M. Daubresse, ministre de la jeunesse, veut nourrir la concertation réclamée par la CFDT
Un énième " plan pour l'emploi des jeunes " ? François Fillon l'a confirmé aux députés UMP, mardi 26 octobre : il proposera " aux partenaires sociaux d'engager un dialogue sur l'emploi des jeunes et l'emploi des seniors ". François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, avait demandé, la veille, " une négociation entre le patronat et les organisations syndicales ". Le Medef, à qui la demande était faite, s'est déclaré ouvert au dialogue.
Le gouvernement y voit le moyen d'orchestrer la sortie de crise, mais il doit faire preuve de doigté. Les syndicats, toujours mobilisés contre la réforme des retraites, n'ont pas envie de faire le jeu de l'exécutif. Un " plan " décidé par le gouvernement aurait toutes les chances d'être mal reçu, quand le " dialogue " invite à la conciliation. Il faudra en outre discuter de tout, prévient la CFDT, de l'emploi bien sûr, mais aussi du logement, des conditions de vie, etc.
Une source gouvernementale n'exclut pas, cependant, que le discours de politique générale du premier ministre issu du prochain remaniement n'annonce quelques mesures destinées à " doper l'alternance ". Le gouvernement dispose du rapport d'Henri Proglio, PDG d'EDF, rendu public fin 2009, et des conclusions, livrées en mai 2010, de trois groupes de travail.
Depuis trente ans et le " pacte pour l'emploi des jeunes " du premier ministre Raymond Barre (1977), une bonne trentaine de plans pour l'emploi des jeunes ont été présentés par les gouvernements successifs, de droite comme de gauche. La réalité des chiffres invite cependant à la modestie. Durant toute cette période, le taux de chômage des jeunes actifs n'a cessé de monter, passant de 9 % à 23 %. Parmi les pistes à l'étude, trois chantiers.
L'alternance Ce mode de formation, qui associe théorie et pratique en entreprise, était déjà au coeur du plan d'urgence présenté par le président de la République en avril 2009. " Il faut aller plus vite et plus fort ", confie Marc-Philippe Daubresse, ministre de la jeunesse et des solidarités actives. La situation n'est pas bonne. En janvier 2008, 424 000 jeunes étaient en apprentissage et 205 000 en contrat de professionnalisation. Trois ans plus tard, ils sont respectivement 380 000 et 147 000.
Ce qu'envisage le gouvernement n'est pas tant de reconduire le plan de 2009 que de " changer d'angle d'attaque ". L'idée est moins d'inciter les entreprises à recourir à l'alternance que de développer ce réflexe chez les jeunes (notamment " en sécurisant le parcours d'alternance ") dans la fonction publique et les universités.
Le prérecrutement Les élèves de l'ENA ou de Normale Sup sont aujourd'hui payés pendant leurs études en contrepartie d'un engagement de travailler dix ans pour l'Etat. Marc-Philippe Daubresse envisage " un contrat de travail nouveau ", qui permettrait aux étudiants d'université de faire financer leurs études par une entreprise. En échange, le jeune serait tenu, diplôme en poche, d'y travailler pendant un délai à déterminer. En septembre 2009, Nicolas Sarkozy avait demandé à Laurent Wauquiez, secrétaire d'Etat à l'emploi, de discuter de cette idée avec les partenaires sociaux. Cela n'a pas été fait. " Nous voudrions que le sujet soit remis sur la table ", confie-t-on dans l'entourage de M. Daubresse.
Un contrat entre générations L'idée de lier l'emploi des jeunes et des seniors dans l'entreprise n'est pas neuve. Elle n'a cependant jamais vraiment réussi à s'imposer sur le terrain.
Le principe est d'aider les entreprises, via une aide fiscale, à retenir leurs salariés les plus âgés. Ceux-ci assurent alors le tutorat de jeunes recrues. Le gouvernement examine le dispositif avec d'autant plus d'attention qu'au Parti socialiste François Hollande en fait l'une des mesures phares de son projet pour 2012.
Benoît Floc'h