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Les ménages américains vont devoir réduire leur train de vie
Les ménages américains vont devoir réduire leur train de vie
Il est bien possible que le niveau de vie des Américains soit la principale victime de la crise. Car, jusqu'ici, durant dix ans, les classes moyennes ont compensé la stagnation de leur revenu en empruntant toujours davantage.
Le droit à voir son train de vie progresser tout au long de son existence n'est pas inscrit dans la Constitution américaine, mais pour la majorité des Américains, c'est tout comme. Voilà pourquoi peu de ménages ont réduit leurs dépenses alors que le revenu moyen n'a pas crû durant dix ans. Chez les foyers actifs, le revenu annuel médian est passé de 60 700 dollars en 2000 à 55 800 dollars en 2009. Et la plupart d'entre eux ont comblé la différence à grandes rasades de crédits apparemment bon marché.
Si une bonne partie de ces emprunts ont été remboursés depuis la crise financière ou passés par pertes et profits à l'occasion de la défaillance de nombreux débiteurs, la dette des ménages représente encore 123 % de leur revenu annuel disponible : un niveau très élevé, car même à la folle époque des années 1980, le pourcentage n'avait pas dépassé 85 %.
Faire baisser ce chiffre ne sera pas un mince exploit. Au rythme où les Américains épargnent en ce moment - près de 6 % de leur revenu disponible -, il faudra quatre ans pour ramener la dette des ménages au niveau de 100 % de leur revenu annuel disponible. Et on sera alors encore loin d'avoir reconstitué la perte de patrimoine net de 10 700 milliards de dollars constatée depuis 2007.
Dans ces conditions, on voit mal comment les Américains pourraient éviter de se serrer la ceinture au cours des dix prochaines années. La progression des salaires risque fort de jouer aussi peu que pendant les dix dernières. Il semble qu'en se faisant plus féroce la concurrence internationale ait rompu la corrélation familière entre gains de productivité et augmentation des salaires. Et l'ampleur du chômage n'arrange rien.
Stigmate social
Cette fois, la plupart des Américains ne pourront pas, ou ne voudront pas, avoir recours à ce même expédient du crédit pour se procurer l'argent qui leur manque. Des patrimoines immobiliers moins importants ont amputé leur capacité de garantie pour un emprunt. La mise en faillite n'est pas non plus une bonne solution, parce qu'elle empêche par la suite tout accès au crédit.
Reste l'option de l'inflation. Les Etats-Unis comptant bien plus de débiteurs que d'épargnants, lâcher les prix serait peut-être la façon la plus acceptable politiquement de s'attaquer à la valeur réelle de la dette. Evidemment, même dans ce cas de figure, la situation des classes moyennes resterait très dépendante de l'évolution des salaires. Le train de vie des Américains ne devrait donc pas échapper à la stagnation, voire à la régression.
Christopher Swann
(Traduction de Christine Lahuec)
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