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Par emile11111 le 28 Octobre 2010 à 07:48
La crise a relancé le débat sur l'immigration aux États-Unis
À l'aube du scrutin du 2 novembre, les partisans d'une ligne dure contre l'immigration illégale ont marqué des points. Obama tente de conserver le soutien de l'électorat hispanique.
We will remember in November » : cette menace, nombreux sont les électeurs américains qui l'ont brandie à la veille des législatives du 2 novembre. Mais les Hispaniques et les immigrants en général en ont sans doute fait usage les premiers. S'ils ont massivement voté pour le candidat démocrate à l'élection présidentielle, il y a deux ans, c'est parce qu'ils avaient l'espoir de voir le sort de leurs compatriotes - 11 millions de personnes entrées illégalement sur le sol américain - s'améliorer. George W. Bush avait bien initié une régularisation des clandestins en 2004, alors pourquoi pas les démocrates, censés être encore plus favorables à une amnistie ?
Mais la crise est passée par là. Le président Obama a dû privilégier un plan de relance, puis s'est battu pour faire adopter la réforme de la santé. Les immigrants ont été oubliés. Pas par tout le monde, cependant. Comme dans toutes les périodes de fort chômage et d'insécurité économique, des voix se sont élevées, largement relayées par certains animateurs de télévision, pour non seulement refuser l'idée d'une amnistie, mais demander le rapatriement forcé des clandestins ainsi qu'une protection accrue des frontières.
Débat emblématique
Si le plan de sauvetage des banques, puis celui de l'économie tout entière, ont cristallisé la grogne des Américains moyens, dont certains se sont regroupés dans le mouvement des « tea parties », le débat sur l'immigration est emblématique du virage à droite opéré par l'électorat républicain en particulier. Ainsi, le sénateur John McCain, ancien candidat de ce parti à la présidentielle et favorable à cette époque à une régularisation des immigrants illégaux, a dû, afin de rester dans la course pour les législatives de 2010, tourner casaque lors des primaires et épouser les thèses des tenants du tea party. Alors qu'il avait été, en 2007, à la pointe d'un projet de réforme de l'immigration, auquel il avait travaillé de concert avec des élus démocrates, il a défendu la loi sur l'immigration de son État, l'Arizona - si féroce qu'elle a été depuis rabotée par la justice - et fait l'apologie d'un mur qu'il avait condamné dans le passé. Mais les Hispaniques et les autres immigrants n'ont pas l'intention d'en rester là. Et Obama le sait. Du coup, il a, ces derniers jours, multiplié les appels du pied en direction de cet électorat, crucial pour limiter les dégâts aux législatives. Interview sur la chaîne hispanique Univision, visite à Los Angeles, où la communauté est fortement représentée, promesse de réforme migratoire : il a tout tenté. Difficile, cependant, de convaincre, chez lui comme à l'étranger. Lors d'un prochain voyage en Inde, il devra ainsi faire face à la fronde des patrons de la high-tech, d'Infosys à Wipro, qui ont déjà annoncé leur intention de lui dire tout le mal qu'ils pensent de l'augmentation du prix des visas pour les ingénieurs informatiques indiens travaillant aux États-Unis.
En fait, c'est peut-être la crise économique qui résoudra le problème de l'immigration. Selon les dernières estimations du département de la Homeland Security, elle rebute les candidats au départ. Et certains immigrants sont rentrés chez eux, faute de travail, dans la construction ou d'autres secteurs, laminés par la crise. De 11,6 millions en 2008, les clandestins n'étaient déjà plus que 10,8 millions en 2009.
Par Lysiane J. Baudu
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