• L’incroyable impuissance du FMI

    L’incroyable impuissance du FMI

     Ram Etwareea | Le Temps


     

    Tous les regards sont désormais tournés vers le sommet du G20 qui aura lieu les 11 et 12 novembre à Séoul. Le Fonds monétaire international (FMI), dont les 187 membres se sont réunis en assemblée annuelle le 9 octobre à Washington, n’a apporté aucun apaisement dans la guerre des monnaies qui fait rage [voir CI n° 1040, du 7 octobre 2010]. Son patron, Dominique Strauss-Kahn, n’a pu que constater que les fronts s’étaient même radicalisés. Un constat sans surprise. Depuis de longues années, les Etats-Unis chantent le même couplet. Pékin sous-évalue volontairement le yuan, inonde le monde de ses exportations à prix cassés et crée des déséquilibres financiers. La réplique ne change pas non plus : “Nous en sommes conscients, mais pas question d’appliquer une thérapie de choc. Une appréciation brutale fermerait des centaines d’usines et jetterait des millions d’ouvriers dans les rues.”

    Les tensions se sont exacerbées du fait que d’autres pays se sont aussi mis à la dévaluation compétitive. Poussé par Washington, le FMI veut jouer à l’arbitre, surveiller que la politique des changes des uns ne crée pas de déséquilibres chez les autres et sanctionner les coupables. Visé, le géant asiatique a dit non. Il a en revanche accepté que le Fonds fasse un rapport sur la politique monétaire de tous ses membres. Y compris la Chine.

    A terme, cette demi-victoire pourrait se retourner contre les Etats-Unis. Le FMI se voit en effet donner l’occasion de mettre le doigt sur la façon dont Washington fait usage des planches à billets pour arroser son économie de liquidités, une politique qui contribue à la baisse du dollar. Il pourra aussi se prononcer sur le taux d’intérêt proche de 0 % qui pousse des milliards à aller chercher des placements plus rémunérateurs dans les pays émergents et fait apprécier les monnaies locales – plus 28 % en vingt mois pour le real brésilien.

    Le FMI pourra aussi prescrire ses potions à l’économie américaine, convalescente. La chute inexorable du dollar a sans doute à voir avec le yuan, mais elle n’est pas moins liée à l’érosion de sa compétitivité, à la perte de confiance des investisseurs et des consommateurs américains.

    Contexte

    Les membres du FMI ne sont pas parvenus à un accord sur les taux de change. Si le communiqué final évoque la “rigueur” (sous-entendu, à l’égard de la Chine et de sa monnaie) que doit manifester l’organisation, il souligne aussi l’importance d’une “surveillance plus ferme” des “facteurs de vulnérabilité” des grands pays avancés (sous-entendu, les Etats-Unis). Une victoire pour les pays émergents.


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