Dans l’ancienne colonie britannique, les jeunes manifestent directement leur opposition à certains projets du gouvernement chinois.
14.01.2010 | Yi Ruimin | Lianhe Zaobao
La “génération 80”, celle des Hongkongais nés dans les années 1980, est au cœur des conversations à Hong Kong. Car elle était majoritaire parmi les manifestants en faveur de la démocratie qui se sont dirigés le jour de l’an vers le Bureau de liaison avec la Chine à Hong Kong [représentation du pouvoir central depuis que Pékin a récupéré sa souveraineté sur l’ancienne colonie], menaçant d’en faire à l’avenir leur principal lieu de manifestation et de diriger leurs critiques contre Pékin. Cette attitude n’a pas manqué d’alarmer les médias proches du gouvernement chinois. En effet, la majorité des grandes manifestations à Hong Kong ont toujours eu jusqu’à présent pour destination finale le siège du gouvernement hongkongais. Le Bureau de liaison avec la Chine n’avait été jusqu’à maintenant pris pour cible qu’en avril 2004, à la suite de la décision d’accorder au Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire chinoise le pouvoir d’interprétation de la Loi fondamentale hongkongaise. Si, à l’avenir, toutes les manifestations doivent se dérouler à proximité du Bureau de liaison avec la Chine, certains craignent que cela ne constitue une véritable provocation et ne fragilise considérablement la politique fondée sur le principe “un pays, deux systèmes” [en instituant un face-à-face direct entre la population de Hong Kong et Pékin]. Cela pourrait même conduire Pékin à prendre les choses en main. Pour le secrétaire hongkongais aux Finances, John Tsang Chun-wah, les enfants des années 1980 ne sont pas une génération désireuse de renverser le pouvoir chinois à Hong Kong en y créant des troubles. “Ce sont des jeunes qui n’ont fait leur entrée dans la société qu’après la rétrocession de Hong Kong à la Chine. Ils sont sans doute davantage attachés à Hong Kong et à leur nation que les générations antérieures de Hongkongais [en majorité immigrants]. Ils ont davantage envie de s’investir pour leur pays et se passionnent plus pour les affaires sociales. Ils hésitent moins à se mettre en avant pour exprimer courageusement leurs opinions”, assure-t-il.
Selon les sociologues, malgré leurs conditions de vie aisées, les Hongkongais nés dans les années 1980 semblent être plus idéalistes et plus sensibles aux inégalités sociales que leurs compatriotes continentaux. Les jeunes Hongkongais sont de nouveaux militants de la rue, fédérés grâce à Internet. Ces dernières années, on a pu les voir pour la première fois scander des slogans lors de batailles pour la défense de lieux emblématiques de Hong Kong, comme l’embarcadère du Star Ferry [démantelé en décembre 2006]. Leur nouveau combat porte sur Tsoi Yuen Tsuen, qu’ils jurent de défendre jusqu’à la mort. Tsoi Yuen Tsuen est ce village qui doit être démoli pour faire place à la nouvelle ligne ferroviaire à grande vitesse entre Canton, Shenzhen et Hong Kong. La discussion sur l’enveloppe budgétaire allouée à ce projet devait avoir lieu au Parlement local le 8 janvier, mais le vote a été reporté, le débat sur son financement et son impact environnemental n’étant pas terminé.
La génération 80 a lancé coup sur coup huit campagnes pour encourager la population à empêcher ce financement. Avant la discussion parlementaire, elle a organisé une marche dans cinq districts devant durer quatre jours et trois nuits pour sensibiliser les Hongkongais et obtenir un large soutien de l’opinion publique. Les conflits entre le gouvernement hongkongais et la génération 80 sont de plus en plus chauds et, de chaque côté, on doit en avoir conscience.