• Trois faits divers qui parlent d'une époque assez détraquée

    Trois faits divers qui parlent d'une époque assez détraquée

    09 Novembre 2009 Par  Erich Inciyan

    Ce sont trois faits divers qui, mis bout à bout, parlent d'une époque relativement détraquée. Des hasards du calendrier qui évoquent à la fois la soif d'argent et de célébrité, le culte de la performance et l'usage de produits prohibés sur les marchés financiers.

    Jeudi 5 novembre, Tony Musulin a vite obtenu les «quinze minutes de célébrité» promises – en 1968 – par Andy Warhol. Nul n'ignore plus, en France, que le convoyeur de fonds s'est volatilisé, à Lyon, en même temps que les 11,6 millions d'euros qu'il était censé protéger. Subitement le patronyme et la photographie du suspect ont envahi <st1:personname productid="la Toile" w:st="on">la Toile</st1:personname>, la télé, la presse papier. Le moins que l'on puisse dire est que ce vol – sans casse et sans violence – ne passe pas inaperçu en ces temps où le système bancaire tend à être assez décrié.

    «Ami public numéro un», «Arsène Lupin» ou «Robin des bois» des temps modernes... Ici  et , les louanges ont fleuri sur Internet. Comme des hommages à un suspect qui, à trente-neuf ans, après une dizaine d'années de bons et loyaux services, est passé de l'ombre du convoyage à la lumière de l'illégalité. Par la grâce du marché, des T-shirts à l'effigie de Tony Musulin ont même été mis à la vente. Admirable histoire? Sympathies démesurées? Morale piétinée? Chacun se fera son idée.

    On conçoit, en tout cas, que les autorités s'inquiètent du déplorable exemple donné par le représentant de ce métier tout entier voué à la sécurité. Une profession dont l'accès est dûment soumis à «enquête administrative» et, plus encore, à agrément préfectoral. Car il s'agirait du premier vol de ce type commis, dans l'Hexagone, par un convoyeur de fonds. Et, comme le suspect court toujours, certains frissonnent en imaginant que cet argent si mal gagné ait pu atterrir dans l'un des paradis financiers à présent si critiqués. Heureusement, lundi 9 novembre, le parquet de Lyon a pu annoncer que la majeure partie du butin (9,5 millions) a été retrouvée dans un garage de la banlieue est de Lyon.

    Pendant ce temps, de l'autre côté de la frontière franco-helvétique, Le Matin Dimanche pointait un autre genre de transgression touchant les milieux financiers. Plusieurs dizaines de patients toxicomanes, issus des places les plus réputées, passent chaque année en cure de désintoxication dans les services spécialisés des hôpitaux de Genève, selon le journal suisse. Un médecin-chef y explique que ce type de toxicomanie est plus fréquent «dans les métiers où la pression sur la performance est forte, comme la banque ou les assurances». Chez les traders, en particulier, qui espèrent doper leurs performances en sniffant de la cocaïne. «Leurs problèmes sont différents de ceux d'un toxicomane de rue, confie encore le Dr Zullino. La première différence, liée à l'argent, c'est la "qualité" des produits qu'ils consomment: la cocaïne est plus pure, plus fiable, plus constante aussi.»

     Un dernier travers d'époque est donné par un ambitieux cambrioleur britannique. A sa manière, Matthew Maynard incarne ici l'obsession de sa propre image. Dans son avis de recherche, la police du pays de Galles avait diffusé cette première photo. L'air abattu, le teint blafard et le cheveu fatigué n'ont pas eu l'heur de plaire à l'intéressé. Aussi le délinquant en fuite a-t-il transmis à la presse locale le cliché suivant, nettement plus à son avantage.

     En songeant à Andy Warhol qui, en d'autres temps, avançait : «Je suis surtout connu pour ma notoriété»?

     



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