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Expliquer la finance et l'économie par un praticien. Participer a la compréhension d'une matière d'abord difficile mais essentielle pour le citoyen.

La révolution raisonnable Jacques Attali

La révolution raisonnable

le 20 octobre 2009 6h58 | par

Jacques Attali

 

 

  Pendant qu’augmente le nombre de gens souffrant de la faim dans le monde (dont l’essentiel est   en Inde, en Chine, et en Afrique), les paysans d’Europe, et en particulier ceux de France, déversent leurs excédents sur les routes pour attirer l’attention sur la faillite qui les guette.

A priori,  les intérêts des uns et des autres semblent totalement contradictoires : les paysans des pays riches veulent continuer à etre subventionnés (300 milliards d’euros par an) pour produire et exporter, pendant que  ceux    des pays pauvres, abandonnés à eux-mêmes, n’arrivent pas à écouler   leurs maigres productions et   constituent les deux tiers du milliard de gens souffrant aujourd’hui de la faim.

 Seules les rassemblent  la crise économique (qui fait baisser les prix et les revenus de tous) et la crise écologique (qui  diminue partout les rendements agricoles).

  Pourtant, à terme, leurs intérêts sont convergents, car  ils vont devoir répondre ensemble à la formidable croissance  à venir de  la demande mondiale de produits agricoles   : la population de la planète augmentant d’un tiers d’ici à 2050, il faudra augmenter d’au moins autant la production agricole. Et même de  beaucoup plus, car  la croissance économique  conduira à augmenter plus que proportionnellement la demande  de viande et donc à produire   d’avantage  de  végétaux pour  nourrir les animaux ( il faut 4   calories  végétales  pour produire 1 calorie  de  porc  et  11  pour une calorie de  bœuf ou de mouton). Et comme  il faudra ajouter  à cela les besoins de production végétale  pour les agro carburants, il faudra au total,   plus que doubler la production agricole mondiale.

Pour y parvenir,  on ne pourra pas extrapoler les méthodes actuelles :   il faudrait  en effet   doubler  les surfaces cultivées (1,5 milliard d'hectares aujourd’hui, soit  10 % des terres émergées) et intensifier,  par les engrais,   les  modes de production ;  avec,  dans les deux cas,  des conséquences  désastreuses sur la qualité des  sols et la santé des gens.

 Il faudra donc, pour survivre,  se lancer dans une véritable révolution raisonnable, à laquelle tout le monde aurait à gagner :

  Cette  révolution est nécessaire. Elle est à notre portée, politiquement et financièrement. Si elle est  bien conduite, elle peut faire du  monde le jardin dont,  depuis l’aube des temps,   rêve l’humanité. 

 j@attali.com

 
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