L’Union européenne va-t-elle lancer un plan d’aide financière à l’Irlande ? Est-ce le début d’une crise plus large et plus grave ? Dans les décisions à venir, “l’île ne compte pas pour beaucoup”, estime Der Standard. Le quotidien viennois comprend "le scepticisme de Dublin" face à une possible perte de son indépendance financière. “Le problème fondamental est le suivant : Pour les sauveurs du continent, le problème principal n’est pas l’Irlande. Comme c’est le cas de la Grèce, l’économie irlandaise est beaucoup trop petite pour tirer la zone euro vers les profondeurs. Mais comme les Grecs, l’Irlande et ses banques doivent beaucoup d’argent aux banques de la zone euro et du Royaume-Uni - 138 milliards pour les seules banques allemandes", constate le quotidien viennois, qui pointe le danger d’un effet domino qui pourrait faire tomber la quatrième économie européenne : l’Espagne.
"L’Espagne est-elle la suivante ?", s’interroge El Mundo. Le quotidien madrilène rapporte qu’ "au bord du précipice, l’Espagne est mise en garde par l’UE". Car la Commission européenne a estimé que "la situation irlandaise peut affecter l´Espagne si celle-ci ne démontre pas sa crédibilité dans les marchés". "Le gouvernement a peu avancé dans les réformes structurelles engagées” en mai dernier, et n’a plus de temps, note le journal. Madrid doit, entre autres, réformer le système des retraites et accélerer processus de fusion de caisses d'épargne, un problème majeur pour le financement de l'économie espagnole, ce qu' "exige de manière impérative" le gouverneur de la Banque d´Espagne.
Chez le voisin portugais, Diário de Notícias annonce que "le gouvernement refuse de demander de l’aide même si les Irlandais le font". Mais à Bruxelles, pointe son confrère Público, "certains admettent qu’une aide commune aux deux pays est inévitable".
Comment en est-on arrivé là ? Pour Les Echos, l’Europe paie les décisions prises au printemps dernier. Lors de la crise grecque, elle a “par fierté exclu toute restructuration de la dette d’un de ses Etats membres” et créé “un plan censé gagner du temps et calmer les marchés”. Mais "les marchés financiers ne se sont calmés que quelques mois et le temps va bientôt manquer aux pays dits ‘périphériques’ de la zone euro que sont la Grèce, l’Irlande ou le Portugal pour se refinancer dans des conditions acceptables”, constate le quotidien économique français.
Et aujourd’hui, comment l’Irlande pourrait-elle ramener son déficit budgétaire de 32% du PIB à 3% en 2014 ? s’interroge le journal. “L’excès de dette ne peut que déboucher un jour ou l’autre sur le défaut de paiement ou sur une restructuration profonde. L’Europe a refusé de l’admettre jusqu’ici.” Il serait donc urgent “de sortir du déni” et “de mettre en place un mécanisme de restructuration ‘ordonnée’ de la dette des pays les plus vulnérables - en clair un étalement des échéances s’accompagnant d’un effort des créanciers”.
Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, c’est un "poker sur l’Irlande" qui se joue. Et Berlin, par exemple, se trouve coincé entre les marchés et les contribuables à cause du projet présenté par Angela Merkel pour pérenniser le mécanisme de sauvetage à partir de 2013. La chancelière voudrait faire participer les créanciers privés, notamment les banques et les fonds, au sauvetage d’un pays.
“On ne pourrait pas exiger encore plus longtemps des citoyens que les banques soient sauvées avec l’argent des contribuables sans les obliger à assumer les conséquences de leurs investissements erronés”, explique la FAZ pour laquelle la chancelière a bel est bien contribué à l’emballement des marchés quand elle a réaffirmé cette position allemande lors de sommet de Seoul. Selon un banquier interrogé par le quotidien, certains investisseurs ont cru que l’Irlande ou le Portugal seraient concernés par ce mécanisme de sauvetage.