• Dans une économie saine, l'emprunt sert à investir pas à consommer. lundi 22 juin 2009

    Parmi les innombrables messages qui circulent sur le Net, il en est un, ces jours-ci,  qui m'a beaucoup intrigué. Le voici: «Dans un village qui vit du tourisme, il n'y a plus de touristes, à cause de la crise. Pour survivre, tout le monde emprunte à tout le monde. Plusieurs mois passent, misérables.  Arrive enfin un touriste qui prend une chambre dans l'hôtel, qu'il paie avec un billet de 100 euros. Le touriste n'est pas plutôt monté à sa chambre que l'hôtelier court porter le billet chez le boucher à qui il doit justement cent euros. Le boucher va lui-même  aussitôt porter le même billet au paysan qui l'approvisionne en viande; le paysan, à son tour se dépêche d'aller payer sa dette à la prostituée à laquelle il doit quelques «services». La prostituée va à l'hôtel pour rembourser à  l'hôtelier les chambres qu'elle louait à l'heure. Comme elle dépose le billet de 100 € sur le comptoir, le touriste, qui  venait dire à l'hôtelier qu'il  devait repartir tout de suite,  ramasse le  billet et disparaît. Au total, chacun a payé sa dette;  rien n'a été dépensé, ni gagné, ni perdu, par personne. Et plus personne dans le village n'a de dettes. N'est-ce pas ainsi qu'on est en train de résoudre la crise mondiale?»

    Ce texte étonnant appelle bien des commentaires :

    -1.  Quel est le tour de passe-passe? Comment est-il possible de faire disparaitre l'ensemble des dettes de tout un village sans que personne ne dépense un sou (sauf  peut-être  l'hôtelier, qui a perdu la disposition de sa chambre pendant le temps,  même court, pendant lequel le client l'avait louée)? Tout simplement parce que, chaque villageois a une dette à l'égard d'un autre; de façon circulaire. Il  suffit donc, pour l'annuler  pour tous, de l'annuler pour chacun.

    -2. La situation globale de l'économie réelle ressemble à la situation de ce village, car chacun, dans le monde, est à la fois créancier de l'un (au moins sa banque) et débiteur d'un autre (au moins une banque), et même de plusieurs autres. Et le total des dettes, par définition, est égal à celui des créances.

    -3. Cette histoire donne une belle leçon d'économie: personne, dans  les institutions financières au moins, ne pense à rembourser sa dette; au contraire, beaucoup s'emploient, avec l'argent nouveau qu'ils peuvent recevoir, à en créer de nouvelles, pour eux-mêmes et pour d'autres.

    -4. Si l'argent que distribue en ce moment de façon presque illimitée, dans chaque pays, la Banque Centrale (ici, le touriste) servait à rembourser les dettes de tous , et d'abord celles de l'Etat (ici, l'hôtelier),  plutôt qu'à en accumuler de nouvelles, en le dépensant, la crise pourrait etre résolue beaucoup plus vite et plus sainement qu'aujourd'hui, où le recul de la crise s'annonce comme la préparation d'une autre, bien plus terrible, par accumulation de dettes insurmontables.

    -5. Peut être faudrait-il enseigner ainsi l'économie. Sans doute comprendrait-on mieux quelques idées simples. Et d'abord, que la priorité d'une économie saine, c'est d'utiliser l'emprunt pour investir, et pas pour consommer. Mais de cela, le système financier ne veut pas entendre parler. Même aujourd'hui, alors que la crise est encore intense, il n'a qu'une seule préoccupation: retourner au plus vite à son métier principal, endetter les autres, pour faire  le maximum de profits.

    Jacques Attali


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  • « Il ne peut y avoir de grand marché haussier durable sans que l'une des deux choses suivantes ne se produise.

     Soit les erreurs de <st1:personname productid="la Bulle Epoque" w:st="on">la Bulle Epoque</st1:personname> doivent être éliminées... permettant une nouvelle ère de véritable croissance et de réelle prospérité. Au mieux, cela prendrait des années. Imaginez combien de temps il faudra pour restructurer General Motors et en faire une entreprise profitable à nouveau. Imaginez combien de temps il faudra pour que les consommateurs remboursent leurs dettes afin de pouvoir recommencer à dépenser. Imaginez combien de temps il faudra pour épargner assez d'argent pour construire de nouvelles usines... et convertir des centres commerciaux en hangars ou immeubles d'habitation... Et imaginez combien de temps il faudra pour y parvenir alors que les autorités luttent bec et ongles contre ce processus. Comptez au moins une décennie !

     Ou bien... les gens doivent être prêts à s'endetter plus encore... augmentant ainsi les erreurs du boom imbibé de dette. Tout est possible. Mais à <st1:personname productid="la Chronique Agora" w:st="on">la Chronique Agora</st1:personname>, nous pensons que l'économie est déjà saturée de dette. Elle ne peut en absorber plus. De plus, le secteur financier n'est plus capable de fourguer de la dette au public. La machine est cassée. La bulle financière a explosé lorsque Lehman Bros. a rendu l'âme. Une fois qu'une bulle explose, elle ne peut pas être regonflée. »

    Bonner William 17/6/2009

    Bonner Bill 


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  • <st1:personname productid="La Tribune" w:st="on">La Tribune</st1:personname> - 19/06/2009 - 334 mots

    Crime de lèse-majesté

    Émettre la moindre critique sur Obama est impossible. Surtout en France. Dès qu'il s'exprime, même pour s'adresser à une écolière qui a séché ses cours afin d'assister à une des ses allocutions, on assiste à une béatitude générale aussi sirupeuse qu'un pot de miel. Cette semaine, nous avons assisté à un nouveau concert de louanges. Barack Obama aurait « mis Wall Street sous tutelle », il aurait lancé « la plus grande réforme du système financier depuis la crise de 1929 », il serait le Robin des Bois qui « prend le pouvoir à Wall Street pour le rendre à Main Street ». Malheureusement, derrière les titres, derrière les effets d'annonce, derrière les effets de manches de chemise blanche soigneusement relevées, derrière les « Yes I can », nous assistons à une série de mesurettes dont la plupart ne passeront pas le cap du Congrès et dont le reste n'est que paillettes destinées à un peuple américain qui réclamait la tête des financiers. Plus un mot sur les bonus. Plus un mot sur les salaires des banquiers. Plus un mot sur l'obligation des banques de financer l'économie. Plus un mot sur les ménages surendettés et harcelés par les banques. Pour masquer le retour du pouvoir entre les mains de Wall Street, illustré par le remboursement par neuf banques Américaines de l'aide publique sans aucune contrepartie, Obama fait du neuf avec du vieux : des créations de nouvelles agences de contrôle. Des nouvelles agences qui ne serviront à rien puisque celles qui existent déjà, dont la plus importante, <st1:personname productid="la SEC" w:st="on">la SEC</st1:personname>, créée d'ailleurs après la crise de 1929, n'a pas joué son rôle avant la crise. La crise financière n'a pas été provoquée par l'absence de réglementation. Non. La crise a été provoquée par l'absence d'application des réglementations, pourtant pléthoriques, existantes. Créer de nouvelles couches de contrôles n'aura qu'un seul effet : alourdir le budget d'un État déjà en faillite virtuelle. Mais chut? Ne répétez pas ce que je vous dis car il est interdit de critiquer le messie? n

    Par Marc Fiorentino, PDG d'Allo finance.com

    Obama crée de nouvelles agences pour assurer la sécurité des marchés 


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