Retrouvez dans l'Agenda des Evénements les différentes manifestations organisées à cette occasion par les acteurs de commerce équitable et les nombreux sympathisants du secteur.
Quinzaine du commerce équitable
Bonne visite et
CONSOMMATION
Raisonné, solidaire, équitable, durable, responsable... Le consommateur qui doit faire ses courses a tout pour s'y perdre entre les différents concepts utilisés par les marques pour promouvoir leurs produits. Au rayon café, faut-il choisir Malongo, " l'arabica issu de la culture des petits producteurs ", qui a le label Fairtrade Max Havelaar, ou Nespresso, " un café de qualité supérieure, durablement ", qui a la certification Rainforest Alliance ? Au rayon chocolat : Côte d'or ou Ethiquable ? D'ailleurs, l'équitable est-il durable ? Et l'éthique, est-elle écolo ?
Ces questions, le ministère de l'écologie lui-même se les est posées, lorsqu'il a revu le marché de la restauration collective de son restaurant de la Grande Arche, pour y introduire des denrées bio, mais aussi équitables, dans la foulée du Grenelle de l'environnement, en 2008. " Importer des tomates équitables par avion n'est pas très bon en termes de bilan carbone, a constaté le responsable de la rédaction du marché. Nous avons donc décidé de choisir l'équitable seulement pour les produits qui viennent de loin. Nous l'avons imposé pour les boissons chaudes (café, thé, cacao) ainsi que les chocolats et le sucre qui les accompagnent à la cafétéria ", indique-t-il.
Une autre difficulté s'est alors présentée : quelle marque et quel label choisir ? Il s'est alors référé à la seule définition officielle française qui existait alors, celle de la loi du 2 août 2005 en faveur des petites et moyennes entreprises. D'ici à quelques mois, ce genre de difficulté devrait disparaître, car une commission nationale du commerce équitable donnera une reconnaissance publique aux labels qui la mériteront. Cette commission, dont la création était prévue depuis 2005, vient d'être installée par Chantal Jouanno et Hervé Novelli, secrétaires d'Etat en charge de l'écologie et de la consommation. Lors de sa première réunion, le 19 mai, elle devrait discuter le contenu du " référentiel de certification " sur le fondement duquel la reconnaissance sera accordée ou pas. Cette dernière ne devrait pas prendre la forme d'un logo, mais d'une communication via l'Institut national de la consommation.
" La création de la commission va donner une reconnaissance aux vrais labels du commerce équitable, se réjouit, depuis Haïti, où il visite des producteurs, Jean-Pierre Blanc, directeur général des cafés Malongo, appelé à siéger au titre de personnalité qualifiée. Actuellement, n'importe qui peut prétendre faire du commerce équitable ", déplore-t-il.
Or, " peu de systèmes de garanties respectent les critères du commerce équitable ", assure Julie Stoll, coordinatrice de la Plate-Forme pour le commerce équitable, collectif national de concertation et de représentation. " Les principaux sont ceux des deux organismes internationaux : Flo, qui décerne le label Fairtrade Max Havelaar et labellise plus de 80 % des produits agroalimentaires équitables dans le monde, et World Fair Trade Organization (WFTO), auquel est affiliée, en France, la Fédération Artisans du monde. A noter également l'arrivée d'un nouveau label français Equitable-ESR, délivré par Ecocert ", indique Julie Stoll.
La notoriété du commerce équitable est forte, mais le panier moyen n'était que de 4,94 euros par habitant en 2009 (contre 0,20 euro en 2001). Les acteurs du commerce équitable espèrent donc que les consommateurs se détourneront des marques labellisées par l'ONG américaine Rainforest Alliance (Nespresso, Lipton, Tetley ou Côte d'or) et par l'organisation néerlandaise UTZ Certified (Douwe Egberts, Senseo, Maison du café). Rainforest Alliance et UTZ Certified ont certes prévu des critères sociaux, " mais leurs standards ne portent pas les mêmes exigences que ceux du commerce équitable : ils ne prévoient pas de prix minimum garanti pour les producteurs ", précise Gérald Godreuil, responsable garantie à la Fédération Artisans du monde. Ces organisations n'envisagent d'ailleurs pas de demander leur reconnaissance à la commission.
La marque Alter Eco aimerait que la commission propose des standards " plus exigeants " que ceux du label Max Havelaar : " Nous déplorons qu'il accepte le thé produit par les grandes plantations ", indique Eric Garnier, en charge de la communication. Soucieuse de concilier équitable, bio et réduction de l'impact environnemental, la marque, qui a les logos " Fairtrade Max Havelaar " et " AB ", sur ses tablettes de chocolat, a, en outre, créé une nouvelle garantie, " Objectif zéro carbone ", qui permet de certifier que toutes les émissions de carbone sont intégralement compensées par un programme de reforestation en Amazonie péruvienne.
Mais au fait, l'équitable est-il bon ? Il a longtemps eu la réputation du contraire, mais les temps changent : une dégustation à l'aveugle de vingt-quatre chocolats noirs organisée en 2009 par Que Choisir a donné la meilleure note au Noir intense force brute d'Alter Eco, en raison de " sa belle saveur fruitée ".
Rafaële Rivais