Les Français jugent à 81 % que les firmes ont un impact négatif sur la nature, selon un sondage IFOP
L’exploitation des ressources est une source d’inquiétude majeure
Les entreprises qui depuis quelques années tentent de convaincre qu'elles se sont converties au développement durable risquent de recevoir une douche froide en découvrant le sondage publié jeudi 16 septembre par l'IFOP pour le compte de l'ONG WWF-France.
81 % des personnes interrogées considèrent que les entreprises ont un impact négatif voire très négatif sur la biodiversité. Et dans 67 % des cas, elles pensent également que les actions que les grandes firmes mènent pour limiter leur empreinte écologique sont avant tout de la communication. Chez les cadres supérieurs, traditionnellement plus sensibles à la thématique environnementale, la perception négative des activités économiques atteint même 89 %.
La débauche d'initiatives dans lesquelles se sont lancées les entreprises pour répondre aux critiques de l'opinion ne semble donc pas avoir de prise sur la conviction solidement ancrée qu'elles continuent à faire du green washing, du " verdissement d'image ". " Ce jugement s'inscrit dans un contexte général marqué par le grand scepticisme que ressentent les Français à l'égard de l'entreprise. Ce regard critique s'est renforcé avec la crise ", commente Jérôme Fourquet, directeur adjoint de l'IFOP.
La désillusion qui s'est installée après l'échec de la conférence de Copenhague sur le climat, en décembre 2009, a peut-être aussi coloré les résultats de ce baromètre, les gouvernements, pas davantage que les acteurs économiques, n'apparaissant en mesure de relever les défis environnementaux.
Ce sondage, réalisé du 27 au 29 juillet auprès d'un échantillon de 1 011 personnes, montre - sans surprise - que l'industrie est perçue comme la première activité responsable de la dégradation de la nature. " La chimie est le secteur qui polarise le plus les craintes, car l'opinion fait clairement le lien entre les pollutions chimiques et les risques pour la santé ", explique M. Fourquet.
" Sujet neuf " Mais l'agriculture est aussi pointée comme une source majeure de nuisances, à égalité avec le transport routier. Recours massif aux pesticides, pollution des eaux, interrogations sur l'impact des agrocarburants, etc., sont autant de raisons de mal noter le monde agricole. En revanche, l'industrie du bois, en cause dans la disparition des forêts tropicales, ou la pêche industrielle, à l'origine de l'érosion des réserves halieutiques mondiales, semblent épargnées par l'opinion.
WWF, commanditaire du sondage, ne s'étonne pas des résultats. " La biodiversité est un sujet neuf pour les entreprises. Nous avons réussi à les sensibiliser au changement climatique, mais nous n'avons pas encore réussi à les convaincre que sauvegarder la nature est un enjeu vital ", constate Serge Orru, son directeur général.
L'association, qui tient son université de rentrée les 16 et 17 septembre, présentera, à cette occasion une étude sur " les entreprises face à l'érosion de la biodiversité ", qui, au-delà du constat, se veut un guide pour aider les entreprises à prendre conscience du rôle qu'elles peuvent jouer. Car c'est aussi un des enseignements de ce sondage : si les Français sont majoritairement critiques à l'égard des entreprises, ils sont aussi 91 % à penser qu'elles ont les moyens d'agir pour mieux protéger l'environnement. p
Laurence Caramel