• Un thème mobilisateur dans les partis et les " think tanks "

     

    LES PROPOSITIONS en faveur de l'emploi des jeunes se sont multipliées ces derniers mois.

    François Hollande, député PS de Corrèze

    " Je propose un contrat de génération : l'employeur qui garde un senior jusqu'à son départ en retraite à taux plein et qui en fait le passeur d'expérience au bénéfice d'un junior ne paiera pas de cotisations sociales sur les deux emplois. Cela coûte 7 milliards d'euros, financés dans le cadre du redéploiement du système des exonérations de cotisations sociales (30 milliards). "

    Ségolène Royal, présidente PS de la région Poitou-Charentes

    Lors d'un déplacement à Décines (Rhône), mercredi 27 octobre, l'ancienne candidate à l'élection présidentielle de 2007 a proposé un " pacte national de confiance pour l'emploi des jeunes ". Principes : obligation pour les entreprises touchant des aides publiques d'embaucher des jeunes, plan national pour l'apprentissage, généralisation des " bourses désirs d'entreprendre " mises en place dans sa région et du service civique pour tous les jeunes sans emploi ni formation.

    Institut Montaigne, laboratoire d'idées regroupant entrepreneurs, hauts fonctionnaires, universitaires...

    En septembre, le think tank a rendu publiques quinze propositions pour l'emploi des jeunes et des seniors. Il propose de faire de la licence (bac + 3) une vraie porte d'entrée sur le marché de l'emploi, en luttant contre " l'hégémonie du bac + 5 " (master). En troisième année serait créée " une séquence terminale professionnalisante (alternance, stage) avec une expérience internationale ". L'Institut propose de supprimer le CDD, " un frein à l'entrée dans la vie active ". Le CDI serait alors rendu " plus flexible ". Autre idée : développer massivement le tutorat des jeunes par les anciens au lycée, à l'université et au sein des entreprises.

    Henri Proglio, PDG d'EDF

    Dans un rapport consacré à l'alternance, rendu au président de la République fin 2009, Henri Proglio considère que l'apprentissage et la professionnalisation sont " un formidable levier pour relancer l'emploi des jeunes ". Plutôt que de porter le quota de personnels en alternance par entreprise de 3 % à 5 %, le PDG d'EDF propose un " crédit d'impôt dont bénéficieraient les entreprises qui s'engagent à accroître, au cours de trois années consécutives " le nombre d'alternants. Les entreprises qui n'atteindraient pas les 3 % ne pourraient en bénéficier. Près du tiers des 45 grandes entreprises qui ont pris part à la mission de M. Proglio " ne remplissent toujours pas " cette obligation.

    Benoît Floc'h


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  • Emploi des jeunes : les idées du gouvernement pour l'après-remaniement

    M. Daubresse, ministre de la jeunesse, veut nourrir la concertation réclamée par la CFDT

     

     

    Un énième " plan pour l'emploi des jeunes " ? François Fillon l'a confirmé aux députés UMP, mardi 26 octobre : il proposera " aux partenaires sociaux d'engager un dialogue sur l'emploi des jeunes et l'emploi des seniors ". François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, avait demandé, la veille, " une négociation entre le patronat et les organisations syndicales ". Le Medef, à qui la demande était faite, s'est déclaré ouvert au dialogue.

    Le gouvernement y voit le moyen d'orchestrer la sortie de crise, mais il doit faire preuve de doigté. Les syndicats, toujours mobilisés contre la réforme des retraites, n'ont pas envie de faire le jeu de l'exécutif. Un " plan " décidé par le gouvernement aurait toutes les chances d'être mal reçu, quand le " dialogue " invite à la conciliation. Il faudra en outre discuter de tout, prévient la CFDT, de l'emploi bien sûr, mais aussi du logement, des conditions de vie, etc.

    Une source gouvernementale n'exclut pas, cependant, que le discours de politique générale du premier ministre issu du prochain remaniement n'annonce quelques mesures destinées à " doper l'alternance ". Le gouvernement dispose du rapport d'Henri Proglio, PDG d'EDF, rendu public fin 2009, et des conclusions, livrées en mai 2010, de trois groupes de travail.

    Depuis trente ans et le " pacte pour l'emploi des jeunes " du premier ministre Raymond Barre (1977), une bonne trentaine de plans pour l'emploi des jeunes ont été présentés par les gouvernements successifs, de droite comme de gauche. La réalité des chiffres invite cependant à la modestie. Durant toute cette période, le taux de chômage des jeunes actifs n'a cessé de monter, passant de 9 % à 23 %. Parmi les pistes à l'étude, trois chantiers.

    L'alternance Ce mode de formation, qui associe théorie et pratique en entreprise, était déjà au coeur du plan d'urgence présenté par le président de la République en avril 2009. " Il faut aller plus vite et plus fort ", confie Marc-Philippe Daubresse, ministre de la jeunesse et des solidarités actives. La situation n'est pas bonne. En janvier 2008, 424 000 jeunes étaient en apprentissage et 205 000 en contrat de professionnalisation. Trois ans plus tard, ils sont respectivement 380 000 et 147 000.

    Ce qu'envisage le gouvernement n'est pas tant de reconduire le plan de 2009 que de " changer d'angle d'attaque ". L'idée est moins d'inciter les entreprises à recourir à l'alternance que de développer ce réflexe chez les jeunes (notamment " en sécurisant le parcours d'alternance ") dans la fonction publique et les universités.

    Le prérecrutement Les élèves de l'ENA ou de Normale Sup sont aujourd'hui payés pendant leurs études en contrepartie d'un engagement de travailler dix ans pour l'Etat. Marc-Philippe Daubresse envisage " un contrat de travail nouveau ", qui permettrait aux étudiants d'université de faire financer leurs études par une entreprise. En échange, le jeune serait tenu, diplôme en poche, d'y travailler pendant un délai à déterminer. En septembre 2009, Nicolas Sarkozy avait demandé à Laurent Wauquiez, secrétaire d'Etat à l'emploi, de discuter de cette idée avec les partenaires sociaux. Cela n'a pas été fait. " Nous voudrions que le sujet soit remis sur la table ", confie-t-on dans l'entourage de M. Daubresse.

    Un contrat entre générations L'idée de lier l'emploi des jeunes et des seniors dans l'entreprise n'est pas neuve. Elle n'a cependant jamais vraiment réussi à s'imposer sur le terrain.

    Le principe est d'aider les entreprises, via une aide fiscale, à retenir leurs salariés les plus âgés. Ceux-ci assurent alors le tutorat de jeunes recrues. Le gouvernement examine le dispositif avec d'autant plus d'attention qu'au Parti socialiste François Hollande en fait l'une des mesures phares de son projet pour 2012.

    Benoît Floc'h


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  • Espagne : l'immobilier reste une bombe à retardement

     


     

    Les banques paient encore aujourd'hui les excès du boom économique. La Banque centrale juge « problématiques » 41,2 % des prêts accordés aux secteurs immobilier et de la construction.

    Sur les 439 milliards d'euros prêtés aux secteurs immobilier et de la construction, 181 milliards sont jugés « problématiques » par la Banque d'Espagne, soit 8,3% de plus qu'il y a six mois. Ce montant représente 41,2% des sommes prêtées par les banques espagnoles aux deux secteurs les plus affectés par la crise. Dans son rapport sur la stabilité financière du pays, la Banque d'Espagne a inclus, dans sa base de calcul, les créances douteuses, les prêts qui présentent certaines vulnérabilités mais qui ne sont pas pour autant « douteux », les immeubles acquis, et les prêts irrécouvrables.

    Le taux de couverture total de ces crédits s'élève à 33 %, ce qui a conduit Elena Salgado, ministre de l'Economie espagnole, à « dédramatiser » les dangers de l'exposition de la banque à l'immobilier. C'est aussi le point de vue d'une source du secteur qui affirme qu' « il n'y a pas de quoi s'alarmer », notamment grâce aux provisions imposées par la Banque d'Espagne pour couvrir les risques.

    « la menace vient du passé »

    Le superviseur veut, par ailleurs, éviter que les banques retardent la reconnaissance des pertes associées à l'immobilier. Ainsi, la nouvelle norme comptable impose une détérioration de 10 % des immeubles acquis amplifiable à 20 % et 30 % au bout d'un et deux ans. Les banques et les caisses d'épargne ont actuellement un portefeuille d'immeubles de 70 milliards d'euros, contre 59,7 milliards en mars 2010. Selon certains analystes, les banques essaient d'allonger la durée de vie des prêts pour ne pas avoir à assumer les pertes associées aux immeubles qu'elles pourraient récupérer. En juin 2010, le taux de créances douteuses des entreprises de la construction et de la promotion immobilière était de 10,9 %, contre 4,3 % pour les entreprises des autres secteurs, souligne la banque d'Espagne dans son rapport. Tous secteurs confondus, il est actuellement de 5,6%.

    Les banques paient aujourd'hui les excès du boom économique, lorsque l'abondance de liquidité les avait conduites à assouplir leur gestion du risque notamment à l'égard des projets immobiliers. « Toute la menace vient du passé. Désormais, les entités sont plus prudentes », affirme une source proche du secteur des caisses d'épargne.

    par Gaëlle Lucas, à Madrid


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