• Faut-il protége les déserts ou l'atmosphère ?

    Faut-il protéger les déserts ou l’atmosphère ?<o p="#DEFAULT"></o>

    Une sénatrice californienne tente de faire classer une partie du désert de Mojave. Son but : empêcher la construction de nouvelles centrales solaires.<o p="#DEFAULT"></o>

    07.01.2010 | Todd Woody |  The New York Times<o p="#DEFAULT"></o>


     

    Ciel dégagé, températures élevées
     

    Le désert de Mojave, à l’instar d’autres régions désertiques du globe (Sahara, Australie), bénéficie de conditions très favorables à l’installation de centrales solaires thermodynamiques. Ces centrales, qui utilisent des miroirs pour concentrer l’énergie solaire, ont besoin d’un environnement où le rayonnement solaire direct (celui qui n’est pas détourné par les nuages, la poussière, la pollution, l’humidité) dépasse les 2 000 kWh/m²/an. Les zones arides du sud-ouest des Etats-Unis, et notamment le Mojave, reçoivent un rayonnement direct allant de 2 450 à 2700 kWh/m²/an. Parmi les meilleures performances de la planète.<o p="#DEFAULT"></o>


    D’AMBOY (Californie)
    Mi-décembre, la sénatrice californienne Dianne Feinstein a présenté une proposition de loi destinée à protéger des millions d’hectares du désert de Mojave, en Californie. Un texte qui supposerait de renoncer aux quelque 13 centrales solaires et parcs éoliens qui devaient être implantés dans la région. Avant même que son texte – qui vise à créer deux nouveaux “monuments nationaux” [sites classés où la faune et la flore sont moins protégées que dans les parcs nationaux] dans ce désert – ne soit examiné en première lecture au Congrès de Washington, la sénatrice démocrate est en grande partie arrivée à ses fins. Que le texte soit adopté ou non, son initiative compromet déjà l’implantation de nouvelles centrales dans la zone des monuments nationaux. Un sérieux revers pour <st1 personname="#DEFAULT" productid="la Californie" st="on" w="#DEFAULT">la Californie</st1>, qui avait résolument misé sur les énergies renouvelables.

    Les promoteurs de ces projets ont déjà remis à plus tard la cons­truction de leurs installations, quand ils ne les ont pas complètement abandonnés. Et l’organisme californien chargé de l’aménagement du réseau de distribution de l’électricité a révisé le tracé de certaines lignes électriques afin de contourner les zones qui risquent d’être protégées. “L’existence même de cette ­proposition de loi a gelé les aménagements”,  déplore Karen Douglas, présidente de <st1 personname="#DEFAULT" productid="la Commission" st="on" w="#DEFAULT">la Commission</st1> de l’énergie de Californie.

    Pour Mme Feinstein, la création de monuments nationaux dans le désert de Mojave permettra aux pouvoirs publics de tenir la promesse qu’ils ont faite il y a une décennie : protéger des espaces désertiques qui ont été cédés au gouvernement fédéral par un organisme écologique, lequel les avait reçus de <st1 personname="#DEFAULT" productid="la Catellus Development" st="on" w="#DEFAULT">la Catellus Development</st1> Corporation.“Les terres de <st1 personname="#DEFAULT" productid="la Catellus" st="on" w="#DEFAULT">la Catellus</st1> ont été achetées moyennant 45 millions de dollars de fonds privés et 18 millions de dollars de fonds fédéraux, puis données au gouvernement fédéral à des fins de préservation. Cet engagement doit être tenu, un point c’est tout”, déclare Mme Feinstein dans un communiqué. Les autorités de Washington avaient pris un autre chemin en 2005, lorsque le président George W. Bush a décidé que la production d’énergies renouvelables serait accélérée sur les terres appartenant au domaine public, y compris celles ayant appartenu à <st1 personname="#DEFAULT" productid="la Catellus Development" st="on" w="#DEFAULT">la Catellus Development</st1> Corporation. Le gouvernement Obama tente désormais de concilier les impératifs de préservation de l’environnement avec sa politique d’accroissement rapide de la production d’énergie solaire et éolienne. A cette fin, il recherche des sites qui se prêtent à de grands projets, en particulier dans l’Ouest.

    Un des grands projets a déjà été annulé

    Mais Mme Feinstein a plusieurs atouts en main. Elle dirige notamment la sous-commission sénatoriale qui contrôle le budget du ministère de l’Intérieur. Un poste qui lui donne une influence importante sur ledit ministère, chargé du domaine foncier fédéral. De fait, son offensive législative va donner du fil à retordre aux compagnies d’électricité de Californie, à qui l’Etat a fixé pour objectif d’obtenir le tiers de leur électricité à partir d’énergies renouvelables en 2020 ; les projets situés dans la zone contestée étaient censés fournir une bonne partie de cette électricité.

    “Il s’agit du meilleur site du monde pour l’énergie solaire. Et la sénatrice Feinstein ne devrait pas avoir le droit de balayer de tels projets d’un revers de la main sans qu’il y ait eu auparavant une véritable étude scientifique sur le terrain”,  estime Robert F. Kennedy Jr., spécialiste de l’environnement et associé d’une société de capital-risque qui a investi dans BrightSource Energy, une société active dans le secteur de l’énergie solaire. BrightSource a déjà annulé en ­septembre un grand projet dans la zone en question. Des dirigeants syndicaux, des cadres du secteur énergétique, des responsables de la réglementation et certains écologistes ont aussi exprimé leur inquiétude quant aux conséquences qu’aurait une telle législation. Mais rares sont ceux qui ont accepté de s’exprimer en public, de crainte de se mettre à dos l’une des personnalités politiques les plus influentes de Californie.

    Le débat sur la zone des monuments révèle en fait une contradiction entre deux objectifs des écologistes : la préservation des zones de nature vierge d’une part et les ambitieux projets de lutte contre le réchauffement d’autre part. Ces espaces désertiques comptent en effet parmi les plus ensoleillés du pays, d’où leur intérêt pour la production d’électricité à grande échelle. Par ailleurs, ils offrent certains des points de vue les plus spectaculaires de tout l’Ouest américain. Dans le désert de Mojave, on peut admirer des paysages à couper le souffle, abritant des tortues du désert, des mouflons du désert, des lézards acanthodactyles et autres rares espèces animales et végétales.

    En avril, au plus fort de la polémique sur les centrales solaires du désert de Mojave, Mme Feinstein s’est rendue sur place. Elle s’est entretenue avec les constructeurs de centrales, mais elle n’a pas été sensible à leurs arguments, si l’on en croit des personnes qui l’accompagnaient. La sénatrice semblait surtout s’inquiéter de l’impact visuel d’immenses centrales solaires sur <st1 personname="#DEFAULT" productid="la Route" st="on" w="#DEFAULT">la Route</st1> 66, qui traverse le désert de Mojave.

    “Quand nous avons assisté à la réunion sur le terrain, dans le désert, avec la sénatrice Feinstein, nous avons compris qu’elle prenait cet aspect de l’affaire très au sérieux”, explique Gary Palo, vice-président chargé du développement chez Cogentrix Energy, un constructeur de centrales solaires appartenant à Goldman Sachs. “Cela n’aurait aucun sens pour nous de poursuivre nos projets, que ce soit d’un point de vue politique ou pratique”, conclut-il. Un autre projet, une gigantesque centrale solaire de <st1 metricconverter="#DEFAULT" productid="4 800 hectares" st="on" w="#DEFAULT">4 800 hectares</st1>  construite par Tessera Solar, a été annulé à la mi-décembre. La société a aussi évoqué la bataille menée par Mme Feinstein.

    Le texte de la future loi doit encore être remanié

    Le 17 décembre, la sénatrice a présenté une proposition de loi qui accordera un crédit d’impôt de 30 % aux constructeurs de centrales acceptant de remettre en état des terrains privés dégradés afin d’y installer des centrales solaires. Et le 21 décembre elle a soumis sa proposition de loi destinée à créer le monument national des Sentiers mojaves (<st1 metricconverter="#DEFAULT" productid="380 000 hectares" st="on" w="#DEFAULT">380 000 hectares</st1>) et le monument national Sand to Snow [Sable vers neige, 54 000 hectares]. “Je suis fermement convaincue que la préservation de l’environnement, la promotion des énergies renouvelables et le tourisme peuvent et doivent coexister dans le désert de Californie”, a assuré Mme Feinstein dans un communiqué. “Cette nouvelle loi veille à concilier ces exigences parfois contradictoires.”

    Les constructeurs de centrales et les écologistes reconnaissent d’ailleurs que Mme Feinstein a modifié le texte de sa proposition de loi pour arriver à un meilleur équilibre. Alors que la première mouture prévoyait de sanctuariser 1 million d’hectares, la superficie est aujourd’hui ramenée à environ <st1 metricconverter="#DEFAULT" productid="404 000 hectares" st="on" w="#DEFAULT">404 000 hectares</st1>, ce qui permet au moins la poursuite de deux projets. Par ailleurs, certaines dispositions du texte ont pour but d’accélérer l’adoption des projets d’énergies renouvelables dans le domaine foncier fédéral. Mais cela ne devrait pas suffire à satisfaire les opposants à cette loi, notamment les syndicats, qui comptaient sur la création de milliers d’emplois. “La sénatrice Feinstein veut malheureusement barrer l’accès à une grande partie du désert, en tenant compte du régime de propriété historique et non des données scientifiques”, fait valoir Marc D. Joseph, avocat auprès des Syndicats de Californie pour les énergies renouvelables. “Ce n’est certainement pas la meilleure manière de décider de l’implantation des centrales solaires.”

    Quant à John White, directeur général du Centre pour le rendement énergétique et les technologies renouvelables (Sacramento), il estime que cette législation va empêcher l’aménagement de centrales solaires dans tant de sites qu’elle va peut-être inciter les pouvoirs publics à créer de ­nouvelles zones pour les énergies renouvelables. “Si vous supprimez <st1 metricconverter="#DEFAULT" productid="400 000 hectares" st="on" w="#DEFAULT">400 000 hectares</st1>, conclut-il, comment allez-vous les ­remplacer ?”


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