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Un colonialisme new-look
Un colonialisme new-look
A l’instar de nombreux pays en développement, <st1:personname productid="la Russie" w:st="on">la Russie</st1:personname> doit sauvegarder son avenir en résistant à l’appétit croissant des investisseurs étrangers pour les terres agricoles.
29.10.2009 | Poliarnaïa Zvezda
“Achetez de la terre, disait Mark Twain, on n’en fabrique plus !” Et il avait raison. Malgré tous les progrès économiques et techniques, nous continuons à manger ce que produit la terre, à vivre dans des habitations érigées sur des terrains, à marcher, courir et rouler sur le sol. Si nous prenons l’avion, nous finissons tout de même par atterrir. Nous, humains, vivons sur des terres qui nous nourrissent. Or nous sommes de plus en plus nombreux. Pourquoi parler d’un “nouveau colonialisme” ? Normalement, une colonie est un territoire régi par un Etat étranger et privé de tout pouvoir économique ou politique propre. La plupart des colonies ont été créées à cause des gisements qu’elles recelaient ou de la fertilité de leur sol, ou encore du réservoir de main-d’œuvre qu’elles représentaient. Elles ont toujours constitué une source de richesse pour ceux qui les possédaient et qui leur prenaient ce qu’elles avaient de plus précieux. Si, autrefois, les territoires s’obtenaient par des conquêtes militaires, ils peuvent aujourd’hui s’acheter. Les grosses sociétés, banques foncières et Etats l’ont bien compris, surtout les Etats densément peuplés dont les terres arables n’occupent qu’une surface réduite, tels <st1:personname productid="la Chine" w:st="on">la Chine</st1:personname>, l’Inde, <st1:personname productid="la Cor←e" w:st="on">la Corée</st1:personname> du Sud, le Japon ou l’Arabie Saoudite. Mais savez-vous vraiment qui achète la terre de votre pays et dans quelles conditions ?
Vu d’Europe ou des Etats-Unis, la crise alimentaire semble lointaine, irréelle, mais c’est uniquement parce que les Etats les plus développés profitent des ressources des autres. Ils augmentent par exemple leur consommation d’agrocarburants produits à partir d’oléagineux ; d’immenses surfaces autrefois ensemencées en céréales destinées à l’alimentation humaine servent maintenant à ces besoins “techniques”. Malgré toutes les critiques adressées au développement des agrocarburants, ceux-ci devraient représenter 10 % du carburant utilisé dans l’UE en 2010.
Un rapport conjoint de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sur l’avenir de l’agriculture confirme d’ailleurs que la hausse mondiale des prix de la nourriture va continuer. Entre 2008 et 2017, ils pourraient en moyenne bondir de 50 %.
Mais le foncier aussi coûtera plus cher. La crise est une bonne occasion pour acheter. En général, ce processus reste discret et obéit à des schémas non officiels, car rares sont les pays à autoriser la vente de terre à des étrangers. Il faut donc créer des sociétés mixtes pour contourner les lois. Pour autant, les ventes de terre se produisent bel et bien à grande échelle, et ont un caractère colonial. Les territoires changent de propriétaire et ne sont plus contrôlés par leurs habitants.
En Russie, <st1:personname productid="la Chine" w:st="on">la Chine</st1:personname> a acquis de cette manière <st1:metricconverter productid="80ᅠ400ᅠhectares" w:st="on">80 400 hectares</st1:metricconverter> de terres agricoles pour 21,4 millions de dollars. Ce sont les modestes chiffres officiels. Dans la réalité, cela fait déjà longtemps que les Chinois qualifient les régions frontalières russes de “province du Nord”. Tout cela pour dire qu’un Etat qui n’a pas conscience de la valeur de ses terres se condamne tôt ou tard à devenir une colonie. Les simples citoyens ont peu de moyens pour influer sur ces questions agraires, mais le monde des affaires devrait y réfléchir et investir de telle manière que les enfants de leurs pays puissent à l’avenir continuer à marcher sur une terre qui leur appartiendra.
(Crisis-blog.ru, repris par Poliarnaïa Zvezda, Russie)
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