le concept. " Il existe peu d'indicateurs aussi performants pour sensibiliser les personnes qui ne sont pas spécialistes, affirme-t-il. Il nous montre que nous dépendons de territoires qui peuvent se trouver loin de nous. Il a un intérêt pour réfléchir plus largement que sur la seule question du carbone. " M. Wackernagel répond aux critiques que son concept est " une comptabilité qui repose sur des outils scientifiques et mesure une question précise, à savoir quelle biocapacité nous utilisons. "

    L'intérêt majeur de l'indicateur est de mesurer l'évolution des consommations de ressources dans le temps. Il met aussi en relief les inégalités entre modes de vie.

    Les habitants des Emirats arabes unis, qui consomment chaque année l'équivalent d'environ <st1:metricconverter productid="11 hectares" w:st="on">11 hectares</st1:metricconverter> globaux, ont l'empreinte écologique la plus élevée. Suivent le Qatar et les Etats-Unis. Les pays d'Europe de l'Ouest figurent parmi les trente premiers, aux côtés du Canada, d'Israël et du Japon - les Français, avec <st1:metricconverter productid="5 hectares" w:st="on">5 hectares</st1:metricconverter> globaux par personne, sont au 22e rang mondial. Chaque Chinois consomme en moyenne <st1:metricconverter productid="2 hectares" w:st="on">2 hectares</st1:metricconverter> globaux, autant que les Maliens ou les Péruviens. Les habitants d'Haïti, de <st1:personname productid="la R←publique" w:st="on">la République</st1:personname> démocratique du Congo, de l'Inde, du Cambodge, ou de <st1:personname productid="la C￴te" w:st="on">la Côte</st1:personname> d'Ivoire figurent parmi les plus petits consommateurs de ressources au monde, avec moins de <st1:metricconverter productid="1 hectare" w:st="on">1 hectare</st1:metricconverter> global.

    Gaëlle Dupont

    L'agriculture européenne comble le puits de carbone

    En Europe, la capacité des prairies et des forêts à stocker le CO2 émis par les activités humaines est compensée par les pratiques agricoles intensives, selon une étude internationale publiée le 22 novembre dans Nature Geoscience. Ce bilan des flux de gaz à effet de serre montre que les écosystèmes terrestres européens n'absorbent que 2 % des émissions domestiques, industrielles et dues aux transports. Ce puits de carbone potentiel est déjà comblé par l'oxyde nitreux dû à l'emploi d'engrais et le méthane émis par les ruminants.


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