• 2050 par Philippe Frémeaux

    2050

    Philippe Frémeaux

     

    Les prévisions pour 2050, sur lesquelles se basera la réforme des retraites, doivent prendre en compte le vieillissement de la population et la rareté des ressources naturelles, pour mieux adapter notre système par répartition.

    La retraite par répartition est fondée sur la solidarité entre générations. Les retraites d'aujourd'hui sont payées par un prélèvement sur les richesses produites par les actifs d'aujourd'hui. Il en sera de même demain. C'est pourquoi les économistes établissent des prévisions sur l'état de l'économie française à l'horizon 2050. Ces prévisions se fondent sur des éléments relativement solides, notamment en matière démographique. Pour autant, on peut douter qu'on puisse sérieusement concevoir la réforme des retraites sur la seule base d'hypothèses sur le niveau du taux de chômage et sur le ratio actifs sur inactifs au milieu du siècle.

    Le problème ne réside pas dans le caractère incertain d'une telle prévision, dans un moment où nul ne sait ce que sera le chômage à la fin 2010. Les climatologues nous ont appris que le fait de ne pas savoir quel temps il fera la semaine prochaine n'empêche pas de formuler des hypothèses de long terme en matière de changement climatique: les instruments mobilisés diffèrent selon l'horizon temporel auquel la prévision s'applique.

    Sauf que les modèles utilisés par les économistes ne savent faire qu'une chose: prolonger dans le futur les tendances et les structures actuelles. Or, à l'horizon 2050, le raisonnement "toutes choses égales par ailleurs" est plus qu'une erreur technique, c'est une faute contre la démocratie. Car il donne à croire que notre société s'inscrira dans quarante ans dans la stricte continuité des tendances passées. Il enferme le raisonnement - et le débat public - dans un cadre artificiellement figé.

    Un cadre qui permet à certains de présenter les déficits d'aujourd'hui, en grande partie dus aux conséquences de la crise financière, comme les premiers symptômes de contraintes qui légitimeraient des mesures restrictives de portée durable. Tandis que d'autres prétendent qu'on pourrait s'abstraire de toute réforme des retraites, partant du fait que la croissance indéfinie de l'économie ne manquera pas de dégager un surplus de richesses aisé à prélever et à redistribuer.

    Et si le vrai débat était ailleurs? La France est aujourd'hui un des pays les plus riches du monde. Son potentiel productif et son stock d'infrastructures n'ont jamais été aussi élevés. Il lui est techniquement possible de s'adapter à de profonds changements tout en assurant le bien-être et le mieux vivre de tous.

    L'allongement de l'espérance de vie va imposer de profondes adaptations afin d'assurer dans les prochaines décennies une répartition équitable de l'effort productif et des richesses entre générations. Mais d'autres adaptations majeures vont être nécessaires, notamment pour faire face aux défis environnementaux. Au lieu d'être perçues comme des menaces, ces contraintes devraient apparaître comme autant d'opportunités de repenser radicalement notre rapport au travail, à la production et à la consommation, tout au long de la vie.

    La retraite


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