Grèce : La chasse aux reçus

Athènes Correspondance

            A l'image de millions de compatriotes, Maria, une psychologue de 42 ans, pratique la chasse aux reçus : " Depuis le début de l'année, je garde toutes les notes de plus de 10 euros, je ne laisse plus rien passer. " En Grèce, les premiers 12 000 euros de revenus annuels sont exonérés. Mais pour continuer à bénéficier de cette exemption, il faudra désormais prouver que l'on a dépensé 30 % du total des sommes déclarées. Un salarié gagnant 30 000 euros devra ainsi produire des reçus à hauteur de 10 000 euros.

L'idée est simple : mobiliser chaque Grec dans la guerre contre la fraude fiscale et contraindre les plombiers, restaurateurs ou chauffeurs de taxis à déclarer leurs prestations.

Les salariés n'ont pas d'état d'âme. " Chaque mois je remplis un sac de reçus, j'en ai déjà pour 1 000 euros ", affirme une fonctionnaire, non gréviste, croisée sur son lieu de travail mercredi 10 février à Athènes. Pour Maria, c'est plus complexe. Elle-même consulte autant que possible au noir, et songe à suivre l'exemple de certains de ses collègues qui ont installé à la porte de leur cabinet une caméra chargée de détecter d'indésirables agents du fisc.

Masse de paperasse

" S'il n'y avait que mes patients anciens, je crois que je continuerai comme avant, mais tous les nouveaux venus me réclament des notes. Si ça continue, je vais devoir cette année payer des impôts ", explique-t-elle.

Le succès de l'opération, dont beaucoup de modalités doivent encore être précisées, n'est pas acquis, au vu de la masse de paperasse engendrée. D'autant que les employés du fisc, dont tout le zèle ne sera pas de trop, figurent parmi les fonctionnaires ayant amassé par le passé le plus de privilèges, et sont aujourd'hui les plus touchés par la cure de rigueur.

Catherine Georgoutsos

Grèce, L'heure des efforts à sonné