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Classes moyennes : le malaise éclairé par les chiffres
Classes moyennes : le malaise éclairé par les chiffres
De nouvelles statistiques mesurent les inégalités
Comment mesurer le pouvoir d'achat des ménages ? Ce fut l'un des sujets de polémique entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, lors de la campagne présidentielle de 2007. Ce fut ensuite le sujet de réflexion de la commission sur la mesure de la performance économique et du progrès social, pilotée par les économistes Joe Stiglitz, Amartya Sen et Jean-Paul Fitoussi, qui a rendu son rapport en septembre.
C'est désormais l'objet de nouvelles études statistiques : l'Insee publie, mardi 17 novembre, des données sur les inégalités de niveau de vie qui combinent une approche macroéconomique et une approche microéconomique. Elles confirment le double diagnostic d'une réduction des inégalités, entre 1996 et 2007, entre les 10 % des ménages les plus riches et les 10 % les plus pauvres, et d'une baisse de la part des classes moyennes dans le partage des revenus. Elles font aussi apparaître des évolutions heurtées : entre 2003 et 2005, près d'une personne sur trois a connu une variation forte de son niveau de vie (une amélioration ou une dégradation supérieure à 30 %).
Pour la première fois dans l'histoire de la statistique publique française, ces études croisent deux approches : celle de la comptabilité nationale et celle, plus microéconomique, des enquêtes sur le revenu et la consommation des ménages. Ce travail permet d'aller au-delà du ménage " moyen ", qui n'est jamais qu'une construction statistique, et de mieux repérer la variété des cas individuels.
Niveau de vie en hausse, inégalités en baisse. Hormis une courte période de stagnation de 2002 à 2004, le niveau de vie des ménages a augmenté régulièrement entre 1996 et 2007. Ce niveau de vie est défini comme le revenu disponible (revenus d'activité, revenus du patrimoine, transferts, etc.) diminué des impôts et cotisations sociales et rapporté au nombre d'unités de consommation (UC) des ménage.
Son rythme de croissance a été différent selon les ménages : entre 1996 et 2007, le 1er décile de niveau de vie, le seuil en-dessous duquel se situent les 10 % les plus pauvres, a augmenté de 21 % en euros constants, le 2e décile de 17,7 %, le 9e décile de 14,7 % et le niveau de vie médian de 16,7 %. Pendant cette période, les inégalités, mesurées par le rapport entre les 10 % les plus riches et les 10 % les plus pauvres se sont réduites. La réduction a été quasi continue de 1996 à 2004 puis la tendance s'est infléchie à partir de <st1:metricconverter productid="2005. L" w:st="on">2005. L</st1:metricconverter>'Insee observe qu'il ne peut pas appréhender les modifications intervenues dans le haut de l'échelle des niveaux de vie, car " la taille des échantillons des enquêtes, quoique importante - environ 36 000 ménages - ne permet pas de les observer ".
Les classes moyennes ont vu baisser leur part de niveau de vie. Les évolutions comparées des niveaux de vie atteints par chaque décile de ménage apportent un éclairage complémentaire à la mesure des inégalités. Elles confirment la réduction des inégalités entre groupes du haut et du bas. Elles montrent aussi que la part de ces deux groupes a crû, alors que celle allouée aux personnes situées entre les 2e et 9e déciles a diminué de 1,4 % entre 1996 et 2007.
De ce fait, souligne l'Insee, les personnes situées dans les groupes intermédiaires - grosso modo les classes moyennes - " ont pu avoir l'impression de se faire tout à la fois rattraper par le bas de la distribution et distancer par le haut ". C'est un des éléments de leur malaise, de leur sentiment de déclassement.
Des situations individuelles très contrastées. Attention, toutefois, aux moyennes : les déciles ne sont pas des catégories fixes et leurs évolutions ne rendent pas comptes des hausses ou des baisses individuelles de niveau de vie. Or celles-ci sont importantes : de 2003 à 2005, les personnes dont le niveau de vie est relativement stable (entre - 10 % et + 10 %) représentaient seulement 36 % de la population.
A l'opposé, près d'une personne sur trois a vu son niveau de vie varier de plus de 30 % à la hausse ou à la baisse. C'est une proportion énorme, liée à la vie familiale (union ou désunion...) ou professionnelle (chômage, retraite...). De plus, 62 % des personnes qui faisaient partie des plus modestes en 2003 le sont restées en <st1:metricconverter productid="2005. A" w:st="on">2005. A</st1:metricconverter> l'inverse, près de 40 % des personnes qui étaient parmi les plus aisées en 2003, ne le sont plus en 2005.
Les 20 % de ménages les plus aisés disposent de 40 % du revenu disponible, les 20 % les plus modestes s'en partagent 8 %. Les plus riches ont un niveau de vie (50 030 euros) en moyenne cinq fois plus élevé que celui des plus pauvres (10 080 euros) constitué pour moitié de prestations. Les écarts de revenus sont plus marqués que les écarts de consommations (5 contre 3,3), et la structure de celle-ci diffère : les dépenses pré-engagées représentent un tiers du revenu des plus modestes, contre 20 % chez les plus aisés.
Transferts en nature et redistribution. En 2003, les ménages ont reçu 230 milliards d'euros de transferts en nature, sous forme de services gratuits ou presque, essentiellement pour l'éducation et la santé. Ces transferts représentent 23 % de leur revenu disponible. Ils réduisent les écarts de niveau de vie entre les plus pauvres et les plus aisés à un rapport de 1 à 3,2 contre 1 à 5 auparavant.
Claire Guélaud
J’ai les rapports, je les étudie, je publierais au fur et a mesure.
Mais vous avez déjà le lien : Performance Economiques et Progrès social
Performances économiques et progrès social ( Débat, lien, etc...)
Jusqu’à aujourd’hui il ne retraçait que la commission Stiglitz il continuera avec les développements récents.
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