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En 2060, un Français sur trois aura plus de 6o ans, estime l'Insee
En 2060, un Français sur trois aura plus de 6o ans, estime l'Insee
Le nombre de centenaires pourrait atteindre 200 000, soit treize fois plus qu'aujourd'hui
Les cinquantenaires d'aujourd'hui ont de bonnes chances de devenir centenaires. Selon les nouvelles projections de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), publiées mercredi 27 octobre, le nombre de personnes âgées de 100 ans et plus va fortement augmenter dans les décennies à venir.
Au 1er janvier 2010, ils étaient 15 000 en France. En 2060, on devrait en compter 200 000, selon le scénario central retenu par l'institut. Voire 380 000, si les conditions d'espérance de vie sont meilleures que prévu.
Treize fois plus de centenaires en 2060 Jusqu'en 2045 le nombre de centenaires devrait augmenter de 2000 par an, avec cependant une rupture entre 2015 et 2019 correspondant au déficit des naissances de la première guerre mondiale. Ensuite, leur nombre devrait croître de 8 000 chaque année, les premiers baby-boomers arrivant au cap des 100 ans. La France pourrait alors compter treize fois plus de centenaires qu'aujourd'hui.
L'étude de l'Insee rassurera ceux que la perspective de dépasser les 100 ans rebute. Vivre centenaire ne veut pas forcément dire vivre mal. Ainsi, ils sont plus de la moitié à rester à domicile, et vivent plus qu'avant en couple ou en solo au lieu d'être hébergés par un de leurs enfants. " Seule une minorité de personnes parviennent à atteindre cet âge et ce sont, évidemment, les plus en forme ", rappelle l'étude.
Dès 2035, un tiers de la population aura 60 ans et plus. Autres signes du vieillissement de la population, l'âge moyen des Français devrait passer de 39 ans en 2007 à 43 ans en 2035, puis à 45 ans en 2060. Surtout, et cela ne manquera pas d'être regardé de près en plein débat sur la réforme des retraites, la part des plus de 60 ans augmente fortement. Dès 2035, ils représenteront un tiers de la population, contre 21 % en 2007, ce qui confirme les dernières projections de l'Insee, qui dataient de 2006.
Dans cinquante ans, la France comptera 73,6 millions d'habitants, soit 11,8 millions de plus qu'en 2007. Le nombre des plus de 60 ans augmentera de 10 millions.
C'est d'ici à 2035 que leur part croîtra le plus, ce qui correspond à l'arrivée à cette catégorie d'âge des générations de l'après-guerre. Ensuite, le rythme de croissance sera plus sensible aux évolutions démographiques (fécondité, mortalité, migrations).
Si la part des plus de 60 ans en général devrait augmenter de 80 % d'ici à 2060, la hausse est plus forte encore pour les plus âgés : le nombre des 75 ans et plus sera multiplié par deux, celui des 85 ans par plus de quatre.
Si le nombre des moins de vingt ans va continuer d'augmenter, leur part dans la population va baisser, passant de 25 % à 22 %. Dès 2014, leur proportion devrait être inférieure à celle des 60 ans ou plus.
Le rapport actif-inactif de plus en plus défavorable Face à ces évolutions, l'Insee soulève la question de la répartition entre actifs et inactifs (moins de 20 ans et plus de 60 ans). Le rapport entre les deux s'appelle le ratio de dépendance économique. Si, en 2007, on comptait 86 personnes d'âge inactif pour 100 d'âge actif, le rapport va s'inverser : en 2035, il devrait y avoir 114 inactifs pour 100 actifs, puis en 2060, 118 inactifs pour 100 actifs. " Pour maintenir le ratio de dépendance économique à son niveau observé en 2007, il faudrait alors en modifier les bornes et faire passer l'âge pivot de la définition à 68 ans en 2060 au lieu des 60 ans retenus actuellement ", glisse l'étude.
L'Insee a fondé ses projections sur un taux de fécondité de 1,95 enfant par femme et une augmentation de 100 000 habitants par an. Il table sur la poursuite de la hausse de l'espérance de vie qui atteint aujourd'hui 84,5 ans pour les femmes, et 77,8 ans pour les hommes en France métropolitaine.
Le progrès médical aura-t-il un impact important sur le vieillissement de la population ? L'Insee ne retient pas cette hypothèse, car parallèlement aux innovations apparaissent de nouvelles pathologies liées à l'environnement et aux modes de vie (cancer, obésité...).
L'évolution des dépenses de santé se trouve cependant questionnée. En avril, le Haut Conseil pour l'avenir de l'assurance-maladie estimait que les dépenses de santé des plus de 75 ans étaient " d'un niveau anormalement élevé ". Il soulevait un défaut de coordination des soins et un recours trop fort à l'hôpital, pointant un " désemparemement " face à une population fragile et souffrant de polypathologies.
Le système de santé, aussi, va devoir s'adapter.
L. Cl
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