Le point de vue des chroniqueurs de l'agence économique Reuters Breakingviews
L'Union européenne (UE) semble se faire à l'idée que les résultats des stress tests (test de résistance) de ses banques devraient être rendus publics. Cela contribuerait à rétablir la confiance dans le système financier - mais seulement si les gouvernements de l'UE peuvent aussi démontrer comment ils comptent recapitaliser les banques qui ont échoué. S'ils ne le font pas, au mieux, ces stress tests s'avéreraient peu convaincants. Au pire, ils pourraient semer la panique.
Lorsque 19 banques américaines ont passé ces stress tests en 2009, les Etats-Unis avaient publié les scénarios économiques moroses auxquels elles avaient été confrontées, tout autant que leurs résultats. Le pays a aussi déclaré qu'ils était prêt à injecter des capitaux - sous forme d'actions convertibles - dans toute banque qui le nécessiterait.
Ces tests ont instauré un climat de confiance, mais l'UE refuse d'en tirer des leçons. Bien que les régulateurs aient déjà réalisé un stress test à l'échelle européenne au printemps 2009, les paramètres ne sont toujours pas rendus publics, et encore moins les résultats. Les banques européennes sont donc soupçonnées de ne pas avoir été correctement " nettoyées ", ce qui a alimenté en partie la récente crise dans la zone euro.
Les responsables de la Banque centrale européenne (BCE) annoncent désormais que les résultats d'un nouveau stress test seront mis à disposition du public. Toutefois, avant de passer à cette étape, l'UE doit clarifier la situation : quelle sera la suite des événements pour les banques qui échouent ? Car contrairement au TARP américain, le plan public de sauvetage du secteur financier en 2008, il n'existe pas, en Europe, de fonds commun de trésorerie disponible pour recapitaliser les banques. Les gouvernements nationaux doivent donc prendre leur responsabilité vis-à-vis des bailleurs de fonds.
Malheureusement, les banques qui ont le plus besoin d'aide sont susceptibles de se trouver dans les pays où les gouvernements peuvent le moins se permettre de les renflouer. L'Irlande, qui fait partie des pays les plus vulnérables, a néanmoins une longueur d'avance. Le pays a déjà fait passer des stress tests et a renfloué ses banques - pour un coût estimé à 33 milliards d'euros, soit 20 % de son produit intérieur brut (PIB), selon le courtier irlandais en valeurs mobilières Goodbody.
La Grèce, en revanche, n'a pas encore injecté de capital, mais, dans le cadre de son plan de sauvetage, elle a mis en réserve 15 milliards d'euros. L'Espagne a promis de venir en aide à ses banques, à hauteur de 99 milliards d'euros - bien que seule une fraction de cet argent ait été levée à ce jour.
Pour que ces stress tests soient crédibles aux yeux des investisseurs, certaines banques devront échouer. Mais il en incombe aussi aux gouvernements de l'UE d'apporter un filet de sécurité. Faute de quoi, les résultats pourraient se révéler contre-productifs.
Peter Thal Larsen
(Traduction de Séverine Gautron)