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Vive les parcs de loisirs !
Vive les parcs de loisirs !
Dernière explication de la relative résilience de l'économie française : son caractère peu industriel et faiblement exportateur. La chute spectaculaire de la production industrielle et des exportations de biens est en effet la manifestation la plus impressionnante de la crise actuelle. Et, sans surprise, les pays les plus affectés sont aussi ceux où l'industrie pèse le plus lourd.
En France, l'industrie manufacturière, qui fournissait un quart du PIB en 1960, n'en représentait plus que 12,1 % en 2007. Une division par deux, même si les progrès de l'externalisation et de l'intérim amènent à relativiser cette chute. C'est aussi quasiment la moitié du poids de l'industrie dans le PIB allemand. En Europe, il n'y a qu'en Lettonie et en Grèce où ce poids est inférieur. Quant aux exportations, elles ne représentent que 23 % du PIB. La moitié, là aussi, des exportations allemandes rapportées au PIB d'outre-Rhin. En Europe, il n'y a guère une fois de plus que la Grèce qui exporte moins que l'Hexagone (3)...
Sous l'impact de la crise, les exportations françaises devraient chuter cette année de presque 12 %, à peu près la moyenne européenne. Mais compte tenu du faible niveau de départ, cette chute aura un impact plus limité qu'ailleurs sur l'activité. Côté importations, en revanche, la relativement bonne tenue de la demande intérieure française devrait se traduire par une baisse de seulement 7 %. Le plus faible recul après la Grèce encore une fois, selon les chiffres de la Commission européenne. Ce qui signifie aussi que le déficit extérieur de l'économie française va continuer à se creuser fortement malgré la récession...
Part de l'industrie manufacturière dans la valeur ajoutée totale en 2007, en %
Exportations de biens et de services rapportées au PIB en 2009, en %
Même si elle limite l'impact immédiat de la crise, cette faiblesse industrielle n'est évidemment pas un atout pour l'économie française. La désindustrialisation se traduit toujours par des drames humains et des difficultés persistantes pour les territoires concernés. Et il y a tout lieu de craindre que la crise actuelle emportera à nouveau des pans entiers de ce qui reste du tissu industriel français. En particulier dans la filière automobile, déjà en grande difficulté avant la crise. A terme, on peut s'interroger sur la capacité à maintenir des centres de décision, des activités de recherche ou de marketing sur un territoire qui aurait perdu toute activité de production. La France dispose certes de nombreux atouts pour attirer les touristes ou les retraités étrangers, mais il paraît peu probable qu'un pays transformé en gigantesque parc de loisirs suffise à garantir un niveau de vie aussi élevé qu'actuellement à toute la population française...
Le problème de l'industrie hexagonale n'est pas au premier chef une question de coûts : malgré les efforts considérables mis en œuvre depuis dix ans pour limiter le coût du travail outre-Rhin, un salarié allemand de l'industrie manufacturière coûtait toujours 32 % de plus qu'un salarié français par heure de travail en 2007, selon les chiffres rassemblés par le Bureau of Labor Statistics (BLS) américain. Et la productivité très élevée des salariés français est largement reconnue. C'est surtout du côté de ce que les spécialistes appellent la « compétitivité hors coût » que cela pèche : la capacité d'innover, de coller rapidement à une demande évolutive... Cela se traduit notamment par le fait que les industriels français n'arrivent pas, contrairement en particulier à leurs collègues allemands, à maintenir des prix de vente élevés. Pour défendre leurs parts de marché, ils doivent abaisser leurs prix de vente, ce qui ronge leurs marges et explique le faible niveau global des profits des entreprises françaises.
Pour changer cela, il n'existe cependant aucune solution de court terme : il faut une action de longue haleine, en matière de recherche, d'enseignement..., mais aussi pour transformer un tissu industriel caractérisé par des entreprises trop nombreuses et trop petites. Il ne suffira certainement pas en tout cas de diminuer les dépenses publiques pour y parvenir...Rapport des prix d'exportations de biens et de services au coût unitaire du travail
Lecture: une baisse du ratio traduit une réduction du gain à l'exportation ou un effort de marge de la part des exportateurs.
Sortie de Crise ou menaces sur la reprise
Dérniére raison :pourquoi le modèle Français à mieux résité à la crise, mais pas forcément une bonne chose.
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