• Moscou lance une vague de privatisations sans précédent depuis les années 1990

    Moscou lance une vague de privatisations sans précédent depuis les années 1990

    Le Kremlin espère lever 22,4 milliards d'euros pour rééquilibrer les finances publiques du pays
    Moscou Correspondance
     

    C'est le " plus important " programme de privatisations depuis les années 1990, selon la presse économique russe. Pour réduire un déficit budgétaire né de la crise économique et de la baisse du prix des ressources naturelles, notamment du gaz et du pétrole, Moscou a précisé, mercredi 27 juillet, le projet de privatisation partielle d'une dizaine de grandes entreprises d'Etat qui avait été évoqué quelques jours auparavant par des responsables du ministère des finances.

    Selon le ministère du développement économique, le plan devrait rapporter au Trésor russe 298 milliards de roubles (7,6 milliards d'euros) dès l'année prochaine, pour un total de 883 milliards de roubles (22,4 milliards d'euros) à la fin du processus en 2013.

    Onze entreprises devraient être partiellement privatisées lors de cette vente d'actifs, dont les modalités seront connues au courant de l'automne. Parmi celles-ci se trouvent notamment le géant pétrolier Rosneft, le producteur d'électricité Rushydro ainsi que les banques VTB et Sberbank, cette dernière étant l'équivalent russe des Caisses d'épargne.

    Selon les informations diffusées par la presse russe en début de semaine, l'entreprise pétrolière Transneft, la banque agricole Rosselkhozbank, la compagnie de transport maritime Sovkomflot et l'agence de crédit hypothécaire AIJK seraient également concernées, mais les autorités n'ont pas confirmé leur présence dans la " liste " soumise au gouvernement russe pour approbation.

    La plus grande entreprise de transport ferroviaire au monde, les Chemins de fer russes " RJD " (1,3 million d'employés), a été un temps évoquée, mais resterait finalement à 100 % dans le giron de l'Etat.

    Pour toutes les entreprises impliquées dans ce nouveau processus de privatisation, la participation du secteur privé ne devrait cependant pas dépasser les 30 %, l'Etat se réservant le contrôle, en dernier lieu, de ces acteurs stratégiques de l'économie nationale.

    Objectif avoué du plan de privatisation : utiliser les sommes ainsi dégagées pour ramener le déficit budgétaire du pays, estimé à 5 % pour l'année en cours, à 4 % en 2011, 3 % en 2012 et 2 % l'année suivante. Mardi, le ministre des finances, Alexeï Koudrine, annonçait que l'objectif du gouvernement russe était de retrouver un budget équilibré à compter de l'année fiscale 2015.

    Fortement touchée par la crise économique et la chute des prix pétroliers, la Russie renoue avec la croissance depuis cette année. Le produit intérieur brut (PIB), qui avait chuté de 7,9 % en 2009, devrait connaître une hausse estimée à 4 % en 2010, grâce notamment à un deuxième trimestre favorable, avec un PIB en hausse de 5,4 % par rapport à la même période de l'année dernière.

    Les marchés boursiers ont bien accueilli l'annonce de cette vague prochaine de privatisations, la première depuis l'entrée en Bourse de la banque VTB, en 2007.

    Mais le pays, qui a connu des vagues de privatisations " sauvages " à la suite de l'effondrement de l'économie soviétique dans les années 1990, observe également avec méfiance toute annonce de privatisations massives. La presse économique s'inquiète de la vente " au rabais " des parts de ces géants de l'économie nationale. Le quotidien des affaires Vedomosti estime ainsi à 40 milliards d'euros la valeur réelle des actifs potentiellement mis en vente pour les seules entreprises du domaine de l'énergie, et s'interrogeait sur l'origine des investisseurs intéressés par une éventuelle participation dans ces grands groupes d'Etat.

    " Espérons que les appel d'offres seront honnêtes, et ouverts à tous - notamment aux investisseurs étrangers ", concluait, dans son éditorial, le quotidien des affaires.

    Alexandre Billette


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