L'Italie, le Royaume-Uni et l'Espagne, fortement endettés, prévoient de longues cures d'austérité
La relance attendra. Avec un bel ensemble, les gouvernements des principaux Etats européens sont contraints de donner une priorité absolue à la maîtrise de leurs finances publiques, et s'engagent dans des plans d'économies d'ampleur. Pour plusieurs années. Sous la pression de leur dette, l'Italie, le Royaume-Uni, l'Espagne ont annoncé, ou sont en passe de le faire, des cures d'austérité durables. A Rome, Giulio Tremonti, le ministre de l'économie de Silvio Berlusconi, veut économiser 24 milliards d'euros en deux ans, afin de ramener à 2,7 % du produit intérieur brut (PIB) en 2012 le déficit d'un pays dont la dette dépasse 115 % du PIB.
A Londres, le nouveau premier ministre conservateur, David Cameron, a décidé un premier train d'économies représentant 1 % des dépenses publiques du royaume. Il dévoilera, en juin, un collectif budgétaire plus vaste et un programme économique à long terme à l'automne.
" Culture de stabilité "
Le Fonds monétaire international (FMI) incite Madrid à faire mieux et plus vite pour flexibiliser son marché du travail, " consolider " son secteur bancaire et juguler le dérapage des finances publiques. Le président socialiste du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, s'est pourtant déjà fait violence en consentant à ce qu'il avait promis de ne pas faire : réduire les salaires des fonctionnaires, les pensions des retraités, les aides aux jeunes parents...
Ces gouvernements rejoignent le mouvement engagé par le gouvernement allemand, qui s'est fixé pour objectif, dans sa Constitution, de ramener son déficit public à 0,35 % du PIB à partir de 2016. Pour y parvenir, Berlin devra économiser chaque année pas moins de dix milliards d'euros.
La " culture de stabilité " déclarée " non négociable " par la chancelière allemande, Angela Merkel, aurait-elle gagné le continent ? La France n'a pas encore apporté aussi clairement sa réponse. Le gel des dépenses publiques (hors dette et pensions de retraites) et la baisse de 10 % des dépenses de fonctionnement et d'investissements annoncés par le gouvernement de François Fillon devront peut-être être complétés, quelle que soit l'issue de la réforme des retraites en préparation.
Ces plans interviennent sous la pression des marchés, toujours aussi forte, alors que le plan d'aide à l'euro décidé par les Européens n'a pas levé les doutes. Ils font naître plusieurs interrogations. Les premières concernent les conséquences de ces plans sur la demande intérieure et sur la croissance. Elles ne devraient pas manquer d'animer les prochaines réunions des ministres des finances européens.
Les secondes ont trait aux opinions publiques. La purge grecque, les 20 % de chômage en Espagne, la réforme des retraites en France : autant de motifs de préoccupations pour des gouvernements sous la contrainte. Dans cette crise, les pays de l'Europe du Sud devraient continuer d'occuper le devant de la scène.
Cécile Chambraud