• La sécheresse menace l’Europe de l’Est d’inflation alimentaire

    La sécheresse menace l’Europe de l’Est d’inflation alimentaire  

    Un cinquième des récoltes russes de céréales sera perdu en raison d’une canicule spectaculaire. Les perspectives sont aussi médiocres en Allemagne et en Ukraine. Cela pourrait susciter une poussée d’inflation sur les produits alimentaires.
     

    De mémoire de thermomètre on n’avait jamais vu cela à Moscou : 37,2 °C lundi dernier et 40 °C attendus au jourd’hui. Des niveaux sans précédent depuis le début des enregistrements météo il y a cent trente ans. Bitume fondant, rails dilatés, noyades par centaines dans les lacs, usines arrêtées, les effets de cette canicule sont spectaculaires, mais c’est l’agriculture qui paie pour l’instant le plus lourd tribut. « La lutte contre l’inflation étant la priorité du gouvernement », explique Chris Weafer, analyste à Uralsibfinancial, Moscou a décrété mardi soir un plafonnement pour quatre-vingt-dix jours des prix de 24 produits alimentaires (farine, poisson, lait, œufs, beurre, sel, sucre, viande de bœuf et de poulet, etc.) si ces derniers augmentent de plus de 30 % en un mois.Car de réels risques de pénurie pour cause de sécheresse pèsent sur le blé et les céréales fourragères, qui sont prises en compte dans le prix des produits d’élevage. Le ministère de l’Agriculture a estimé la semaine dernière que le tiers des cultures, soit 10 millions d’hectares, avaient été détruites dans les 23 régions sur 83 où l’état d’urgence agricole a été déclaré. Les pouvoirs publics peuvent désormais débloquer des stocks, indemniser les agriculteurs et, surtout, instaurer des quotas d’exportation de céréales pour préserver le marché domestique, ce qui aurait des conséquences bien au-delà de la Russie, au profit des exportateurs américains, canadiens ou européens peu affectés par la canicule, puisque Moscou est devenu le troisième exportateur mondial de blé.Les régions sous état d’urgence agricole sont situées dans la partie européenne du pays, dotées des fameuses « terres noires » les plus fertiles de la région. Au total, c’est un cinquième des surfaces ensemencées en Russie qui serait perdue et la production de céréales cette année ne dépasserait pas 80 millions de tonnes, voire 70-75 millions selon les dernières estimations du cabinet d’analyse spécialisé Sovecon, contre 95 millions attendus jusqu’ici. L’Union des producteurs de blé russe estime que les prix du blé, qui ont déjà gagné 34 % la semaine dernière en Russie, pourraient y doubler cette année. Sous la poussée des prix alimentaires, qui constituent 38 % de l’indice des prix en Russie contre moins de 20 % dans les pays de l’Union, l’inflation pourrait dépasser 8 % en décembre, soit 1,5 point de plus que l’objectif gouvernemental et 2,3 points de plus que le niveau atteint en juin.

    L’Ukraine touchée elle aussi

    La situation est moins tendue en Ukraine mais les rendements ont toutefois été affectés par la canicule, après une période de pluies excessives. L’Ukraine, qui dispute à la Russie la troisième place mondiale d’exportateur de céréales, devant l’Argentine et l’Australie, ne disposerait que de 18 millions de tonnes exportables, contre une estimation de 21 millions de tonnes il y a trois mois. Sa production aurait chuté de 10 % et Kiev a annoncé hier qu’il n’excluait pas d’instaurer des quotas sur l’exportation de blé panifiable.En Allemagne aussi, la récolte de céréales sera mauvaise cette année, en raison des fortes chaleurs enregistrées en début d’été, avec des températures proches de 39 °C dans certaines régions. Le secrétaire général de l’association des agriculteurs allemands (DBV), Helmut Born, attend pour cette année « des rendements par hectare inférieurs de 10 à 20 % par rapport à l’année dernière ». Le blé est particulièrement touché. A cause de la sécheresse, forte dans le nord et l’est du pays, les épis ne peuvent développer des grains bien constitués. L’orge d’hiver, qui est déjà largement récoltée, a mieux résisté, avec un repli limité à 3 % par rapport à l’an dernier. En ce qui concerne le maïs, la situation est fortement contrastée entre le Nord et l’Est et le Sud-Ouest et le Sud, où il a plu d’avantage. C’est le seigle qui semble pâtir le moins des conditions météorologiques. Les prix des denrées alimentaires pourraient ainsi augmenter dans les mois qui viennent, ont averti le président du DBV et la ministre de l’Agriculture, Ilse Aigner.

    Yves Bourdillon et Karl de Meyer (à Berlin)

    Le Premier ministre russe Victor Zubkov, constate les dégats, dans la République russe du Tatarstan.RIA Novosti


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