• L'Allemagne reste adepte du compromis


    Berlin Correspondance

                L'Allemagne scrute avec anxiété son marché du travail. Pourtant, malgré la chute des exportations et de la production industrielle, la catastrophe annoncée n'a pas encore eu lieu : le taux de chômage brut a même baissé plus que prévu en septembre, à 8 %, contre 8,3 % en août. Est-ce le résultat d'une politique de l'emploi efficace ? Le gouvernement n'a en tout cas pas remis en cause la politique de flexibilisation du marché de l'emploi lancée par l'ex-chancelier (SPD) Gerhard Schröder. " Il a plutôt misé sur des mesures d'ajustement provisoires destinées à encourager les entreprises à garder leur main-d'oeuvre en attendant que le grain passe ", indique Roland Dhörn, expert à l'institut d'économie RWI d'Essen.

    Au coeur du dispositif, l'incitation au Kurzarbeit, le travail à temps réduit ou chômage partiel. La législation existe en Allemagne depuis les années 1920, mais elle a été modifiée à l'automne <st1:metricconverter productid="2008. L" w:st="on">2008. L</st1:metricconverter>'idée : subventionner les salaires plutôt que payer le chômage. <st1:personname productid="La Bundes Agentur" w:st="on">La Bundes Agentur</st1:personname> für Arbeit (l'agence pour l'emploi) prend en charge la moitié des cotisations sociales qui incombent à l'entreprise. Et même leur totalité si les salariés suivent une formation en dehors du temps de travail. La période pendant laquelle une société et ses employés peuvent bénéficier de ce régime a été portée de 12 à 24 mois. L'Etat compense à hauteur de 60 % à 67 % la perte du revenu net perçu avant à temps plein.

    Actuellement, 1,5 million de salariés allemands sont au Kurzarbeit. Quelque 430 000 emplois ont ainsi pu être sauvés selon l'agence pour l'emploi. " Il est difficile d'avoir un avis définitif sur les bienfaits du dispositif, note pourtant M. Dhörn. Il contient l'envolée du chômage. Mais dans certains cas, il maintient artificiellement des structures non viables. "

    Pas d'inflexion libérale

    Le pire a peut-être été évité, mais les prévisions ne sont guère encourageantes : selon l'agence, la barre des quatre millions de chômeurs pourrait être atteinte au printemps 2010, contre 3,35 actuellement. Le modèle social allemand pourra-t-il répondre efficacement à un tel afflux de sans-emploi ?

    D'après les experts, allocations chômage, aide sociale et prestations familiales contribuent à amortir les conséquences de la crise. Mais le système allemand, longtemps généreux, s'est durci. Les lois Hartz, adoptées sous M. Schröder, ont imposé une réduction des indemnisations et de leur durée, et un contrôle accru de la recherche effective d'emploi. Contestées par les syndicats, les réformes ont été corrigées au cours de la dernière législature : à l'automne 2007, la durée d'indemnisation des chômeurs les plus âgés a été rallongée.

    Le nouveau partenaire de coalition avec les chrétiens-démocrates (CDU) depuis les législatives du 27 septembre, le parti libéral (FDP), réclame, lui, plus de flexibilité, notamment sur les procédures de licenciement. Angela Merkel lui a opposé une fin de non-recevoir. Elle refuse toute inflexion libérale en matière sociale, pour ne pas, en pleine crise, s'aliéner les syndicats. Loin de toute " révolution ", le compromis social à l'allemande pourrait perdurer.

    Marie de Vergès

    Quel modèle social résistera le mieux à la tourmente ? 


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