• Le yuan faible nourrit le protectionnisme américain

    Le point de vue des chroniqueurs de l'agence économique Reuters Breakingviews

    Le yuan faible nourrit le protectionnisme américain

     

    Très mécontente de la politique de change pratiquée par la Chine, la chambre des représentants américaine vient de réagir en votant une loi qui fait de ce Congrès l'un des plus protectionnistes des dernières années.

    Le camp vainqueur des prochaines élections aux Etats-Unis fera peut-être marche arrière en validant toute une série de projets mis entre parenthèses, mais Pékin ne doit surtout pas croire que Washington en serait pour autant mieux disposé à son égard.

    Il y a pourtant peu de chance que le Sénat se joigne au mouvement pour faire pression sur la Chine afin qu'elle laisse sa devise - le yuan - s'apprécier plus rapidement. Quand bien même cela devrait arriver, le président Barack Obama userait probablement de son droit de veto.

    Haro sur le libre-échange

    Il n'en reste pas moins que le vote massif de la Chambre basse montre que le consensus en faveur du libre-échange a pris encore un peu plus de plomb dans l'aile. Il existe en effet une tendance qui va au-delà de l'expression d'une simple frustration face à la faiblesse délibérée de la monnaie chinoise, accusée de détruire des emplois aux Etats-Unis.

    Ainsi, le Congrès n'a pas non plus ratifié des accords commerciaux conclus avec la Corée du Sud, la Colombie et le Panama, des accords qui pourraient accroître les exportations américaines de 12 milliards de dollars (8,8 milliards d'euros) chaque année. La somme en jeu n'est certes qu'une goutte d'eau en comparaison du volume global des échanges américains, mais ce serait un sacré coup de pouce pour des entreprises comme Boeing, Caterpillar ou Oracle, à un moment où l'économie tourne au ralenti.

    Le mois de novembre verra peut-être entrer au Congrès suffisamment de républicains partisans du libre-échange pour que les trois protocoles soient approuvés. La volte-face serait particulièrement perturbante sur le plan politique si le " vénérable grand parti ", comme on appelle aussi le camp républicain, reprenait le contrôle de la Chambre des représentants. La présidence de la commission des voies et moyens, par exemple, serait retirée à un démocrate soutenu par les grands syndicats pour revenir à un républicain qui a déjà promis de s'occuper, en priorité, des fameux projets d'accords commerciaux.

    Il est moins évident que les républicains puissent prendre les rênes au Sénat, mais Max Baucus, qui préside la commission des finances de l'institution, est un défenseur du libre-échange. En outre, le rôle de chef de file des républicains serait dévolu à Orrin Hatch, considéré comme plus favorable au développement du commerce extérieur que son prédécesseur Charles Grassley. D'un autre côté, le terrain d'entente entre les deux partis est vaste dès lors qu'il s'agit de la Chine. Les promoteurs du commerce de l'un et l'autre bord se rejoignent sur l'idée qu'il faut presser davantage Pékin, tant sur le sujet du yuan que sur celui de l'ouverture du marché chinois.

    Le deuxième point importe tout spécialement aux multinationales américaines, qui sont les soutiens traditionnels du lobby du libre-échange. Le gouvernement Obama continuera certainement aussi de dénoncer les pratiques commerciales déloyales de la Pékin devant l'Organisation mondiale du commerce.

    On n'en est pas au point de déterrer la hache de guerre, mais si le chômage aux Etats-Unis se maintient à un niveau élevé pendant encore un an, il est à craindre que les hommes politiques américains n'aient d'autre choix que de faire monter la pression, au point de rendre marchés et entreprises très nerveux.

    James Pethotoukis

    (Traduction de Christine Lahuec)


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