• Les banques américaines sont loin d'être sorties de la crise

    Les banques américaines sont loin d'être sorties de la crise

     


     

    La publication des résultats montre une amélioration sur le front des créances douteuses, mais les revenus sont presque partout en baisse. Et la contestation des créanciers monte.

    La publication en série des résultats trimestriels des grandes banques américaines qui s'est achevée mercredi n'aura pas donné une image très heureuse de leur situation et de leurs perspectives. Certes les créances douteuses poursuivent leur reflux permettant le plus souvent de doper les profits sur la période. Mais cette tendance positive ne masque pas les sujets d'interrogation. Il en va ainsi de la baisse quasi-générale des revenus (à l'exception de Bank of America, stable et US Bancorp en hausse), notamment dans les métiers de financement et d'investissement. Certes, dans ce cas, les chiffres sont à comparer à une très bonne année 2009. Mais rien ne laisse penser que le redémarrage de l'économie va permettre de revenir à une forte croissance des revenus, un constat qui vaut aussi pour la banque de détail. Dans ce cas, les banques américaines doivent aussi affronter la réforme des cartes de crédit qui pèse directement sur leurs revenus. Bank of America a d'ailleurs annoncé avoir déprécié la valeur de ce métier de 10,4 milliards de dollars ! Sera-t-elle la seule à opérer cette mise à niveau ?

    En outre, la montée au créneau des investisseurs d'obligations hypothécaires vendues par les banques avant la crise et la montée en puissance du débat public sur les saisies frauduleuses de biens immobiliers ne laissent présager rien de bon pour cette période que l'on croyait être celle de l'après-crise.

    Les patrons des banques font eux-mêmes grise mine. Jamie Dimon, qui dirige celle considérée comme la meilleure élève de la classe, JP Morgan, ne plaidait pas pour l'optimisme malgré ses bons résultats la semaine dernière : « Nous estimons que les pertes liées au crédit vont demeurer à des niveaux élevés lors des prochains trimestres. Si les conditions économiques se détérioraient, les pertes liées au crédit pourraient à nouveau s'orienter à la hausse. » De son côté, le patron de Goldman Sachs, Lloyd Blankfein a estimé que « les conditions économiques risquent d'être difficiles dans plusieurs marchés importants ».

    Manque de visibilité

    Les marchés n'estiment donc pas avoir la visibilité nécessaire pour s'intéresser au secteur bancaire. Et ils le montrent très clairement depuis le début de l'année. À l'exception de Citigroup, dont le titre affiche une progression de 20 % (mais l'État est toujours à son capital) et la quasi-stabilité de Goldman (+ 1,6 %), Bank of America, JP Morgan, Morgan Stanley, US Bancorp ou Wells Fargo sont toutes en recul. Mercredi, aucun de ces établissements n'était dans le vert à mi-séance, voire carrément dans le rouge pour Morgan Stanley et Bank of America.

    Cette dernière a cristallisé, mercredi, les craintes de l'ensemble de l'industrie bancaire américaine. Car en reconnaissant avoir reçu des demandes de la part de grands institutionnels (dont la Fed de New York) visant à être remboursés d'achat d'obligations adossées à des actifs titrisés et jugés mal valorisés, Bank of America a rouvert la boîte de Pandore. Alors que les dépréciations liées au subprime semblaient en voie de résolution dans les banques américaines, le sujet revient avec force. Selon une étude de JP Morgan, la facture de ces remboursements de titres obligataires pourraient d'ailleurs encore coûter très cher ces cinq prochaines années.

    Par Guénaëlle Le Solleu


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