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Les affaires de pollution commencent à intéresser les médias chinois
Le cas d'un village du Shaanxi, où près d'un millier d'enfants ont été intoxiqués, a reçu une couverture inhabituelle
Hongkong CorrespondanceSigne que les scandales de pollution ont de plus en plus droit de cité en Chine, l'empoisonnement au plomb de près d'un millier d'enfants près de Baoji, une ville de la province du Shaanxi, dans le centre du pays, coincée dans une vallée défigurée par les industries lourdes, reçoit depuis quelques jours une couverture inhabituelle de la part des médias chinois et provoque une vive émotion dans l'opinion.
Mercredi 19 août, la presse chinoise signalait un autre cas d'empoisonnement au plomb, dans l'ouest du Hunan cette fois, au voisinage d'une fonderie illégale de manganèse construite à côté d'une école.
Dans le Shaanxi, des analyses ont révélé que 851 enfants et adolescents originaires du district de Fengxiang, qui dépend de Baoji, présentaient un taux de plomb dans le sang supérieur à 100 microgrammes par litre, jugé dangereux pour la santé. 166 d'entre eux affichaient même un taux de plus de 250 mg par litre.
En début de semaine, des centaines de parents en colère ont saccagé les bureaux de <st1:personname productid="la Dongling Lead" w:st="on">la Dongling Lead</st1:personname> and Zinc Smelting Company, ainsi que plusieurs véhicules de cette société, considérée comme responsable de la pollution, après avoir appris qu'une jeune fille de 18 ans avait tenté de se suicider, la veille, en avalant des pesticides, a rapporté le China Daily. Elle s'était disputée avec sa mère, qui refusait de lui faire subir un test sanguin, seuls les enfants de moins de 14 ans ayant droit à un test gratuit. Les parents souhaitent désormais que les enfants plus âgés soient également testés.
Le maire de Baoji, qui s'est rendu sur place et s'est excusé auprès des parents, a ordonné la fermeture de l'usine. Celle-ci, selon des témoins, n'en a pas moins repris ses opérations, la nuit. Selon le bureau local de protection de l'environnement, la teneur en plomb de l'air aux alentours de l'usine est 6,3 fois supérieure aux mesures faites <st1:metricconverter productid="350 m│tres" w:st="on">350 mètres</st1:metricconverter> plus loin, mais les déchets de la fonderie sont aux normes, une information qui a été accueillie avec le plus grand scepticisme par la population locale.
De nouveaux cas d'empoisonnement, découverts mercredi à Fengxiang, concernent des enfants habitant à cinq kilomètres de l'usine. Les autorités prétendent qu'ils sont dus à de mauvaises habitudes alimentaires et à la pollution automobile.
Procès en nom collectif
Li Jianzhong, un villageois de la province voisine du Gansu devenu militant écologiste, qui s'était mobilisé lors d'un scandale survenu en 2007 à Xinsi, où plusieurs centaines d'enfants avaient été victimes d'un empoisonnement similaire au plomb, déplore que l'attention des médias chinois s'éveille si tardivement. " Si notre cas n'avait pas été étouffé, ce qui arrive à Baoji aurait pu être évité ", assure-t-il.
Li Jianzhong a réussi à faire accepter par un tribunal de la ville de Longnan la demande de procès en nom collectif de 986 parents contre la fonderie responsable de la pollution, en espérant pouvoir ensuite porter l'affaire devant le tribunal de la province.
Les parents sont défendus par des avocats de Pékin et les médias ont commencé à s'intéresser au cas des enfants de Xinsi. Après avoir brillé par son incurie, le gouvernement local du district de Huixian a fini par faire don de nourriture aux paysans. " Les parents n'ont reçu aucune compensation, explique M. Li. L'usine a été liquidée et l'argent qui devait servir aux compensations, confisqué. Les villageois veulent surtout que l'eau et les sols soient décontaminés. Et ils espèrent que les enfants pourront bénéficier de soins plus élaborés. Une partie des terres devenues incultivables a été rachetée aux paysans par le gouvernement, mais celui-ci les a revendues deux fois plus cher à des entreprises. "
Brice Pedroletti
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