• Goldman Sachs et la réforme, Point !

    Au Sénat américain, la réforme de Wall Street essuie un premier revers

    Les élus républicains ont voté contre l'ouverture des débats. Le président, Barack Obama, s'est dit " profondément déçu "

    C'était un premier test politique important pour la réforme de Wall Street, devenue la priorité du président américain, Barack Obama, depuis l'adoption de la réforme du système de santé fin mars. Il a été manqué.

    Lundi 26 avril au Sénat, en raison d'une opposition en bloc des républicains, les démocrates n'ont pu obtenir, à trois voix près, les 60 voix nécessaires pour ouvrir les débats, en séance plénière, sur le projet de loi financier préparé par l'administration Obama.

    Ce texte, intitulé " Réforme de Wall Street et loi de protection des consommateurs ", vise à tirer les leçons de la crise financière commencée en 2007, la plus violente depuis la Grande Dépression de 1929. Sans équivalent depuis le New Deal du président Franklin Roosevelt en 1933, il doit faire entrer dans le champ de la régulation toute la finance américaine, banques d'affaires, banques de dépôts, sociétés de crédits mais aussi fonds spéculatifs.

    Parmi ses dispositions phares, figurent la création, au sein de la Réserve fédérale (Fed), d'un organisme de protection des consommateurs chargé de réguler les produits financiers trop risqués ; la mise en place d'un système de régulation du marché des produits dérivés, en fait des produits financiers complexes ; et l'instauration d'un fonds de résolution des crises financières de 50 milliards de dollars (37,4 milliards d'euros) abondé par les banques elles-mêmes.

    Face à un camp démocrate soudé, qui, à six mois des élections législatives de mi-mandat aux Etats-Unis, clame son intention de mettre sous coupe réglée " les gros bras de Wall Street ", les sénateurs républicains jouent la montre.

    Ils estiment qu'il faut encore " écouter les Américains sur le sujet " et critiquent des points clés du texte, comme la création du fonds bancaire de résolution des crises. Ce fonds, disent-ils, ne suffira pas à épargner les finances publiques et les contribuables.

    Défiance généralisée

    Barack Obama lui-même a réagi lundi, à l'issue du vote, pour se dire " profondément déçu que les républicains aient voté en bloc contre l'ouverture des débats (...) ". " Les Américains ne peuvent se permettre cela ", a ajouté le président, en référence aux plus de huit millions de chômeurs attribués à la crise financière, avant d'accuser certains républicains de vouloir " poursuivre les discussions derrière des portes closes, où les lobbyistes de l'industrie financière peuvent amoindrir la réforme ou bien la tuer ".

    L'obstruction des républicains à la réforme de la finance américaine pourrait, toutefois, ne pas résister à la pression de l'opinion publique. Révulsée par l'ampleur des aides publiques aux banques et la persistance de bonus géants pour leurs dirigeants, " Main Street " - la rue, par opposition à Wall Street - est favorable à un encadrement strict des financiers.

    Selon un sondage Washington Post/ABC publié lundi aux Etats-Unis et cité par l'AFP, l'opinion publique américaine soutient à 65 %, contre 31 %, un renforcement du contrôle du secteur financier.

    Par ailleurs, la controverse sur le rôle joué par la puissante banque d'affaires Goldman Sachs dans la crise, désormais la cible d'une plainte pour fraude des autorités boursières américaines, joue en faveur de M. Obama. Elle ajoute au climat de défiance généralisé envers le système financier.

    Les enjeux de la réforme de Wall Street dépassent le cadre américain. S'il aboutit, le projet de l'administration Obama conférera aux Etats-Unis une longueur d'avance sur l'Europe, dans le match sur la régulation financière.

    " Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont vendu l'idée que les Européens étaient en pointe en matière de réponse à la crise ; cette rhétorique devrait être de plus en plus difficile à tenir, estime l'économiste Nicolas Véron du centre européen Bruegel. L'Europe est loin d'avoir finalisé une législation globale. La dynamique politique est modifiée. "

    Anne Michel

    Les sénateurs républicains bloquent la loi sur la réforme financière

    Par Didier Géneau, à New York

    le 27/04/2010

    Le premier vote au sénat sur le texte de régulation financière a buté sur l'opposition des Républicains. Un accord reste envisagé

    Score final : 57 pour - 41 contre. Avec la défection surprise de deux des leurs et de l'opposition collective - plus prévisible - des Républicains, les sénateurs démocrates ont échoué à faire passer leur proposition de loi de régulation financière à une majorité qualifiée de 60 voix. Jusqu'à la dernière minute, le suspens aura pourtant été entier, et durant tout le week-end, les responsables des deux partis avaient multiplié les discussions afin de trouver un accord. Aux rumeurs annonçant la rupture des négociations répondaient immédiatement des déclarations selon lesquelles un vote bipartisan est quasiment acquis.

    Même le Président Barack Obama est intervenu pour inciter les sénateurs démocrates à la plus grande fermeté vis à vis des exigences républicaines. Avec une opinion publique américaine en colère contre Wall Street et un parti républicain déstabilisé par l'affaire Goldman Sachs, le Président tient désormais à passer en force une réforme financière conforme à ses promesses, et non vidée de sa substance comme l'a été en partie sa loi sur la santé. De leur coté, les Républicains tentent de réduire le coût de cette réforme et de limiter l'interventionnisme de l'état dans le système financier avec en particulier la création de l'agence de protection des consommateurs ou les règles dites Volker.

    Ce vote n'était en rien un vote définitif. Conformément aux procédures du sénat américain, il s'agissait d'un "vote test" destiné à mesurer les rapports de force en présence. Les démocrates n'ayant pas obtenu les 60 votes qui leur assuraient un débat express et une adoption du texte dans la foulée, les négociations vont donc reprendre. Les Républicains ont la possibilité d'utiliser leur minorité de blocage pour enliser le débat parlementaire avec d'interminables obstructions. Mais soucieux de ne pas apparaître comme une courroie de transmission de Wall Street aux yeux de leurs électeurs, les Républicains semblaient dire lundi soir qu'un consensus était toujours souhaitable à court terme. SelonRichard Shelby,chef de file des Républicains à la commission bancaire du Sénat, l'accord pourrait intervenir «cette semaine ou la semaine prochaine». Une fois adoptée au Sénat, cette proposition de loi devra encore être fusionnée avec celle de la Chambre des représentants votée en décembre dernier, puis enfin validée par le Président.


    Paul Jorion sur son blog fait aussi le récit de l’intervention télévisée par les sénateurs.

    Lien :

    audition de représentant de Goldman Sachs

    A suivre


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :