• La Grande-Bretagne ou l'austérité juste ?

    La Grande-Bretagne ou l'austérité juste ?

     

    L es Britanniques sont sous le coup d'un " blitz budgétaire " comme ils n'en n'avaient pas connu depuis des générations.

    Au printemps, ils ont chassé le New Labour du pouvoir pour donner un coup de barre à droite, pas pour aller plus à gauche. La coalition de conservateurs et de libéraux-démocrates que dirige David Cameron tient ses promesses. Elle avait annoncé un cocktail d'une amertume à faire fuir tous les piliers de pub du pays : un mélange de coupes dans les dépenses publiques et de hausses d'impôts destiné non seulement à s'attaquer à la dette et au déficit public du royaume - le plus élevé parmi les grands pays d'Europe -, mais aussi à recalculer, à la baisse bien sûr, l'importance de l'Etat dans la vie des Britanniques.

    Le chancelier de l'Echiquier (ministre des finances), le bouillant George Osborne, a traduit tout cela en chiffres mercredi 20 octobre en présentant le budget 2011 à la Chambre des communes.

    L'objectif est d'étaler jusqu'en 2014-2015 une cure d'austérité qui doit ramener le déficit public de 11 % du produit industriel brut aujourd'hui à 1,1 % (celui de la France est de 8,5 %). Les prestations sociales fournies aux plus défavorisés - l'Etat-providence au sens strict - vont baisser de plus de 10 %. Deux secteurs sont épargnés : l'éducation et la santé. Mais, pour le reste, les familles touchées par le chômage, voire une maladie de longue durée, vont voir leurs ressources affectées. Les grands départements ministériels, du Foreign Office au ministère de l'intérieur, devront apprendre à vivre avec des budgets diminués de 20 à 30 %. Au total, la fonction publique va perdre plus de 500 000 personnes d'ici à 2015. L'âge de la retraite, enfin : 66 ans en 2020.

    Ces coupes sont accompagnées d'une hausse des impôts. Et c'est là que M. Cameron impose sa marque : il se veut juste. L'augmentation de la fiscalité cible les hauts revenus, comme la droite française n'ose pas le faire. Les coupes dans le budget social introduisent une progressivité dans la fourniture des prestations qui malmène les classes moyennes, comme la gauche française n'oserait pas le faire, et ce afin de protéger les plus démunis. Experts de l'UMP et du PS, prenez d'urgence le TGV pour Londres - s'il n'y a pas grève... Nombre d'économistes ne sont pas convaincus. Certes, le budget Osborne va plaire aux marchés et permettre à Londres de financer sa dette à bon prix. Mais ils craignent qu'il ne pèse sur la conjoncture et rende la reprise encore un peu plus anémique. Pourquoi cette obsession à réduire les déficits en si peu de temps ?

    A cela, M. Cameron a une réponse : " Je suis un conservateur budgétaire, dit-il, mais un activiste monétaire. " Autrement dit, la Banque d'Angleterre va faire marcher la planche à billets pour soutenir la croissance, au risque de l'inflation. C'est la nouvelle politique économique conjoncturelle : discipline budgétaire, libéralité monétaire. Le remède est plus facile hors zone euro, bien sûr. Il a le mérite de la détermination et d'être administré avec le souci d'une certaine justice sociale.


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