• Les conséquences des dérives financières (4/5)

    Les conséquences des dérives financières (4/5)
    LA CRISE N'EST PAS FINIE - 2007-2010: voici trois ans que notre économie est en crise. Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des économistes étudie la période récente et nous livre son diagnostic: pour en sortir, il va falloir régler des problèmes structurels graves.

     

    Le résultat de ces excès, de ces risques inutiles, de ces erreurs de conception, ne s’est pas fait attendre. Un monde sans liquidités organisées fait peur, crée ce qui est le cœur de toute crise financière, c’est-à-dire la perte de confiance. Celle-ci a touché toutes les formes de titrisations bien au-delà du premier choc de l’été 2007 et de la crise des subprimes. L’ensemble s’est mis à vaciller, secoué par la règle, là aussi largement inadaptée, du marked-to-market, plus encore celle du marked-to-model. Les cours des émissions de tous ces produits ont baissé de manière très significative pour la raison simple que personne n’est capable d’évaluer les risques de ces titrisations donc de formuler un pricing raisonnable et ceci est renforcé par le fait qu’ils ne peuvent être réellement négociés sur le marché. Là se trouve, pour une large part, l’origine des formidables pertes des grandes banques américaines mettant ainsi tout le système financier mondial au cœur d’une crise dont chacun commence à mesurer la gravité. Alors, cette crise financière, qui a trouvé son point de démarrage dans les difficultés immobilières assez traditionnelles, a désormais sa propre logique, son développement incontrôlé avec pour acteurs principaux les grands bénéficiaires des cinq dernières années, les banques et les grands fonds LBO.

    La première conséquence est évidemment l’effondrement du marché immobilier, d’abord aux Etats-Unis puis en Angleterre et en Espagne.  

    Source: LCF

    Source: LCF

    Source: LCF

    Les graphiques mettent en lumière l’ampleur de la dégradation et le fait qu’elle n’est pas terminée. A cette évolution cyclique classique de l’immobilier, qui aurait simplement ralenti sensiblement la croissance américaine, britannique et espagnole, est venu se surajouter un dérèglement financier. Où en sommes-nous aujourd’hui de cette situation créée de toutes pièces par les excès d’exigences de rentabilité du système bancaire? Les spreads, tous marchés et secteurs confondus, ont augmenté car ils intégraient des taux de défaut dans une perspective de récession macro-économique, évidemment à des niveaux beaucoup plus élevés que des taux de défaut constatés.

    Leur décroissance aujourd’hui est liée à un facteur profondément perturbant pour l’avenir, la baisse de crédit. Ceci se voit sur le graphique ci-dessous pour le crédit à long terme sur les spreads de crédit et sur le second sur la raréfaction du crédit à court terme.

    Source: Moody's, Merrill Lynch

    La troisième conséquence, elle, porte sur la structure du bilan du capital des banques. C’est peut-être le point le plus perturbant pour l’avenir. En effet, on voit la réorganisation de la structure du capital des entreprises financières. Les deux graphiques ci-dessous soulignent et la rapidité de cette réorganisation et le ralentissement, si ce n’est la disparition, de la titrisation.

    Source: JPMorgan

    L’un et l’autre ont des implications très fortes, qui peuvent conduire à un relatif assèchement du crédit et donc au renchérissement important et inévitable de son coût. Comme on le voit ci-dessous, c’est donc sur ces deux points, avant tout, que doivent porter les efforts d’analyses et de réactions des autorités financières mondiales.

    Source: Bloomberg

    Source: Bloomberg

    Jean-Hervé Lorenzi

    Lien :La guerre des monnaies, dernière étape de la crise


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :