• Le microcrédit, outil d'une mondialisation juste

    Le microcrédit, outil d'une mondialisation juste

    En permettant aux plus pauvres d'entreprendre, ces petits prêts renforcent l'égalité des chances

    Il y a ceux qui voient dans le microcrédit le remède miracle contre la pauvreté, et ceux qui n'en retiennent que le taux plus élevé et le risque de surendettement. Ces visions sont aussi inexactes l'une que l'autre.

    D'un côté, la lutte contre la pauvreté exige une panoplie de mesures qui varient selon l'état du développement du pays. Celles-ci peuvent aller d'une meilleure gouvernance à la politique de la santé. De l'autre, le risque lié à la dette n'est pas spécifique au microcrédit et le taux d'intérêt pèse peu sur des petits prêts de courte durée. A titre d'exemple, un prêt de 2 800 euros sur deux ans - qui correspond à la moyenne des prêts de l'Association pour le droit à l'initiative économique (ADIE) - représente un coût mensuel moyen de 16 euros et une échéance de 133 euros par mois, en échange d'un ensemble de services : le microcrédit proprement dit, mais aussi, le cas échéant, l'accès à une prime régionale, un prêt d'honneur complémentaire à taux zéro, la formation et l'accompagnement gratuits.

    L'impact direct du microcrédit se traduit par la création d'une activité économique génératrice de richesse, la sortie du chômage ou de l'exclusion, la création d'un ou de plusieurs emplois. Mais on parle peu des autres facettes de ce type de prêts. Si l'argent a, d'une façon générale, des sens multiples - il est l'instrument d'échange, d'épargne, d'investissement, de don -, le crédit a, en plus, un rôle psychologique et social important : faire crédit, c'est faire confiance, c'est-à-dire permettre de tisser du lien social autour des exclus de l'économie, en leur rendant dignité et confiance en eux-mêmes.

    C'est aussi permettre à ceux qui sont réduits par la pauvreté à vivre dans le présent de retrouver l'espoir et de se projeter dans l'avenir. Le microcrédit a cette qualité rare d'être un instrument de l'égalité des chances qui ne met pas en cause la répartition des richesses présentes, mais permet de mieux les partager dans le futur.

    Au-delà de son impact financier, économique et psychologique, le microcrédit a aussi un rôle sociétal important. " L'argent, comme le fumier, ne fructifie que si l'on prend soin de l'épandre ", disait le philosophe Francis Bacon (1561-1626), mais le microcrédit fait plus que fructifier en donnant à chacun le pouvoir de réaliser ses rêves et de prendre en main son destin. Il démocratise le pouvoir économique et crée un vrai contre-pouvoir aux excès du capitalisme.

    Si la démocratie ne se définit pas seulement par les institutions politiques et le droit de vote, mais aussi par le pouvoir de chaque citoyen de participer aux choix qui le concernent, le microcrédit, qui ouvre l'accès au capital à tous les acteurs économiques, rend effectif leur droit d'entreprendre. Il est l'outil de la démocratie économique. Cela n'avait peut-être pas grand sens à l'époque de la révolution industrielle, qui exigeait de grands investissements et de grandes usines, mais c'est vrai dans la nouvelle économie de services, qui permet de revenir vers les petites unités de production, où le capital et le travail sont entre les mêmes mains.

    Si l'on réfléchit à l'avenir de notre planète, il est difficile d'imaginer une économie fondée, au sommet, sur des grandes multinationales et, à la base, sur quatre milliards de pauvres, condamnés à vivre dans la misère faute d'accès à la terre, à l'eau ou aux services financiers. La mondialisation est irréversible, mais elle ne peut donner sa pleine mesure qu'en allant jusqu'au bout de la démarche, en donnant à chaque acteur économique la possibilité d'en profiter.

    C'est le but de la stratégie du " marketing à la base de la pyramide ", qui vise désormais à toucher les marchés des plus pauvres, où le nombre des transactions compense leur faible montant unitaire. C'est aussi l'objet du microcrédit qui permet à chacun de créer son propre emploi. Le microcrédit et l'entrepreneuriat social en général sont ainsi les outils d'un capitalisme à visage humain et d'une mondialisation compatible avec notre vision de la démocratie.

    Maria Nowak

    Mme Nowakest présidente de l'Association pour le droit à l'initiative économique (ADIE). Elle vient de publier " L'Espoir économique ", éd. JC Lattès.


  • Commentaires

    1
    M
    Jeudi 28 Octobre 2010 à 11:03
    J'ai une synthèse à rendre sur cette article, étant donné que je ne suis pas une pro en économie, est ce que quelqu'un peut me dire ce qu'il en pense ?! Merci.
    2
    emile11111 Profil de emile11111
    Jeudi 28 Octobre 2010 à 11:36
    j'ai un mail si tu veux fait ta synthèse, envoie la moi. Je te dirais ce que j'en pense
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