• Pourquoi ne serait-ce pas Noël toute l’année ?

    Pourquoi ne serait-ce pas Noël toute l’année ?

    Par Paul jorion

    Un des vers du vieux chant de Noël anglais « We wish you a merry Christmas », se demande : « Why can’t we have Xmas the whole year around ? » : « Comment se fait-il que nous ne puissions pas avoir Noël toute l’année ? » Et c’est effectivement une excellente question. Et si on la comprend au sens « Pourquoi l’esprit de Noël ne règne-t-il pas en permanence ? », on peut très bien l’extraire de son cadre purement chrétien pour en faire une question beaucoup plus générale dans laquelle chacun peut se reconnaître, quelle que soit sa religion, voire même s’il n’en a pas du tout.

    Ce à quoi l’on pense alors, c’est à la générosité, à la fraternité, à la compassion, qui transparaissent dans le « Aimez-vous les uns les autres » ou dans « Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ».

    Alors, pourquoi pas Noël toute l’année ? Deux facteurs contribuent à l’empêcher. Le premier, c’est la difficulté de la mise en application – même avec la meilleure volonté du monde. Voyez les églises qui véhiculent ces messages, elles n’y ont manifestement toujours rien compris ! Le second facteur, ce sont les forces qui dénoncent ces messages comme des niaiseries. Elles véhiculent elles – au contraire – une représentation de l’homme dont la nature profonde est viscéralement incompatible avec la générosité, la fraternité et la compassion. Et elles soulignent la vanité de vouloir mettre ces valeurs au centre de nos vies.

    Cette représentation qui s’oppose à l’esprit de Noël, on la connaît, c’est celle que symbolise le fameux Homo oeconomicus. Aucune place pour les autres au sein de son univers, où chacun poursuivant son propre intérêt en minimisant ses coûts, contribue – en principe – au bien-être général. Dans ce cadre du chacun pour soi, l’Homo oeconomicus se considère comme constituant un « capital humain » – c’est tout dire !

    Où sont les temps bénis où il allait de soi que le « juste prix » était celui où le marchand exerçait sa retenue dans la recherche du profit ? Nous avons oublié la retenue, comme d’ailleurs tous les autres bons sentiments : le « juste prix » n’a plus aucun rapport avec le sentiment de justice : c’est l’agression de tous contre tous – ce qu’on a coutume d’appeler la « concurrence » – qui contient désormais le profit dans des limites raisonnables ; c’est-à-dire l’effet combiné de la recherche par chacun de son propre avantage, sans aucun souci des autres.

    « Comment se fait-il que nous ne puissions avoir Noël toute l’année ? » Parce que la générosité, la fraternité et la compassion, qui n’avaient autrefois comme ennemie que l’ignorance, se sont trouvées aujourd’hui un adversaire beaucoup plus formidable en la personne de la « science » économique. « Science » entre guillemets – précisons-le quand même !


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