Le cinquième sommet du G20 se tient les 11 et 12 novembre à Séoul sous la présidence de la France. Les chefs d’Etat et de gouvernement des vingt principaux pays développés et émergents devront chercher les moyens de soutenir la reprise économique, tout en évitant d’aggraver les problèmes de déficit et d’endettement.
Séoul, 9 novembre 2010.
L’une des rares conséquences positives de la faillite de Lehman Brothers, en septembre 2008, a été l’émergence du G20 comme forum de discussion efficace pour régler les grands problèmes économiques mondiaux. Depuis le succès des sommets de Washington [2008] et de Londres [2009], la réputation du groupe s’est toutefois dégradée. Le dernier sommet, à Toronto en juin 2010, a été un échec. Et la préparation de celui qui s’ouvre à Séoul le 11 novembre a été émaillée de disputes sur les monnaies et les déséquilibres internationaux. Certains ont même mis en doute la pertinence de ce forum. Le G20 ne doit pas laisser ces critiques le faire dérailler.
C’est en bonne partie à cause de l’ampleur de la crise économique et de la réaction urgente qu’elle imposait que le G20 a supplanté le G8 en tant que principale réunion économique mondiale. Il n’est donc peut-être pas surprenant qu’aujourd’hui, alors que l’apocalypse ne semble plus imminente, les responsables politiques agissent de nouveau chacun de leur côté. Leur soif de coopération internationale a disparu.
C’est une erreur. Car la montée en puissance du G20 s’expliquait aussi par un constat implicite dont la justesse demeure, même si la récession touche à sa fin : les grandes questions économiques ne peuvent être résolues que par une action coordonnée, et l’époque où le G8 pouvait fixer le cap de l’économie mondiale est révolue. Aujourd’hui, un accord sur des objectifs internationaux n’a plus aucun sens s’il n’inclut pas les pays émergents.
Les querelles sur les déséquilibres internationaux en sont un bon exemple. Déficits et excédents publics existent à la fois dans le monde émergent et dans le monde industrialisé. Une solution ne sera donc possible qu’à condition d’impliquer ces deux groupes de pays.
L’action concertée est également une nécessité pour régler les problèmes des banques internationales. Le désir de réforme du système semble s’être évanoui à mesure que la tension diminuait sur les marchés financiers. Sauvées in extremis, les banques se sont fermement opposées à toute modification réglementaire contraignante. A l’échelle nationale, les pays pourraient être tentés de renoncer à réformer le système pour des raisons de compétitivité. Seul un accord multilatéral peut écarter ce risque.
Le G20 n’est peut-être pas parfait, mais lui seul dispose de la légitimité nécessaire pour aborder ces questions. Sans lui, les gouvernements ne feraient que s’affronter dans des tête-à-tête bilatéraux. Les querelles n’en seraient que plus nombreuses, en témoignent les récents accrochages sur la dévaluation compétitive des monnaies. Les dirigeants réunis cette semaine à Séoul ne doivent pas l’oublier. Si le G20 ne peut pas régler tous les problèmes du monde, il peut néanmoins prévenir une dérive protectionniste.
Le Bureau international du travail (BIT) appelle les pays du G20 à favoriser une "croissance riche en emplois".
Dans un rapport publié à la veille du sommet, le BIT relève que le
chômage a reculé en 2010 dans huit pays du G20, principalement
émergents, mais a augmenté dans dix autres.